Le 3 mai 1917, à 9 h 00, le "Victorine-Hélène", un sloop non ponté de 10,07 tonneaux, qui tient son nom des prénoms de l'épouse et de la benjamine de son patron Jean Guillou, se trouve à 3 milles dans le SW du phare d'Ar Men et rentre de la pêche à la raie. Celle-ci est excellente.

Le temps est très beau, la mer est plate, une petite brise souffle de NNE.

Un sous-marin sans pavillon est aperçu à 1 mille dans l'Ouest. Il y a aussi un groupe de pêcheurs à 2,5 milles dans l'Ouest. Le sous-marin s'approche, passe à 150 mètres sur l'arrière en tirant une douzaine de coups de fusils. Puis, il ouvre le feu au canon, tirant 4 obus qui tous portent. L'intérieur du bateau est ravagé. Selon un témoignage recueilli auprès d'une descendante de Jean-François Guilcher, on racontait dans la famille que les marins du "Victorine-Hélène" ont manœuvré la baume et que sans doute, le sous-marin croyant qu'ils armaient un canon, a fait feu. Le bilan en pertes humaines est lourd.

Sont tués :

Jean Guillou, le patron, 3 enfants ;

Jean-François Guilcher, matelot, 7 enfants ;

Jean-Noël Milliner, matelot, célibataire.

Sont blessés :

Jean Pierre Salaün, matelot, grièvement atteint (ses blessures nécessiteront l'amputation du pied gauche et l'ablation de l'œil gauche) ;

Maurice Thimeur, matelot, légèrement touché à la main gauche.

Est indemne

Jean Guilcher, novice

Toute l'affaire ne dure que quelques minutes. Les survivants se cachent dans le fond du bateau, mais ne sont plus inquiétés par le sous-marin qui s'éloigne vers l'Ouest. La grand voile n'ayant pas été endommagée, ils se relèvent, virent de bord avec un aviron et reprennent tant bien que mal leur route vers l'Est. Un groupe de pêcheurs les rejoint et conduit les blessés à l'île de Sein où ils arrivent à midi. Ils sont aussitôt sommairement pansés. Un torpilleur vient les prendre et les conduit à Brest à 20 h 00.