Cérisoles - Chalutier
Le chalutier Cérisoles avait été construit au chantier naval Great Lakes Dredging & C°, entre juin et septembre 1918. De type Navarin, il était le neuvième d’une série qui comptait douze exemplaires. Le chantier naval était situé dans l'État de l'Ontario au Canada à Thunder Bay (ville formée par Fort William et Port Arthur), au nord du lac Supérieur sur cette grande voie fluviale et maritime utilisée pour le transport de marchandises entre les territoires de l'ouest et la côte est, à travers les grands lacs et le fleuve Saint-Laurent.
Les chalutiers type Navarin avaient les caractéristiques suivantes :
- déplacement 351 tonnes ; jauge brute 150 tonnes ;
- dimensions : longueur : 41,29 m, largeur : 6,85 m, tirant d'eau : 3,85 m ;
- propulsion : une hélice entraînée par une ligne d'arbre et une machine alternative à vapeur à triple expansion de 500 cv.
Pour pouvoir être utilisé en tant que patrouilleur et dragueur de mines, le chalutier avait été doté d'une artillerie formée deux canons de 100 mm : l'un sur une plate-forme, au niveau de la plage avant, et l'autre sur une autre plate-forme, au-dessus de la plage arrière.
Début novembre 1918, trois équipages placés sous l'autorité du lieutenant de vaisseau de réserve Leclerc, étaient partis du port de Brest prendre livraison de trois chalutiers armés: le n°10 Sébastopol, commandé par le LV Leclerc, le n°9 Cérisoles, commandé par le premier maître Deudé, et le n°12 Inkerman commandé par le premier maître Mézou.
La mission était déjà arrivée à Thunder Bay alors que l'armistice de la guerre contre l'Allemagne venait d'être signé le 11 novembre. Les ordres avaient été donnés pour que les bâtiments soient malgré tout livrés. Mais les canons et les munitions devaient être déposés à Boston, port de l'État du Massachusetts (USA).
Après les essais du bâtiment et la réception des fournitures, le convoi des trois bâtiments appareilla de Thander Bay le 23 novembre par beau temps à destination du port de Boston sur l'Atlantique nord. Ce trajet long d'environ 2000 km comprenait la traversée des grands cinq lacs : Supérieur, Huron, Éric, Saint-Clair, et Ontario. Le convoi devait faire une première escale à Sault-Sainte-Marie, ville située sur la rivière Sainte-Marie à la frontière américano-canadienne puis passer les écluses avant de rejoindre le lac Huron.
Le convoi devait ensuite rallier le port de Détroit puis entrer dans le lac Saint-Clair, avant d'atteindre le port de Buffalo dans l'état du Michigan. Les trois bâtiments devaient ensuite traverser les lacs Éric et Ontario avant d'arriver à Boston.
Le 23 novembre 1918, à midi, le convoi des trois bâtiments appareille par beau temps de Thender Bay sous le commandement du LV Leclerc, commandant du Sébastopol, pour gagner la mer, avant la venue des glaces. Vers 17 h, au coucher du soleil la bise se leva et la mer devint clapoteuse, la route des bâtiments fut alors déviée vers la terre la plus proche. A 19h, le vent de plus en plus fort, soufflait en tempête et soulevait une mer haute escarpée et déferlante.
Le Sébastopol mit à la cape, et fit route sur la terre dont il n’était plus très éloigné. Malgré la violence du vent et de la houle les trois bâtiments naviguaient de conserve, chacun d'eux donnant par son énergie l'exemple aux autres. Mais à 11h du soir par suite d'une fausse manœuvre le "Sébastopol" vint en travers de la houle et couvert par les lames se coucha sur le flanc. Peu à peu le bâtiment se redressa mais l'eau qui avait pénétré en abondance dans la machinerie rendait la situation périlleuse. Vers minuit le « Sébastopol » fut contraint de fuir devant la tempête, et s’éloigna donc de la terre. Le Cérisoles et l'Inkerman avaient continué leur route vers la terre. A minuit les 2 bâtiments paraissaient avoir gagné la zone abritée par la terre ; ils firent route pour doubler la pointe de Manitou et y chercher un mouillage pour y attendre l'accalmie. C'est dans ces conditions que les marins du Sébastopol virent disparaître leurs feux de route à minuit et demi pour l'Inkerman, et à une heure du matin du 24 novembre pour le Cérisoles. A partir de ce moment l’Inkerman et le Cérisoles ne donneront plus aucun signe de vie ; aucun signal lumineux, sonore ou de télégraphie sans fil ne permettra de préciser l'heure et la position de leur disparition. Ce naufrage fut attribué à une probable insuffisance de stabilité des deux navires.
Le Sébastopol avait pu poursuivre sa route vers Boston et rentrer ensuite à Brest.
La Marine nationale avait déclaré la perte des bâtiments Cérisoles et Inkerman, perdus corps et biens.
A la suite de ce naufrage, les neuf autres chalutiers furent désarmés à Boston.
Sources :
- dictionnaires des bâtiments de JM La Roche
- forum Page 14-18 Cérisoles :
- photos postées par Randy (kajakker)
https://www./24-novembre-1918-le-mystere-de-l-inkerman-et-du-cerisoles-873.php