Xavier Grall
est né le 01 septembre 1907 à Landévennec (Finistère (29))
BIOGRAPHIE de Xavier GRALL (1907 - 1940) Etablie d'après les informations recueillies par son fils Hervé Grall, l’Ingénieur Mécanicien en Chef de Ière classe Albert Borey et le Capitaine de Vaisseau Bernard Jacquet
Xavier Grall naît le 1er septembre 1907 à Landévennec, petit port de la rade de Brest, devenu au début du XIXème siècle une station maritime accueillant les navires de la flotte de réserve et les marins et leurs familles y sont donc nombreux. C'est à Landévennec que sa mère, Jeanne Huon rencontre Henri Grall et l'épouse en 1905. Jeanne est la fille d'un premier maître mécanicien, François-Xavier Huon, ancien compagnon du tour de France puis engagé dans la marine et venu se retirer à Landévennec. Henri est le fils de Mathieu Grall, premier maître fusilier, habitant également le village. Henri a servi aussi dans la marine et termine sa carrière comme premier maître fourrier, après avoir participé à des campagnes en Chine, aux Dardanelles, en Mer Noire. Ils ont bourlingué sur toutes les mers du monde et Xavier, dont l'enfance fut bercée des récits de ces marins, était donc quelque peu prédestiné à poursuivre cette tradition, dans une famille dont les antécédents maritimes remontent au moins à la Révolution.
Ce n'est pas un hasard si son oncle Emile Grall, charpentier de marine, lui construit un petit cotre aurique, et c'est sur ce navire en bois demi-ponté, qu'apprend à naviguer, sans moteur, au ras des cailloux qu'il connaît comme sa poche, à la découverte de l’infinie variété des mouillages finistériens de Concarneau à l'Aber-Wrac'h en passant par le Raz de Sein ou le chenal du Four. Cette pratique, peu fréquente à l'époque, lui vaudra 'd'être remarqué plus tard lorsqu'il entrera dans la marine et il partagera sa passion avec son épouse qu’il initiera aux joies de cette navigation spartiate mais tellement enthousiasmante.
Enfant, Xavier fréquente l'école communale de Landévennec, puis l'école des frères de Recouvrance à Brest, enfin l'école Chevrollier de Nantes afin de préparer le concours d'entrée à l'école nationale d'Arts et Métiers. Il entre à l'école d'Angers en 1924, à dix-sept ans. Il y trouve une camaraderie et un esprit de solidarité incomparables qui l'accompagneront toute sa vie et même au-delà.
A sa sortie, en 1927, ses brillants résultats lui permettent d'entrer sans concours à l'Ecole Navale, et plus précisément, en raison d'une acuité visuelle insuffisante, à l'Ecole des Ingénieurs Mécaniciens de la Marine (EIMM). Cette promotion de l'EIMM compte 44 élèves dont 37 sont Gadzarts, et Xavier est le plus jeune d'entre eux admis sans concours. C'est à l'EIMM qu'il rencontre Albert Borey, qu'il retrouvera plus tard dans des circonstances tragiques. Xavier montre rapidement ses qualités de marin et, bien que mécanicien, est affectueusement surnommé par ses camarades « le bosco ».
Nommé ingénieur mécanicien de troisième classe (un galon) le 15 septembre 1929, il embarque sur le croiseur léger (8000 tonnes) "PRIMAUGUET", puis sur le "DUGAY-TROUIN", du même type, sur la "PROVENCE", son premier cuirassé, le torpilleur de 700 tonnes "HOVA" et le contre-torpilleur "BISON". A cette époque il aurait eu la réputation d'agacer ses commandants en apparaissant plus que de coutume, pour un officier mécanicien, à la passerelle des navires. L'un d'eux lui aurait même laissé réaliser la manœuvre d'accostage du bâtiment. Xavier reçoit son deuxième galon (ingénieur mécanicien de deuxième classe) le 1er octobre 1931 et embarque à bord du croiseur "DUPLEIX» alors en essais à Lorient et c'est en 1933 qu'il rencontre sa future épouse Herveline Corre. Elle est aussi, mais comment aurait-il pu en être autrement - la fille d'un ancien marin, Hervé Corre, qui a terminé sa carrière comme gestionnaire de l'Hôpital Maritime à Brest et de Marianne Savina, institutrice.
