Louis Joseph Marie Arzel
est né le 25 mai 1906 à Ploudalmézeau (Finistère (29))
Fils de Yves, marin pêcheur, et de Julie Salou, cultivatrice, Louis naît le 25 mai 1906 au domicile familial situé au lieu-dit "Kerdéniel", près du port de Portsall, en Ploudalmézeau dans le nord Finistère.
Louis embarque dès la fin de sa scolarité sur les bateaux de pêche du port de Portsall en qualité d’inscrit maritime provisoire. A l’âge de dix-huit ans, devenu inscrit maritime définitif, il navigue à la petite pêche sur les sloops "Saint-Joseph" et "la Charmeuse".
Le 25 mai 1926, il est incorporé au "2e dépôt" de Brest pour effectuer son service militaire. Après des classes de courte durée, le jeune matelot est désigné sur les cuirassés "Diderot" en juin puis "Condorcet" en janvier 1927. Le 11 avril suivant, il rallie l’aviso "Régulus" en partance de Toulon vers l’Indochine, le Japon et la Chine.
De retour en métropole en février 1928 au "5e dépôt" de Toulon, il rejoint le "2e dépôt" fin mars. Après deux ans de services militaires, il est rendu à la vie civile le 25 mai 1928.
Il reprend son métier de marin pêcheur et navigue à bord des sloops "la Reine des mers" puis "la Charmeuse".
Le 17 mai 1931, à Ploudalmézeau, Louis épouse Marie Françoise Salou.
La montée du fascisme en Allemagne et en Italie crée des tensions internationales qui entraînent les Armées à mobiliser de temps à autre leurs réservistes. C’est ainsi qu’il est appelé pour deux périodes de mobilisation au "2e dépôt", la première entre le 14 avril et le 16 mai 1939 et la seconde entre le 2 septembre 1939 et le 27 janvier 1940.
Après cette dernière, il retourne travailler sur "la Charmeuse". Et c’est à bord que le 22 mai 1942, victime d’une mine magnétique au large de Porstall, Louis disparaît en mer en compagnie d’Yves Marie Arzel (voir biographie sur ce même site).
Sur cette côte bretonne où il n’y a pas de possibilité de débarquement, les mines magnétiques sont pour les Allemands une protection contre les bateaux anglais qui auraient voulu approcher.
Marie-Michèle Kebbouche, fille de François Le Gall de Portsall, a relaté les évènements survenus le 22 mai 1942 dans le livre "Vie quotidienne dans le pays de Ploudalmézeau de 1939 à 1945" de la fédération départementale des clubs des aînés ruraux du Finistère, secteur "Mouez-Ar-Mor", dont voici quelques extraits :
" Nous habitions rue du Stréjou. Mon père était marin de commerce. Nous vivions bien ; sans être riches, nous n’avions pas de problèmes d’argent. Mon père, qui avait 40 ans en 1939, a été mobilisé mais pas pour longtemps puisque les hommes ont été renvoyés à la maison. J’entends encore ma mère lui dire : "il ne faut plus repartir dans la Marine marchande, c’est trop dangereux, reste donc faire la pêche ici avec les autres. Au moins, ce sera plus sûr ! ".
Mon père s’est mis à faire la pêche avec le frère de son beau-frère. Leur bateau s’appelait "la Charmeuse" et, comme les autres, il marchait à la voile pour économiser l’essence.
C’était le 22 mai 1942, j’avais quinze ans. Mon père était parti en mer mettre des casiers avec le fils du patron et un autre jeune. Le patron du bateau était parti à l’enterrement d’une tante.
C’était bizarre, il faisait très beau et chaud, le ciel était bleu, la mer était haute et je me demandais ce que j’avais à être triste, sans raison. J’ai entendu un grand bruit en mer et j’ai dit : "encore une mine !". C’était un bruit que l’on entendait souvent.
Ma mère est rentrée de l’enterrement. Quelque temps plus tard, la camionnette du mareyeur s’est arrêtée devant la fenêtre de la maison et j’ai dit : "Oh ! Papa qui est mort dans la voiture, sur les genoux de tante Victoire !" (il était en fait gravement blessé et survivra à ce drame).
Le bruit que j’avais entendu, c’était "la Charmeuse" qui avait sauté sur une mine, à côté du phare de Corn Carhai. Les autres pêcheurs des alentours avaient vu l’explosion. Le bateau avait été projeté en l’air, très haut, et en retombant sur l’eau, il s’est fracassé et cela a fait un tourbillon, comme un entonnoir disait mon père. Mon père a enlevé ses sabots sous l’eau, a vu un point qui brillait et s’est dit que ce devait être le soleil, il a nagé dans cette direction. En arrivant à la surface, mon cousin et son neveu l’ont repêché. Ils n’ont jamais trouvé les autres, les deux jeunes. Mon père a toujours dit que c’était l’orin du casier qui avait dû toucher la mine. L’horreur, c’est qu’à cause de l’explosion il y avait une quantité de poissons morts et il y en a un qui est venu les ramasser.
La mère d’un des deux jeunes disait après : "Je ne peux plus regarder la mer. Je ne peux plus regarder ce phare".
Charmeuse
La Charmeuse était un petit bateau de pêche de type sloop jaugeant 3,96 tonneaux.
Construit en 1924 à Carantec pour le compte de Joseph Arzel de Portsall, il marchait uniqueme...