Paul Martin Nyer
est né le 10 mars 1908 à Ajaccio (Corse-du-Sud (2A))
Son père Jean Baptiste est maçon, il sera ensuite marin au long cours, ce qui lui vaudra le surnom de "papète" du fait des nombreux voyages en Polynésie qu'il a fait à bord des navires de la Compagnie des Messageries Maritimes. Sa maman Jeanne Selli est couturière. Il passe une partie de son enfance auprès de sa grand-mère paternelle à Ajaccio où elle habite rue du cardinal Fesch, il gardera pour la Corse un sentiment d'appartenance très fort. A sa naissance la famille compte déjà trois filles, une quatrième naîtra après lui. En 1912 la famille s'installe à Marseille dans le quartier du Panier, quartier ancien et populaire qui regroupait la diaspora corse. Dès son plus jeune âge Paul pratique la boxe, sport dans lequel il avait un avenir sans doute prometteur, il est entrainé par Philippe Filippi, futur entraîneur de Marcel Cerdan. Très tôt sa famille, ses amis ne l'appellent plus Paul mais "Polo", surnom qui lui restera toute sa vie.
De février 1928 à février 1930 Paul effectue son service militaire à Toulon à bord du cuirassé "Lorraine" et du cuirassé "Paris" qui abrite l'école de canonnage.
Sitôt démobilisé, il suit l'exemple de son père et choisit la vie de marin au long cours, il embarque pour la Compagnie des Messageries Maritimes puis pour la Compagnie Générale Transatlantique sur de nombreux bâtiments, essentiellement des paquebots avec lesquels il connaîtra l'Égypte, la Chine, l'Indochine, le Japon, l'Algérie.
Le 12 juillet 1932 il épouse Baptistine Seta, ils auront trois enfants, Aline née en 1933, Jean Baptiste en 1934 et Clément François en 1937.
Le 17 septembre 1939 Paul Martin est mobilisé, affecté sur le paquebot "Marigot", bâtiment réquisitionné, il sera démobilisé le 24 juillet 1940 muni d'un certificat de bonne conduite avec la mention "très bonne". Il reste à bord de ce navire jusque fin décembre 1940. Le 1er janvier 1941 il est affecté sur le paquebot "Lamoricière", navire affrété pour le transport de personnels entre l'Algérie et la France. La même année il embarque successivement sur le "Marigot", le "Gouverneur Général Chanzy", le "Gouverneur Général Grévy" et retourne à bord du "Lamoricière" à compter du 30 août 1941.
Ce navire appareille d'Alger à destination de Marseille le 6 janvier 1942 malgré une météo exécrable, à bord il y a 394 personnes, personnels de bord, militaires, femmes et enfants. Il y a notamment 17 enfants des Centres Guynemer, organisme de bienfaisance créé la vicomtesse Villers de la Noue, sœur de l'aviateur Georges Guynemer. Se portant au secours du paquebot "Jumièges" au large des Baléares le navire ne résiste pas à la tempête, de nombreux navires viendront à son aide notamment le "Gouverneur Général Chanzy", le "Gouverneur Général de Gueydon", navires à bord desquels Paul Martin avait servi, ainsi que des bâtiments de la marine Nationale. Paul Martin participe activement au sauvetage comme en témoigne Hyacinthe Corti, également parent proche de Polo, qui, embarqué à bord du Paquebot "Gouverneur Général de Gueydon", raconte qu'il n'a cessé de lui envoyer un cordage, mais que, exténué de fatigue, Polo a fini par se noyer. Le navire sombre le 9 janvier peu après midi, il n'y aura que 93 survivants dont 7 enfants.
Tous les disparus, personnels de bord, passagers militaires, hormis les passagers civils ont été portés disparus en mer avec la mention "Mort pour la France" car le navire était réquisitionné par le gouvernement de l'État Français pour assurer le ravitaillement et le transport des troupes entre la France et l'Afrique.
L'état signalétique et des services (ESS) indique que Paul Martin Nyer est disparu en mer le 9 janvier 1942. Le jugement du tribunal civil de Marseille en date du 16 septembre 1942, "décès déclaré constant" et mention "Mort pour la France", est transcrit à la mairie de Marseille (Registre 26/126 le 9 novembre 1942).
En matière de compensation sa veuve se verra offrir un travail à Marseille dans l'atelier de couture créé par la Compagnie Générale Transatlantique pour venir en aide aux veuves sans ressources. En 1943 alors que les bombardements alliés devenaient plus destructeurs la compagnie regroupe au château de Monsac en Dordogne les veuves et les enfants qui ne rejoindront Marseille qu'après la libération en septembre 1944.
Lamoricière
Le 6 janvier 1942 à 17 heures le paquebot " Lamoricière" de la "Compagnie Générale Transatlantique" quitte Alger pour Marseille. Le paquebot est commandé par Joseph Milliasseau et à son bord il y a 272 passagers et 120 hommes d'équipage. Les passagers sont des fonctionnaires et militaires affectés en Afrique du Nord, des résidents d'Algérie venus passer les vacances sur le continent et...