En 1934 il embarque à bord du cuirassé "BRETAGNE", futur martyr de Mers el-Kébir. Promu en 1936 ingénieur mécanicien de première classe, Xavier Grall devient le chef du service machines du torpilleur de 610 tonnes "LA FLORE" en construction à Nantes, puis en essais à Lorient. Sous les ordres du lieutenant de vaisseau (et futur amiral) Paul Ortoli, "LA FLORE" naviguera en Méditerranée en participant aux opérations de surveillance de l'embargo pendant la guerre d’Espagne. Il débarque pour revenir à Brest, en tant qu'instructeur à l'Ecole Navale qui vient de s'installer dans les fastueux bâtiments tout juste construits à Laninon.
A la déclaration de la guerre il est affecté à la batterie côtière de Toulbroc'h, à l'entrée de la rade de Brest. Si cette affectation lui permet une vie familiale agréable, elle ne correspond pas à sa volonté profonde. La lecture des lettres qu'il écrit à l'époque montre que ce n'est ni par un quelconque romantisme, ni par un militarisme exacerbé que Xavier Grall demande une affectation plus proche de l'action. Il a parfaitement compris que cette guerre n'est pas seulement un enjeu territorial comme en 1914, mais un enjeu de civilisation, un choix de société entre totalitarisme et démocratie. Avec l'accord de son épouse qui attend leur troisième enfant, il demande à reprendre du service à la mer et embarque ainsi à bord du navire amiral de la Flotte de l'Atlantique, le "DUNKERQUE", où il est placé sous les ordres de l'ingénieur en chef Henri Egon et où il retrouve son camarade Borey. La Flotte de l'Atlantique est commandée par l'amiral Gensoul et compte parmi ses unités, des bâtiments de ligne de la Royal Navy, en particulier le croiseur de bataille "HOOD" : 42 000 tonnes, 4 tourelles doubles de 381 millimètres. L'escadre franco-britannique demeure très active en Atlantique nord durant la « drôle de guerre », patrouillant au cours de l'hiver 1939 afin d'empêcher les raids des cuirassés de poche allemands. Au cours de ce même hiver, le "DUNKERQUE" transporte l'or de la Banque de France jusqu'à Halifax avant de revenir sur Brest au printemps, un bref passage au cours duquel Xavier GRALL assiste à la naissance de son troisième enfant, Hervé, le 30 mars 1940 : il ne reverra jamais les siens. Le "DUNKERQUE" appareille de Brest début avril pour Mers-el-Kebir et le théâtre d'opération de la Méditerranée. L'Italie de Mussolini, profitant de la débâcle du mois de mai, déclare la guerre à la France. La marine invaincue, poursuit sa tâche.
C'est ainsi que le "DUNKERQUE» participe encore à une dernière sortie en opération de guerre les 13 et 14 juin, à la recherche d'un hypothétique croiseur allemand, mais en échappant à des torpilles lancées par un sous-marin italien qui lui est bien réel. Les événements se précipitent.
Le 22 juin 1940, après la désastreuse campagne de France, le maréchal Pétain signe l'armistice qui marque la fin des hostilités entre la France et l’Allemagne. Le Royaume-Uni demeure le dernier pays en guerre contre Hitler. Ce jour-là, la flotte française est majoritairement dispersée dans de nombreux ports hors de France métropolitaine. L'avenir de cette flotte préoccupe Churchill, Premier Ministre depuis un peu plus d'un mois. Alléguant sa crainte de voir les navires français tomber aux mains des Allemands ou des Italiens, ce que ni les faits ni l'examen des archives n'ont par la suite jamais permis de démontrer - il ordonne leur capture ou leur destruction où qu'ils se trouvent dans le monde : c'est l'opération « Catapult » qui est planifiée pour le 3 juillet 1940. Elle a lieu simultanément en rade de Mers el-Kébir (Oran), à Alexandrie et dans les ports britanniques. A Mers el-Kébir, c'est à la force H, commandée par l'amiral Sommerville, qu'échoit la difficile mission de détruire les navires français.
