Indochine - Coup de force Japonais du 9 mars 1945 - Service Marine
Après la défaite de la France en juin 1940, l'Indochine est seule face au Japon d'abord impérieux puis franchement agressif à partir des hostilités contre les États-Unis en décembre 1941. Jusqu'à la fin de 1944, sous l'autorité de son gouverneur général, l'amiral Decoux, elle est parvenue à se maintenir sous l'administration française et à sauvegarder sa souveraineté sans pour autant pouvoir s'opposer à la présence de l'armée japonaise, ce qui lui a d'ailleurs valu de violentes attaques de l'aviation et de la Marine américaine.
Au début de 1945, lorsque la contre-offensive alliée reprend les Philippines et la Birmanie, le gouvernement de Tokyo voit se préciser le spectre de la défaite. Craignant de voir ses forces en Indochine prises au piège, il décide d'y éliminer préventivement toute menace française.
Le 9 mars 1945 dans la soirée, l'ambassadeur Matsumoto présente à l'amiral Decoux un ultimatum lui intimant de faire passer ses fonctionnaires et ses militaires sous "gestion de l'armée japonaise" dans un délai de deux heures. A 21 h 00, lorsque le gouverneur signifie formellement son refus, il est fait prisonnier en même temps que ses principaux adjoints et, sur tout le territoire de l'Indochine, toutes les garnisons et unités sont attaquées simultanément. A l'exception des formations déployées par précaution hors de leurs bases, l'effet de surprise est efficace. Les résistances, souvent héroïques, succombent rapidement. Des petits groupes de rescapés prennent le maquis, traqués, ils seront presque tous décimés, certains au Laos tiendront jusqu'à la fin de la guerre. Au Tonkin, des troupes parviennent à se dégager, à se regrouper dans le Haut-Pays puis à se replier en Chine fin avril. Le bilan des pertes de militaires français, tués ou disparus, au lendemain du 9 mars s'élève à 6300 hommes, un tiers européens, deux tiers indochinois.
Militaires et fonctionnaires en captivité, civils et familles assignées à résidence, économie à l'arrêt, l'Indochine restera sous occupation nippone jusqu'à la reddition du Japon. Des combats auront toutefois lieu jusqu'en septembre 1945. L'autorité de la France ne se remettra pas du coup de force du 9 mars1945.
L'armée japonaise a laissé se développer la rébellion Viêt Minh pendant toute la durée de son occupation alors qu'elle n'était qu'embryonnaire avant le conflit mondial. De mars à septembre 1945, le mouvement Viêt Minh a eu tout loisir de s'armer et de développer son influence, dès le 16 août il est déjà prêt, et lance le mot d'ordre d'insurrection générale.