Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France

Marine Ajaccio, groupe naval d'assaut - Commando marine

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Le Groupe Naval d’Assaut de Corse fut créé par le contre-amiral Robert Battet en 1943. Spécialisé dans la mise en œuvre de canots pneumatiques, il réalise des missions de renseignements sur les côtes italiennes. Le 15 août 1944, il est chargé de l’opération « Rosie Force » entre Le Trayas et Théoule, ce fut un échec sanglant. Sous le commandement du capitaine de corvette Gérard Marche, ces hommes, tous volontaires, étaient au nombre de soixante-sept. Tous venaient sans exception d’unités régulières de la marine, et s’apprêtaient à accomplir une besogne de sapeurs et d’infanterie. On les avait choisis avec soin pour accomplir une des toutes premières missions de couverture du débarquement en Provence, une des plus périlleuses de l’opération « Dragoon ». A la rame, tassés dans leurs embarcations en caoutchouc (rubber boats), les marins français du groupe naval d’assaut de Corse avançaient en silence vers la côte. Après avoir abordé les rochers entre la pointe de l’Esquillon à Miramar et celle de la Figuerette, partagés en deux groupes, ces marins commandos doivent escalader les roches rouges, ils devront se frayer un passage au travers des défenses allemandes, gagner la corniche d’or (route nationale 98) juste au-dessus de leur tête et la route nationale 7 distante de plus de cinq kilomètres. Ces deux routes sont vitales : les renforts allemands ne doivent pas gagner Saint Raphaël, ni Fréjus où la 36e division d’infanterie américaine du général Dalhquist sera mise à terre dans quelques heures. Il faudra saboter ces routes, chacun des marins du commando porte, outre son armement individuel :mitraillette anglaise Tommyguns avec les munitions de réserve, plus une trentaine de kilos d’explosifs (milinite). Comme tout le groupe d’assaut, le capitaine de corvette Gérard Marche est surpris par le passage d’un avion de reconnaissance volant à basse altitude ; deux fusées éclairantes sont tirées, une rouge d’abord, puis une blanche qui illuminent successivement mais brièvement la surface de l’eau, puis, plus rien que la nuit et le silence. L’heure tourne, le capitaine de corvette Gérard Marche se décide à aborder : au large, des milliers de soldats comptent sur la réussite de la mission. Au lieu de cela, ce sera le plus sanglant échec du débarquement débutant. En effet, à peine les marins ont-ils entamé leur ascension que les premières mines explosent. Les déflagrations déchirent l’obscurité et les corps. Grièvement blessés, ou tués sur le coup, hommes et officiers sont cloués au sol, les équipes totalement désorganisées. En quelques minutes le groupe naval d’assaut est décimé. Empêtrés dans les fils de mines, les marins du commando sont incapables de la moindre défense, les soldats allemands, dont ils savent la présence toute proche, ne réagissent toujours pas. Malgré tout quelques marins tentent de continuer leur progression mortelle pour beaucoup d’entre-eux. Plus de la moitié des membres du groupe d’assaut est maintenant hors de combat. Le capitaine de corvette Marche sera l’un des derniers à sauter sur une mine avant de mourir. Il parviendra à faire détruire les documents, papiers et cartes, dont il était porteur. Rien n’allait être épargné aux marins survivants du désastre : leur ultime tentative de fuite par la mer allait échouer par la faute de deux chasseurs britanniques, qui, trompés par l’obscurité, les prennent pour des allemands et les mitraillent copieusement. Alors seulement, les allemands tireront sur les rares rescapés qui n’auront de ressource que de se rendre. 19 marins sur 24, auront la chance d’être amenés en captivité à Grasse dans la journée du 15 août par un convoi allemand. Ils seront sauvés par six résistants qui occuperont les allemands en quelques coups de feu pour faire évader les prisonniers, seulement un résistant sera blessé. Les blessés graves du groupe naval d’assaut ont été laissés sur la route de Miramar jusqu’à ce qu’une unité médicale américaine de la 36th DIUS débarqué au Dramont arrive pour les secourir, onze marins furent tués par les mines déposées par les allemands deux jours plus tôt. Par la suite, on confiera au groupe naval d’assaut des missions de protection dans les ports du Languedoc. En septembre 1944, le groupe naval d’assaut est dissous en Corse.

Au bord de la route de Miramar, route nationale 98, à quelques mètres du lieu où les marins perdirent la vie, une grande croix de Lorraine rappelle ce fait d’armes, avec les noms gravés des marins qui ont perdu la vie, cette nuit du 14 au 15 août 1944 sur le sol français, terre natale qu’ils avaient tant hâte de retrouver.

Sources :

Fusiliers marins et commandos,
les baroudeurs de la Royale.
de Georges Fleury – Editions Copernic - 1980

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