L'escadre française est au mouillage. Le bâtiment de ligne "DUNKERQUE" porte la marque de l'amiral Gensoul. Vers 8 heures du matin la force H (H parce que le navire amiral est le "HOOD") se présente devant Oran et remet l'ultimatum de Churchill à l'amiral Gensoul. Après dix heures d'une impossible négociation, la flotte britannique ouvre le feu sur la flotte française. Les obus s'abattent sur la jetée de Mers el-Kébir puis sur les navires, "DUNKERQUE", "PROVENCE", "STRASBOURG","BRETAGNE", "COMMANDANT TESTE" et 6 contre-torpilleurs, "MOGADOR", "VOLTA", "TERRIBLE", "TIGRE", "LYNX"," KERSAINT".
L'opération « Catapult » va coûter la vie à 1297 marins français. Xavier Grall est l'un d'eux. Les témoignages recueillis par son camarade Albert Borey auprès des sauveteurs et des rares survivants, ont permis de reconstituer les circonstances tragiques de son décès. Dès qu'il prend connaissance de l'ultimatum britannique, ce mercredi 3 juillet 1940, à huit heures du matin, l'amiral Gensoul ordonne aux navires présents sur rade de se préparer au combat. La lecture des messages échangés ce jour-là montre que la surprise est totale et que l'indignation est générale. Hier encore dans les carrés comme dans les postes, on discutait ferme : une importante minorité se résignait mal à la cessation des combats et aurait voulu que la flotte rallie les Anglais pour poursuivre la lutte ensemble. A l'heure présente, plus la moindre controverse, l'unanimité est faite ; chacun ressent l'initiative anglaise comme un affront personnel. A neuf heures l'amiral ordonne aux navires de se préparer à appareiller. Ce matin les records de vitesse de montée en température des chaudières, habituellement combattus avec la plus grande énergie par les ingénieurs mécaniciens, sont pulvérisés. Avant 13 heures les lignes d'arbres d’hélices sont balancées. Les équipages ayant été rappelés aux postes de combat, les mécaniciens ont pris leur quart dans les machines. L'ultimatum expire, à 18 heures l'escadre britannique ouvre le feu. C'est la première fois que le "HOOD" utilise son artillerie principale en combat depuis le début de la seconde guerre mondiale, alors qu'il dirige son feu dévastateur sur des alliés d'hier, des frères d'armes aux côtés desquels ils patrouillaient encore récemment ensemble. Dans la machine, l'ingénieur en chef Egon, chef du service « machines », a son poste de commandement dans les machines latérales. Le combat est engagé depuis quelques minutes. Les machines ne perçoivent de la bataille, que des échos très amortis ; mais l'ample trépidation qui à intervalles réguliers fait longuement vibrer tout le navire, indique que les canons de 330 sont à l'ouvrage. Dans les machines latérales, on guette l'ordre de manœuvre. Autour du pupitre se tiennent l'ingénieur mécanicien en chef Egon, chef de service, l'ingénieur mécanicien de première classe Grall, chef de quart et de sécurité du groupe avant, l'ingénieur mécanicien Quentel (qui sera tué le 6 juillet lors de la seconde attaque), de quart en sous-ordre. Autour d'eux et au parquet inférieur, s'affairent quatre-vingt hommes et gradés. Tous sont parfaitement calmes et confiants. 18 h 01- les machines centrales viennent de démarrer en arrière, la passerelle signale « attention » puis « arrière 50 tours » des deux bords. Deux forts claquements à quelques secondes d'intervalle semblent être des bombes ou des obus de gros calibre tombés le long du bord. A ce moment précis, une grande flamme jaillit sur l'arrière, entre la descente et le tableau électrique, accompagnée d'un fracas terrible auquel succèdent plusieurs détonations rapprochées. En quelques instants, déversée à flot par toutes les manches de ventilation, une âcre fumée jaune, brûlante, suffocante, envahit le compartiment. Presque aussitôt la lumière s'éteint et tous les appareils stoppent. Maintenant, dans les aéro-réfrigérants, l'incendie ronfle et crépite, les explosions continuent. En bas, la fumée, l'horrible fumée devient de plus en plus dense et brûlante. Dans l'obscurité des cris s'élèvent ; des hommes tombent, se débattent ; ceux qui, situés à l'aplomb des bouches de ventilation, ont reçu en plein