Dépôt de Paris - Unité

Centre-Marine-La-Pepiniere

Dans chaque région maritime existait une caserne, appelée dépôt des équipages, qui accueillait les marins débarqués de leur unité pour une raison ou une autre, ou en instance d’embarquement. Les dépôts des équipages étaient numérotés selon leur région maritime d’implantation : 1er dépôt à Cherbourg, 2e dépôt à Brest, 3e dépôt à Lorient etc… A Paris, c’est la caserne de la Pépinière qui a joué le rôle de dépôt même si cette mission était un peu différente de celles des autres dépôts en région maritime.

La caserne de la Pépinière, aussi appelée jadis « caserne de la Pologne » en référence à la Petite-Pologne, est construite par Claude-Martin Goupy en 1763, pour servir de casernement aux Gardes françaises, puis largement reconstruite au XIXe siècle La caserne, se situait entre la rue de Laborde, au nord, la place Saint Augustin, et la rue de la Pépinière.  La caserne est en grande partie démolie 1925 pour laisser place à l'immeuble du cercle national des armées, dont l'entrée se fait sur la place Saint-Augustin. Les bâtiments non détruits sont vendus en 2014 par la marine nationale. Tous les marins en transit par la capitale, avant départ en campagne par exemple ou au retour de celle-ci, se devaient de passer par la pépinière pour enregistrement et dernières formalités.

Parfois, ces casernes, qui en général étaient d’imposants bâtiments, à l’architecture caractéristique du 19e siècle, abritaient aussi un centre de formation maritime, c’était le cas au dépôt de Brest. Le séjour des marins en ces lieux pouvait varier de quelques jours à quelques semaines, aussi de nombreux services et loisirs étaient mis à leur disposition.

Le dépôt des équipages hébergeait également une prison où les marins indisciplinés, débarqués de leur bâtiment pour l’occasion, y effectuaient leur peine sous la surveillance de leurs congénères.

                                            

Dans l’ouvrage « La mer à boire », l’écrivain Michel de Saint Pierre décrit ainsi le dépôt des équipages : « Au dépôt. Tous ces gens allaient, venaient, se croisaient sans se connaître, comme des barques dans la brume, faisaient une brève escale dans cette caserne et disparaissaient. Une société éphémère et constamment renouvelée dormait là, mangeait là, rêvait là, dont les membres ne s’occupaient guère les uns des autres. Il existe chez les marins une sorte d’indifférence, épanouie dans le sourire vague et la sérénité un peu hautaine que l’on rencontre à tous les degrés de la hiérarchie. Les gens de mer partent volontiers. Ils font profession d’absence. Le domaine bien clos du 5e dépôt des équipages de la flotte n’y pouvait rien, et ses murs de craie et de chaux vive semblaient moins odieux d’être ainsi battu par un grand ressac d’hommes en fuite. »

Texte repris par Jean Randier dans « L’éperon et la cuirasse », éditions de la cité, 1972, page 141.

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