Pierre Lallemand
est né le 16 avril 1923 à Pouxeux (Vosges (88))
Pierre Jean voit le jour dans la ferme familiale au lieu-dit Génemont en Pouxeux (Vosges 88). Il est le fils de Prosper, cultivateur (39 ans) et de Marie Claire Léa Mathieu, sans profession (30 ans).
Second d’une fratrie de cinq qui comprend deux garçons et trois filles, Pierre s’épanouit dans cette commune des Vosges de 1900 habitants, distante de 16 km d’Epinal. Scolarisé dans la commune de Pouxeux, son certificat d’études en poche, il s’engage comme son frère aîné, non pas dans l’Armée de l’Air, comme ce dernier, mais dans la Marine Nationale. Les deux garçons aînés de la famille doivent aider leurs parents financièrement car la petite ferme ne nourrit plus la famille nombreuse.
Ainsi donc le 11 mars 1942, il s’engage pour trois ans à Epinal. Ses classes effectuées au "5è Dépôt des équipages de Toulon" sous le matricule 6302-T-42 il rallie "La Garde" à Toulon pendant trois mois où il reçoit sa formation de canonnier. Brillamment sorti de sa spécialité le 11 juillet 1942, il choisit la "Direction du port de Casablanca" mais 10 mois plus tard le voilà embarqué le 21 mai 1943 sur le pétrolier ravitailleur "Nivôse". Ce bâtiment vient d’effectuer un long périple entre Saïgon et Dakar sans avoir vu d’ennemi. Mais le 11 novembre 1943, il est détruit en Méditerranée, mitraillé et torpillé par des avions allemands. Il coule en moins de trente minutes. Fort heureusement Pierre, comme tout l’équipage, est sauvé. Dès le lendemain, Pierre se retrouve à nouveau embarqué, jusqu’au 1er janvier 1944, sur le cuirassé "Jean Bart " qui achève sa transformation en cuirassé anti-aérien à Casablanca.
Après trois mois passés début 1944 à Norfolk (USA) pour prendre en main le destroyer d’escadre "Hova" livré à la France le 18 mars 1944, Pierre participe à son bord au transit transatlantique puis au débarquement en Provence le 15 août 1944 au sein du "Groupe d’escorte et de contrôle des convois". Cette affectation d’une durée de 4 ans lui apprend ainsi la vraie vie en unité et c’est pourquoi très motivé, il rengage pour deux ans à compter du 11 mars 1945. C’est aussi dans ce créneau en 1946 qu’il est spécialisé Brevet élémentaire canonnier et promu quartier-maître de deuxième classe. Ses excellents états de service l’autorisent à demander un nouveau contrat de trois ans à compter du 11 mars 1947.
Tandis que la guerre d’Indochine est déclarée, il rallie le 1er mars 1948 les "Forces Amphibies d’Indochine du Nord" (FAIN). Il embarque sur le "LCT 1329" en 1949 comme quartier-maître de 1ère classe, puis sur le "LCT 1226" jusqu’au 11 avril 1950. Après ces deux années coloniales, intensives et dangereuses, Pierre parfaitement satisfait de son métier et reconnu de ses pairs, signe pour un nouveau contrat de trois ans à compter du 11 mars 1950. Il met son sac à terre pendant six mois au "5ème Dépôt des équipages de Toulon". Ensuite il embarque sur le croiseur léger "Guichen" (cédé par la marine italienne comme dommage de guerre) qui est transformé en escorteur d’escadre. Son activité consiste alors en une refonte puis une intégration comme bâtiment amiral en Méditerranée. Mais la guerre fait toujours rage en Indochine et le 1er janvier 1951, il rejoint de nouveau la "Base Navale de Haïphong" où il intègre la "division navale d’assaut" (Dinassaut 3). Nommé au commandement du "LCM 103" il décède le 3 mars 1952 en opérations sur le Fleuve Rouge, alors qu'il vient de disposer des armes automatiques pour la défense de troupes à terre. Il reçoit la citation suivante :
"Tombé au Champ d'Honneur, face à l'ennemi, le 3 mars 1952 devant le poste de Vu Diem (Fleuve Rouge) alors qu'il veillait lui-même à la disposition d'un fusil mitrailleur protégeant son engin pris sous le feu des armes automatiques ennemies. Magnifique exemple de froid courage et d'abnégation, a su inculquer à son équipage les plus hautes qualités militaires et patriotiques".
Entre deux séjours en Indochine naît en octobre 1951 ce petit garçon prénommé Jean-Pierre qui ne connaîtra jamais son papa. Adopté par la nation le 17 juin 1953, il voit sa maman travailler dur dans la filature pour subvenir à leurs besoins. Ils peuvent compter aussi sur l’aide de sa famille. Elle ne s’est jamais remariée.
Pierre décède à 28 ans,il totalise 10 ans de service effectif dont la plupart embarqué.
Il est décoré des médailles : coloniale extrême orient, militaire et croix de guerre Indochine avec palme. Pierre est également cité à l’ordre de l’armée de mer (décision du 9/10/1952).
Son nom figure sur le monument commémoratif départemental de la guerre d’Indochine à Epinal (88) et au mémorial des guerres d’Indochine à Fréjus (83)
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre TOE avec étoile
- Médaille Coloniale - Extrême-orient
- Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer
LCM 103