le flux empoisonné, s'abattent souffle coupé, la gorge en feu.., ceux-là ont leur compte. Affolés, suffoquant, les gens encore valides se ruent à tâtons vers les issues ; ceux que la malchance conduit vers la montée ou l'échappée tribord sont condamnés eux aussi, les panneaux étant ensevelis sous une masse de ferraille et de débris en feu. Quelques-uns ont réussi à atteindre, dans le noir, l'accès à l'échappée bâbord avant. Le panneau inférieur est ouvert sans difficulté, quant au panneau supérieur, c'est une autre affaire : la commande hydraulique n'agit plus, il faut passer en commande manuelle ; l'opération effectuée dans les meilleures conditions exige au moins deux minutes normalement. Alors arrive ce qui devait arriver : talonnés par la peur et l'asphyxie, se gênant mutuellement dans cet espace étroit, les gens cafouillent, s'énervent, s'affolent. En bas le chef a compris que le compartiment était irrémédiablement hors de combat, que personne ne pourrait survivre longtemps dans cette atmosphère. La seule chose à faire est d'évacuer au plus vite le maximum de gens et reprendre, d'urgence, aux machines centrales, la direction du service. De sa voix de commandement il ramène instantanément le calme et fait dégager l'échappée. Quentel monte alors et posément, dispose les pointeaux. Un homme manœuvre la pompe à main ; le lourd panneau décolle, hésite, se soulève, puis retombe brutalement. Les cœurs s'arrêtent de battre : alors c'est la fin. On vérifie : ouf ! Un pointeau n'était pas vissé à fond. Cette fois lentement, lentement, le panneau s'ouvre : la voie est libre. Tandis que Quentel redescend, une dizaine d'hommes haletants, le visage noirci, se ruent vers l'air libre. Le chef renvoie alors Quental à l'extérieur avec mission de ramener tout le personnel et le matériel disponible puis, dans l'ombre, avec Grall dont il entend la voix toute proche, il entreprend de rameuter les hommes valides restants et de les guider vers la délivrance. Il s'est passé 15 à 20 minutes depuis le début du drame. Le chef appelle « Grall, venez, il n'y a plus rien à faire ici, nous serons plus utiles ailleurs ». Aucune réponse. Un instant, la lueur de l'incendie perçant la fumée épaisse, il entrevoit Grall qui est retourné au parquet de manœuvre pour tenter de guider d'autres hommes vers la sortie. En tâtonnant, il s'approche, l'agrippe par la manche : « Xavier, mon petit, venez ! Ne vous acharnez pas : il n'y a plus rien à faire ici, venez, sinon vous y resterez pour de bon ! ». Grall s'est dégagé et a disparu dans le noir. Egon, la mort dans l'âme, part alors rejoindre les machines centrales à partir desquelles il va tenter de reprendre le contrôle de la situation. Grall est resté. Autour de lui, au-dessous, sur des plateformes étroites semées d'embûches, des hommes se traînent à-demi asphyxiés ; ils butent, tombent, repartent sans parvenir à trouver le chemin du salut. Des plaintes, des appels angoissés, montent maintenant de toute part, d'en bas surtout. Grall est descendu au parquet inférieur. Près de lui un quartier-maître (déjà âgé et père de famille) appelle inlassablement et, d'une voix de petit enfant, répète « Maman ! Maman ! ». D'autres plus loin, à droite, à gauche, derrière, gémissent, pleurent. Grall leur parle, essaie de réconforter ces malheureux : « Courage, on va sûrement venir à notre secours, ne vous affolez pas. ». On l'a reconnu et des voix implorent : « Monsieur Grall, on ne va pas nous laisser mourir comme çà, dites? Vous n'allez pas nous abandonner ? » - « Non, non, répond-il à l'un d'entre eux tout proche, je reste avec vous je vous le promets ». Péniblement, à tâtons, il remonte au parquet supérieur. En chemin il a dû buter ou manquer l'échelle (peut-être déjà, les poumons brûlés, se sent-il mal), il perd un soulier qu'on retrouvera dans la cale au pied de l'échelle. Parvenu en haut, que va-t-il faire ? Rester, c'est la mort à bref délai alors qu'il peut encore fuir : la chose est relativement aisée, Grall connait parfaitement les lieux. Devant lui à quelques pas, le pupitre, les tableaux de manœuvre, aucune issue, mais à sa droite, une étroite coursive assez dégagée : trois