Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France

Mutin - Cotre

MutinFranois-Olivier-Corman
1927
Florimond-Guignardeau - Les sables d'Olonne

Le Mutin est un navire-école commandé aux chantiers Florimond Guignardeau aux Sables d’Olonne en novembre 1926. Bien que dénommé cotre, le Mutin est identique aux thoniers dundee sablais de l’époque auxquels il emprunte le gréement. Construit pour remplacer les cotres Mutin et Railleur, de trop petite capacité de logement, le Mutin est lancé le 19 mars 1927 et recetté le 10 juin.

Caractéristiques : longueur hors tout : 33 m, longueur à la flottaison : 21 m, largeur au Maître-Bau : 6,35 m – tirant d’eau : 3,40 m, tirant d’air : 21 m.

surface totale de voilure : 312 m², composée de : 1 grand-voile avec gui à rouleau de 109 m², 1 flèche de gd-voile de 42 m², 1 tape-cul de 29 m², 1 flèche de tape-cul de 15 m², 1 gd-foc de 67 m², l foc de 28/23 m², 1 trinquette de 28/50 m².

Motorisation : moteur Baudouin de 112 ch lui procurant une vitesse moteur de 6 nds. A l’origine le Mutin était équipé d'un moteur Chaléassière (licence Junker, à deux pistons opposés dans chaque cylindre vertical) à régime lent.

Déplacement : 57 t (40 t lège).

De 1927 à 1939 le Mutin est affecté à l’école de pilotage de Saint Servan où il participe à la formation des « pilotes de la flotte ». Survient l’exode de 1940 : le Mutin gagne alors l’Angleterre, et à Plymouth il est saisi par la marine anglaise. Le capitaine de corvette Gérard Holdsworth, membre du SOE (Special Operations Executive), repère le cotre français et décide de s’en servir pour des missions de transport d’hommes et de matériels à partir de la Grande Bretagne vers la France occupée. Un équipage est constitué, composé de six anglais et d’un français des FNFL, le quartier maître Jean Pirois (qui prend pour l’occasion le pseudonyme de John Brooks). Après une période de refonte à Darmouth, il est équipé d’un nouveau moteur et de nouveaux équipements et aménagements intérieurs. Le but final est de conserver au bateau l’aspect d’un thonier français jusqu’au moindre détail afin de pouvoir plus tard s’intégrer incognito dans une flottille de thoniers français en action de pêche. En plus des entraînements de navigation et de manœuvre, les membres du SOE embarqués sur le Mutin, suivent un entraînement commando leur permettant de réaliser des opérations clandestines dans les pays occupés.

En juin 1941, alors qu’il regagne l’estuaire de l’Helford River, son port base, un junker 44 allemand survole et mitraille le Mutin. Le quartier-maître Pirois est gravement touché et décédera malheureusement des suites de ses blessures. Au printemps 1942, le Mutin, équipé de perches et de lignes à thon, la peinture refaite puis artificiellement vieillie et salie, a pris l’apparence d’un thonier breton. En attente aux îles Scilly, il réussit à s’immiscer dans la flottille des thoniers que les allemands autorisent à pêcher dans le golfe de Gascogne ; on lui a changé son nom pour le rebaptiser « Jean Piron » (en hommage à Jean Pirois malgré la faute dans le nom). L’objectif est d’aller au contact des pêcheurs et de les persuader de livrer en France, un genre de poisson un peu spécial : des thons factices fabriqués au muséum d’histoire naturelle de Londres, et remplis de plastic…La première tentative est un échec (panne de moteur), mais elle ouvre la voie à d’autres opérations de ce type.

Les anglais ne renoncent pas et décident, en novembre 1942 d’envoyer le Mutin en Méditerranée où il va opérer le long des côtes d’Afrique du nord et d’Italie en soutien notamment d’agents spéciaux. Le 30 novembre 1942 le Mutin, accompagné du Serenini, quitte Helford, gagne Gibraltar puis entre dans le port d’Alger le 10 décembre. Equipé d’un canon Messerschmitt de la RAF, il va effectuer des missions de transport d’agents et de matériels. Il va visiter les ports algériens de Dellys et de Cherchell. Pendant que Rommel se fait repousser vers l'Ouest, le Mutin poursuit sa progression vers l'Est et atteint Bône. C'est de ce port allié que Holdsworth et un de ses adjoints partent pour Tabarka (Tunisie), où ils débarquent discrètement pour s'infiltrer derrière les lignes allemandes. Pour ce type d'opération, le Mutin reste en arrière. Base de repli des agents, il est primordial qu'il reste intact. En avril 1943, le roi Georges VI, rend visite au Mutin alors qu'il relâche à Alger.

Au cours d'un convoyage, le cotre est mitraillé par deux avions ennemis. Endommagé sous la ligne de flottaison et au niveau du gréement, il est sommairement réparé à Ferryville avant de passer au bassin à Malte. Le Mutin se rend alors en Italie. C'est un des premiers bâtiments à entrer à Brindisi, puis dans plusieurs autres ports italiens en arborant le "White Enseign" (pavillon de la Royal Navy). Fin 1943, le Mutin reste à Manfredonia et au sud de la péninsule de Gargano, comme base de repli pour les commandos, et effectue quelques patrouilles le long des côtes. En juin 1944, il fait voile jusqu'à Monopoli, distant de 84 nautiques, où il monte sur le slip du chantier local Dormio. Lorsque Ancône tombe, le bâtiment monte alors plus au nord que jamais, jusqu'à Rimini, non sans avoir essuyé une nouvelle attaque aérienne, sans dommages toutefois.

En septembre, l'état-major décide de rapatrier le Mutin en Angleterre. Il appareille pour Alger au mois d'octobre, passe Gibraltar. Puis, malgré un terrible ouragan au large de l'Espagne qui le contraint à amener toute la toile durant plusieurs jours et à mouiller une ancre flottante de fortune, il rallie Helford River le 6 novembre 1944. Le lendemain, deux membres d'équipage seront retrouvés noyés accidentellement dans la cale.

En janvier 1945, le Mutin est envoyé au chantier naval de Fowey pour y subir un grand carénage, puis ordre est donné à son équipage de le ramener en France. Il rallie ainsi, au milieu d'une flottille de bateaux, la Normandie, première région française libérée, et s'engage dans le canal de Caen, accueilli avec émotion par la population. Il est alors affecté aux écoles préparatoires du pont, école de maistrance et école des mousses, implantées au château du Dourdy en Loctudy. Le Mutin, rejoindra le 20 juillet 1946, l'école de pilotage.

Le 1er novembre 1964, il est affecté à l'école de manoeuvre, à la fermeture de l'école de pilotage, pour remplacer un autre cotre, le Dolphin, ex Simone Marcelle acheté par la Marine en 1954 et condamné le 24 février 1964.

En 1968, le « groupe Richelieu » disparaît, et l'État-Major de la marine l'affecte au groupe des écoles du Poulmic, unité à laquelle il appartient toujours aux cotés des goélettes Étoile et Belle Poule. Ses missions principales sont l'instruction au profit des élèves de l'école navale et la représentation.

Toutes catégories confondues, il est actuellement le plus vieux bâtiment en service dans la marine nationale.

Sources :

 source : site web net marine

photo: François Olivier Corman

 

www.netmarine.net/g/bat/mutin

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