Bourrasque - Torpilleur
Les torpilleurs de 1500 t de type « Bourrasque » faisaient partie de la tranche du programme naval de 1922. Ils furent commandés les 21 février et 22 mars 1923 dans divers chantiers privés et portaient tous un nom de vent ou de phénomène météorologique. Outre le « Bourrasque », bâtiment type de la série, les autres navires avaient pour nom « Simoun », « Siroco », « Tempête », « Orage », « Ouragan », » Cyclone », « Mistral », « Tramontane », « Trombe », « Typhon » et « Tornade ». Les commandes étant passées à sept entreprises différentes, une dépêche ministérielle du 10 avril 1923 notifiera les règles de standardisation qui présideront désormais aux spécifications des chantiers, le but étant de réaliser l’identité de la série. Malgré tout, cette unité ne se fera pas au niveau des appareils propulsifs et auxiliaires les desservant. En effet, trois types de turbines vont équiper les bâtiments : Parsons, Rateau et Zoelly. Néanmoins l’élaboration de l’appareil évaporatoire est centralisée et confiée aux Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire-Penhoët qui se chargera également d’installer les turbines Parsons sur le « Simoun » et « Siroco » en construction dans leur propre chantier de Saint-Nazaire. Les torpilleurs « Bourrasque », « Tempête », « Cyclone » et « Mistral » seront pareillement équipés de turbines Parsons
Caractéristiques nautiques du « Bourrasque » : Longueur : 105,6 m (99,3 entre pp) – largeur : 9,88 m – tirant d’eau : 3,8 m déplacement : 1370 t – 1820 t à pleine charge Appareil moteur : 2 ensembles machines à turbines à engrenages Parsons – 3 chaudières Manie - 2 hélices à 4 pales – vitesse : 33 nœuds – Puissance : 33000 cv – rayon d’action à la vitesse de 15 nds : 3000 nautiques (mais sera nettement inférieur) Armement : 4 canons de 130 mm modèle 1919 – 1 canon anti-aérien de 75 mm modèle 1922 - 2 plates-formes triples lance-torpilles aériens orientables, armés de 6 torpilles de 550 mm modèle 1929D – 2 grenadeurs à chaîne galle (mue électriquement, commandés de la passerelle), armés de 20 grenades de 250 kg – 2 torpilles remorquées Ginocchio.
Le torpilleur « Bourrasque » fut mis sur cale, aux Ateliers et Chantiers de France à Dunkerque, le 12 novembre 1923, mis à flot le 5 août 1925 et mis en service le 23 septembre 1926. Le 1er décembre 1926 il est affecté à la 1ere division de torpilleurs basée à Toulon. A l’issue d’une période de mise en réserve du 1er novembre 1930 au 10 février 1932 il est réarmé et affecté à la 6eme division de torpilleurs. Il sera successivement affecté à la 1ere DT le 1er juin 1932, puis à la 2eme DT le 1er octobre 1934, puis à la 4eme DT le 15 juin 1936. De septembre 1939 à mai 1940 le « Bourrasque « fera de nombreuses patrouilles en Manche et Atlantique.
La bataille de Dunkerque – l’opération Dynamo
La bataille de Dunkerque commence le 20 mai 1940. Pendant cette bataille l'opération Dynamo permettra l'évacuation de Dunkerque de l'armée britannique (incluant les forces canadiennes) effectuée du 27 mai 1940 au 4 juin 1940 avec l'appui de l'armée française contre l'armée allemande. En tout, 338 226 hommes, comprenant environ 120 000 soldats français et belges, seront évacués vers le Royaume-Uni.
Bousculé par le Blitzkrieg engagé par l'armée allemande lors de la bataille de France, le front est rompu par la percée de Sedan. L'armée britannique ainsi que les unités les plus modernes de l'armée française battent en retraite vers le nord de la France, elles sont alors coupées des troupes françaises situées au sud.
La retraite des troupes britanniques en vue de leur évacuation du territoire français entraîne l'encerclement de ces dernières et de nombreuses unités françaises à Dunkerque. Les troupes françaises mènent alors une résistance héroïque et désespérée, en particulier la 12e division d'infanterie motorisée à partir du fort des Dunes, destinée à gagner un laps de temps nécessaire à l'embarquement de l'essentiel des troupes britanniques et de plusieurs unités françaises et belges vers l’Angleterre, aidées par l'indécision d'Adolf Hitler qui confirma un ordre d'arrêt (Haltbefehl) du général Von Rundstedt des armées allemandes devant Dunkerque.
L'évacuation s'est opérée à l'aide de navires de la Royal Navy et de bateaux de la marine marchande réquisitionnés pour traverser la Manche, tandis que la RAF lutte dans le ciel pour couvrir l'opération.
Les troupes et le matériel n'ayant pas pu être embarqués sont capturés par la Wehrmacht, mais la réussite du sauvetage du gros des troupes a permis au Royaume-Uni de préserver une part importante de son armée afin de poursuivre la lutte contre le Troisième Reich. Le mouvement de retraite stratégique consiste à la fois dans une opération maritime de rembarquement et dans une opération terrestre de protection de la poche de Dunkerque où, prises en étau par les troupes allemandes, et sous le feu de leur aviation et de leur artillerie, les forces alliées évacuent vers l'Angleterre.
Le « Bourrasque » dans l’opération Dynamo : Le 30 mai 1940, le torpilleur « Bourrasque » est mouillé en rade des Dunes quand il reçoit l’ordre de rallier Dunkerque pour participer à l’opération Dynamo. Il navigue de conserve avec les torpilleurs de 610 t « Bouclier » et « Branlebas ». Le « Bourrasque » accoste et il est prévu qu’il embarque 600 passagers, mais comme souvent en pareille situation, personne n’assure le comptage et il est impossible de connaitre le nombre exact de passagers embarqués, surement davantage. A 15h45, en pleine alerte aérienne, « Bourrasque » et « Branlebas » appareillent et reprennent la même route qu’à l’aller. Entre 16h25 et 16h45 selon les sources, le torpilleur, victime de la batterie allemande de Nieuport, est touché à l’arrière, un choc important mais qui ne semble pas gravissime. Si l’équipage réagit avec sang-froid, il n’en est pas de même des passagers, qui, pris de panique se jettent à l’eau en grand nombre. Dix minutes après l’impact, la situation s’aggrave et l’équipage comprend que le navire est condamné, il mettra près d’une heure à chavirer, puis à couler. Seize et officiers et marins du « Bourrasque » vont y laisser leur vie mais le nombre de victimes chez les passagers, bien que n’ayant pu être déterminé avec certitude est très important. En apparence, le torpilleur « Bourrasque » a été touché par une batterie côtière allemande, toutefois, autre hypothèse avancée, il pourrait s’agir d’une mine de barrage française à la dérive, qui aurait provoqué cette catastrophe.
Sources :
Dictionnaire des bâtiments de guerre français
de Jean-Michel Roche
Les torpilleurs de 1550 t de type Bourrasque
de Marc Saibène
Wikipédia
https://forummarine.forumactif.com/t5300-france-torpilleurs-d-escadre-classe-bourrasque