Dunkerque - Cuirassé
Le cuirassé Dunkerque était tête de série des cuirassés rapides. Il avait été construit à l'arsenal de Brest à partir de 1932, alors que son sister-ship le cuirassé Strasbourg avait été construit aux Ateliers et Chantiers de la Loire à Penhoët, à partir de 1934. Cette série de cuirassés comprenait le Dunkerque et le Strasbourg. Ils avaient été programmés pour remplacer les cuirassés France, et Océan. Ils répondaient directement aux "cuirassés de poche" de la classe Deutschland allemands, auxquels ils furent en fait, très supérieurs.
Le cuirassé Dunkerque de 214,50 m de longueur, 31,10 m de largeur, et 8,70 m de tirant d'eau avait un déplacement à pleine charge de 30 750 tonnes. Il était propulsé par quatre hélices, entrainées par quatre lignes d'arbres et quatre turbines à vapeur Parsons. La vapeur était produite par 6 chaudières de type Indret. Cet appareil propulsif développant une puissance totale de 130 000 CV lui avait permis d'atteindre la vitesse maximale de 30 nœuds aux essais. Le bâtiment était protégé de la perforation des obus adverses par du blindage dans les parties essentielles : la bande de flottaison, le blockhaus de commandement, les tourelles de l'artillerie principale et de l'artillerie secondaire. La sécurité du bâtiment était renforcée par un compartimentage serré, devant limiter l'envahissement en cas de perforation de la coque du navire.
L'armement du bâtiment comprenait : deux tourelles quadruples d'artillerie de 330 mm, à l'avant, quatre tourelles quadruples d'artillerie de 130 mm à l'arrière et sur les côtés, huit canons de 37 mm anti aérien, 32 mitrailleuses de 13,20 mm, et de 4 hydravions type Loire 130. Le bâtiment était armé par un équipage de 1400 hommes.
Le cuirassé Dunkerque avait été admis au service actif en 1936, et le cuirassé Strasbourg en 1937. Leur carrière en temps de paix avait déjà été bien remplie en exercices d'escadres. Ils étaient basés à Toulon, et mouillaient régulièrement dans des bases navales d'Afrique.
En mai 1939, la Force de Raid, était constituée par ces bâtiments de ligne et les bâtiments de l'escadre de l'Atlantique formée de croiseurs et destroyers lourds basée à Brest. Cette Force de Raid était placée sous le commandement du vice-amiral d'escadre Marcel Gensoul qui avait hissé sa marque sur le cuirassé Dunkerque.
Durant la seconde guerre mondiale, les deux bâtiments opérèrent contre les corsaires allemands dans l'Atlantique sud, traquant notamment les bâtiments de ligne ennemis. Ils avaient aussi pour mission de protéger le trafic marchand, notamment les routes maritimes les plus vitales. En décembre 1939, le cuirassé Dunkerque avait pris part au 2e convoi de transport d'or des réserves de la banque de France vers le port d'Halifax pour être mis à l'abri à la banque du Canada.
En avril 1940, la Force de Raid avait rallié la base navale de Mers el-Kébir situé en Algérie, à six kilomètres du port d'Oran où ètait affectée la 1re Escadre de la Méditerranée. Elle venait renforcer les forces navales françaises en Méditerranée en prévision de l'entrée en guerre de l'Italie.
En Juin 1940, le commandement britannique avait préparé une expédition militaire en Afrique du nord. Il s'agissait de l'opération "Catapult" qui était projetée pour le 3 juillet 1940 sur base navale de Mers el-Kébir, en vue de neutraliser la force navale française afin d’éviter qu'elle ne passe à l'ennemi.
Dans cette base navale, protégée par une immense digue, étaient amarrés sur coffre, étraves dirigées vers la terre, tous les bâtiments de la Force de Raid : les cuirassés modernes Dunkerque, et Strasbourg, les deux cuirassés Bretagne et Provence, le porte-hydravions Commandant Teste, les destroyers rapides Mogador et Volta et les contre-torpilleurs Le Terrible, Kersaint, Tigre, et Lynx et une dizaine d'autres bâtiments plus légers ainsi que les sous-marins Ariane, Diane et Eurydice, des escorteurs et des navires auxiliaires. Le cuirassé Dunkerque, portant la marque du vice-amiral Gensoul, était commandé par le CV Séguin. Le cuirassé Strasbourg était commandé par le CV Collinet, L'amiral James Somerville de la Royal Navy avait reçu l'ordre d'appareiller afin de mettre hors d'état de nuire la flotte française basée à Mers el-Kébir. Arrivé à l'aube du 3 juillet devant la base navale, l’amiral Somerville adressa au vice-amiral d'escadre Gensoul un télégramme imposant un ultimatum dont le terme échouait six heures plus tard. Il fit trois propositions :
- Soit la flotte française rejoignait la flotte britannique dans sa lutte contre l'Allemagne nazie ;
- Soit elle se sabordait ;
- Soit elle gagnait les ports britanniques, américains ou français des Antilles afin d'être désarmée.
Cet ultimatum revenait à exiger de la France qu'elle honore ses engagements vis-à-vis du Royaume-Uni, contractés le 28 mars 1940, ce qui aurait rompu l'armistice qui venait d'être signé pour suspendre les combats entre la France et l'Allemagne.
Dans le courant de l'après-midi, un compromis était sur le point d'être trouvé, après que l'Amiral Somerville eut prolongé son délai. Mais apprenant que les escadres de Toulon et d'Alger avaient appareillées en direction d'Oran, le gouvernement britannique avait ordonné d'ouvrir le feu.
Consécutivement à cette attaque, le cuirassé Strasbourg avait pu appareiller, à sortir de la passe et à regagner le port de Toulon. Le cuirassé Dunkerque, avait été atteint de quatre obus de calibre 380, occasionnant de nombreuses victimes et d'importants dégâts, détruisant entre-autres son installation électrique. Il dût être remorqué de l'autre côté de la rade et échoué près du port de pêche. Cette attaque avait causé la mort de nombreux marins du bord. Trois jours, plus tard, alors que les secours s'activaient encore pour recueillir les blessés et les morts, le cuirassé Dunkerque avait été attaqué par des bombardiers du porte-avions britannique HMS Ark Royal.
Le 9 août 1940, le cuirassé Dunkerque avait été cité à l'ordre de l'Armée de mer, en ces termes : "Ayant reçu un odieux ultimatum, avoir refusé d'y souscrire et répondu à la force par la force."
Réparé sommairement, le bâtiment avait été rapatrié en février 1942 au port de Toulon en vue d'une remise en état.
En novembre 1942, lorsque la Wehrmacht avait tenté de prendre le port de Toulon par surprise, le cuirassé Dunkerque, qui était encore au bassin de raboub, se saborda comme tous les bâtiments de la flotte présents suivant les ordres de l'amirauté.
Le cuirassé Dunkerque avait été jugé irrécupérable, après avoir été gravement endommagé une nouvelle fois par un raid des forces alliées en 1944. Il avait été sorti de son bassin en 1945, et ancré dans la rade pour une démolition qui intervint en 1958.
Sources :
- Le dictionnaire des bâtiments de la flotte française de Net-Marine
- Les cuirassés de la classe Dunkerque (1935)
- Le cuirassé Dunkerque, bâtiment de ligne
- Association Alamer - Le cuirassé Dunkerque
http://alamer.fr/index.php?A=3&B=235