François Eugène Isidore Louis Angibaud
est né le 23 mai 1886 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique (44))
Il appartient à une famille ancienne et honorablement connue en Vendée : lors de la Révolution, son ancêtre François Angibaud, sieur de la Morinière, capitaine royaliste de Beauvoir sur mer et son frère, Prosper, aide de camp du Général Charrette sont exécutés le 20 Avril 1793 aux Sables d’Olonne par décision de la Convention pour être restés fidèles au Roi. Plus tard, la famille s’installe à Saint-Nazaire. C’est là que naît François Angibaud, au foyer de François Angibaud, charpentier de marine surnommé « Le colosse » et de Françoise Meignen, lingère.
A cette date, Saint-Nazaire qui n’était, au début du siècle, qu’un petit port, connaît, sous Napoléon III, un essor important avec, en 1856, la construction d’un premier bassin qui va en faire le port avancé de Nantes où les gros navires ne peuvent accéder. En 1862, la création de la ligne postale transatlantique vers l’Amérique centrale va amener la création des premiers chantiers navals. 1881 est marqué par la construction du second bassin, celui du Penhoet, il faut mettre en place des centres de formation pour les ouvriers recrutés, la population s’accroit à tel point qu’on appelle cette région la petite Californie bretonne , c’est à cette époque aussi que Saint Nazaire acquiert la réputation de « ville rouge » suite à une grève dure aux forges de Trignac.
François passe son enfance rue du Bois Savary en compagnie de ses deux sœurs, l’aînée, Françoise et Louise, la benjamine. Très vite, la mer se révèle être sa passion et dès 16 ans, il embarque en tant que mousse à bord du vapeur ῍Basse Indre῍ puis sur divers navires de commerce pour apprendre le dur métier de chauffeur et de soutier. Cette spécialité consiste à passer de longues heures devant les machines pour les alimenter en charbon et vérifier leur bon fonctionnement.
En 1906, à l’âge de vingt ans, il intègre les bâtiments de l’Etat pour effectuer son service militaire. Après quelques séjours au dépôt de Lorient, pour compléter sa formation, durant trois ans, de février 1907 au 20 janvier 1909 il navigue sur le croiseur "Catinat" de " la division navale du Pacifique " de juin à septembre 1909 sur l’aviso-torpilleur "Lance", du 1er mars 1910 au mois de juillet 1910 sur le navire école des canonniers "Tourville" à Toulon. Puis il embarque sur le croiseur cuirassé "Bruix "et enfin sur le tout nouveau contre-torpilleur "Voltigeur".
En 1910, il retrouve la vie civile et inscrit maritime définitif, il exerce à nouveau son métier de chauffeur. Il reprend ses navigations sur les navires de commerce. L’année suivante, son père décède, il suit sa mère qui va s’installer à Machecoul où réside une de ses soeurs.
Fin juin 1914, il embarque sur le bâtiment de transport postal "El Kantara" à destination de Saigon. Mais à son arrivée, la situation internationale est déjà très tendue, l’armée réquisitionne le bâtiment pour transporter l’artillerie, il regagne la France.
François est mobilisé dans la marine de guerre, en octobre 1914. Il embarque sur le "Bouvet "où il sert en qualité de chauffeur. Le bâtiment a quitté la France pour soutenir les soldats français et anglais vers les Dardanelles où un deuxième front a été ouvert. En effet la guerre des tranchées fige les soldats franco-britanniques sur le front à l’est de la France. Les Russes subissent défaites sur défaites sur le front oriental, le détroit des Dardanelles est le seul endroit par lequel les flottes française et anglaise peuvent porter secours à leur allié russe. Mais le détroit est solidement tenu par les Turcs alliés de l’Allemagne et de l’Autriche.
François Angibaud, par courrier, fait part à sa mère et à sa sœur des dangers qu’il doit affronter et des craintes qu’ils lui inspirent. Le 18 mars 1915, le "Bouvet" participe, avec des bâtiments anglais, à un combat pour forcer le passage vers la mer Noire. Mais les canons turcs, de Tchanak en particulier, bombardent les bâtiments qu’ils endommagent. Décision est prise de battre en retraite. Il est 11h 58, le" Bouvet "entame sa manœuvre de repli mais la mer est truffée de mines dérivantes placées là par les forces ottomanes. Une énorme explosion se fait entendre, la salle des machines est envahie par l’eau de mer. François Angibaud et ses compagnons comprennent très vite que le bâtiment va sombrer. Il coule en quelques minutes. 75 hommes seront sauvés mais on compte 648 disparus et parmi eux François Angibaud âgé de seulement 29 ans. Son nom ne figurera ni sur le monument aux morts de Saint- Nazaire ni sur celui de Machecoul.
Il reçoit néanmoins à titre posthume la croix de guerre le 18 novembre 1921
Mais un siècle plus tard, cet oubli est effacé. Le centre d’instruction de Saint-Mandrier dans le Var qui forme les quartiers-maîtres et matelots de la flotte va honorer sa mémoire en décidant que la session 2015-2016 portera le nom de "Promotion matelot François Angibaud "
La municipalité de Machecoul lui rend hommage le 11 novembre 2018 lors d’une cérémonie en présence des autorités civiles et militaires et de l’arrière-petite nièce du marin en dévoilant une plaque sur laquelle figurent les noms des combattants morts pour la France qu’on avait oubliés.
- Médaille Militaire
Cette biographie doit beaucoup à Monsieur Didier Besseau, lieutenant de vaisseau réserviste, médiateur du patrimoine aux archives départementales de Loire Atlantique et à son livre :
« Quatre marins dans la Grande Guerre » éditions de la Chouette de Vendée
Bouvet
Le "Bouvet", cuirassé construit à Lorient en 1892, est intégré pendant la guerre 1914-1918 dans l'escadre de l'amiral Guépratte.
En 1914, le cuirassé d'escadre "Bouvet"faisait partie de la division de l'amiral Guépratte, qui comprenait également les cuirassés "Charlemagne", "Gaulois" et "Suffren