ou quatre mètres à parcourir et c'est le salut, un léger courant d'air lui indique la voie. L'obscurité est totale maintenant, l'atmosphère asphyxiante, la chaleur insupportable. Pourquoi s'entêter à demeurer là impuissant parmi ces morts et ces agonisants pour qui il ne peut rien. Bientôt, il le sent bien, ce sera trop tard. Et puis il a une femme qu'il adore, trois jeunes enfants dont le dernier, son petit Hervé, n'avait que huit jours lorsqu'il est parti ; ne se doit-il pas aussi à ces êtres chers ? « Monsieur Grall, dites, vous n'allez pas nous abandonner ?.......... » Vers 20 heures, les sauveteurs ont toutes les peines du monde à ouvrir le panneau d'accès principal des machines latérales. Le spectacle qui s'offre alors à leurs yeux est terrifiant. Cramponnés aux marches ou aux rampes, une file de cadavres à demi desséchés semblent implorer le secours du ciel, tandis qu'apparaissent plus bas, à la lueur des lampes, les corps culbutés de ceux qui avaient lâché prise. Une véritable descente aux enfers. Les premiers sauveteurs qui s'y risquent parviennent jusqu'au parquet de manœuvre, guidés par des gémissements. Ils réussissent à tirer avec d'infinies précautions l'ingénieur Grall tombé à genoux près du pupitre de quart un pied déchaussé et râlant faiblement ; il porte encore sa combinaison de travail. Pour retirer les corps, on les enveloppe dans des hamacs en les hissant avec un palan installé par des gabiers au-dessus de l'échappée. C'est ainsi que Grall est transporté à l'infirmerie où le médecin chef lui fait une piqûre. Il lutte toujours contre la mort avec toute l'énergie de sa robuste santé, mais sans reprendre connaissance. Longtemps on espère, on veut espérer ; les médecins font l'impossible. A 23h55, soudain détendu, apaisé, Grall pousse trois gros soupirs, les poumons brûlés et le sang empoisonné, il s'est éteint.
Autour de son corps sans vie ses camarades pleurent ainsi qu'un jeune matelot de son service agenouillé près de son corps et qui n'étant pas de quart, a eu la vie sauve.
Quelques semaines plus tard, Xavier GRALL fut proposé pour la Légion d'honneur (décernée à titre posthume en 1944 et remise à son jeune fils en 1945) avec une proposition de citation à l'ordre de l’Armée : « Officier d'élite, tué glorieusement à son poste de combat lors de l'agression britannique, à Mers-el-Kébir, le 3 juillet 1940 ». La Croix de Guerre avec palme sanctionna cette proposition.
Les victimes de cette tragédie reposent pour la plupart dans le cimetière marin de Mers-el-Kébir qui n'a hélas pas échappé à une récente profanation. 200 victimes furent rapatriées à la fin des années quarante, et les restes d'un marin inconnu de Mers-el-Kébir reposent dans le cimetière de Kerfautras à Brest, au pied du monument commémorant l'événement.
Le corps de Xavier GRALL a également été rapatrié. Seule la mort l'avait séparé de ses hommes. Celui qui répondait à la confiance par la fidélité repose face à la mer, dans le cimetière de Landévennec où il est né, au pied de l'Abbaye St Guénolé et aux côtés de son épouse Herveline qui l'a rejoint en 2005. L'attachement à sa terre natale, sa passion immodérée de la mer, sa foi profonde et sincère ainsi que l'amour des siens avaient constitué les repères cardinaux de son existence. Comme ses enfants l'ont fait depuis toujours, ce sont aujourd'hui ses petits enfants, Gwennog, Annaig, Rozenn, Xavier, Sophie et Emmanuelle qui perpétuent le souvenir de leur grand-père Xavier, qu'ils n'ont jamais connu, mais dont ils ont compris le sens de son choix du sacrifice, alors qu'il pouvait s'échapper de l'enfer de la machine en feu.
- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 39-45 avec palme (s)
- Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer
Dunkerque
Le cuirassé Dunkerque était tête de série des cuirassés rapides. Il avait été construit à l'arsenal de Brest à partir de 1932, alors que son sister-ship le cuirassé Strasbourg avait été construit aux Ateliers et Chantiers de la Loire à Penhoët, à partir de 1934. Cette série de cuirassés comprenait le Dunkerque et le Strasbourg. Ils avaient été programmés pour remplacer les cuirassés France, et O...