Direction du port - Brest -
Chaque port militaire abrite ce que les marins appellent familièrement la "dépé" qui existe depuis Colbert puisque créée en 1674 par ordonnance. Son origine est liée à l'organisation même de la marine royale. C'est en 1664 que la première capitainerie est installée à Saint Tropez. Dix années plus tard, un édit royal officialisera les lieutenances et capitaineries. C'est à cette époque que furent créés les corps d'officiers mariniers et de matelots gardiens de vaisseaux dans les ports, dont la fonction essentielle consiste en la surveillance et la sauvegarde des bâtiments à quai. Le recrutement s'opère au sein des anciens gardiens de la marine royale qui sont placés sous la direction du "capitaine du port". L'ordonnance royale de 1674 prévoit le maintien, la conservation dans les ports de forces maritimes ainsi que la discipline dans les arsenaux. Ce règlement et le statut des personnels ne variera pas pendant un siècle. En 1776 un nouvel édit royal définit la fonction des marins des ports. Ils sont chargés des mouvements des navires, de l'atelier de cordage, de la garniture, de l'inspection des apprentis canonniers employés aux corvées ainsi que des journaliers et escouades de forçats. En outre la sécurité contre les incendies, l'entretien du port et le balisage font également partie de leurs attributions. Lors de la révolution française, de nouveaux décrets de réorganisation de la marine sont promulgués. Un an après l'accession au trône de Louis Philippe, une ordonnance crée des escouades de gardiennage et de gabiers dans les six ports militaires français. Ces agents sont recrutés dans la tranche d'âge 30/40 ans parmi les "marins revenant de mer", accréditant déjà le statut de vétéran. Ces marins sont dépendants des mouvements du port, ils portent l'uniforme de la "royale" mais ne sont pas militaires. Les grades se répartissent en gabiers (1ere & 2e classe), contremaître et patron, la spécialité de canotier viendra se rajouter par la suite. Le 21 novembre 1874 est créé le corps militaire de "marin vétéran" au sein duquel sont intégrés les gabiers de port et les gardiens de vaisseaux.
L'avènement de la propulsion à vapeur va créer de nouveaux besoins en personnel, ainsi février 1877 voit la création de "vétérans mécaniciens" destinés à la réparation et la conduite des bâtiments. L'amiral Rigault de Genouilly déclarait alors: "depuis 3 siècles le corps n'a cessé de montrer de la vigueur, de l'activité, une grande connaissance du métier de marin et un dévouement auquel il est fait appel dans les circonstances périlleuses". L'appellation de "vétéran" subsistera jusqu'en 1926 pour laisser ensuite la place à celle de "marin de port", mais en 1944 le statut de personnel militaire lui est à nouveau attribué. L'appellation d'agent militaire voit le jour en 1970.
Missions dévolues à la direction du port et moyens mis en œuvre
Très tôt est apparu nécessaire de fournir aux bâtiments de guerre dans un port militaire toutes les prestations indispensables :
-Remorquage, pilotage, manœuvres d’appareillages et d’accostages, ravitaillement en eau, vivres, munitions et ce autant à quai qu’au mouillage sur rade foraine.
Avec l’avènement de la vapeur et, après la 1ere guerre mondiale l’évolution des machines et des installations d’artillerie transforme le navire de guerre et crée des besoins nouveaux dans les ports: - Les quais s’équipent de bouches à eau douce, de collecteurs d’incendie, de prises de courant électrique. - Aux chaloupes, bugalets, radeaux et pontons divers viennent s’ajouter des vedettes à moteur, des citernes diverses, des chalands chauffeurs et bien sûr des gabares et des remorqueurs. - les ports de Brest et Toulon doivent aussi créer une importante flotte de transport pour assurer le service de personnel vers l’ile Longue, Lanvéoc et pour Toulon la presqu’île de Saint Mandrier.
Evolution du matériel
Dès le début du 19e siècle apparaît le remorqueur de haute mer qui toutefois sera armé par des marins des équipages de la flotte. Les remorqueurs de port de moyen tonnage (600 à 1000 cv) seront armés par des marins du port. Le moteur diésel remplacera peu à peu la machine à vapeur alternative, et plus récemment la tuyère ‘Kort » et la propulsion cycloïdale de type « Voigth Schneider » feront leur apparition.
A ces moyens classiques viendront s’ajouter d’autres bâtiments de servitude spécialisés dans la lutte anti-pollution, les travaux sous-marins, les manœuvres spécifiques liées aux sous-marins lanceurs d’engins.
Personnel de la direction du port
Le directeur du port est en général un capitaine de vaisseau placé sous l’autorité du major général du port. L’état-major de la DP se compose du commandant en second qui est directeur adjoint, assisté de plusieurs officiers dont un chef d’exploitation chargé des mouvements des navires. Différentes spécialités sont représentées au sein des DP : - Les pilotes de port, officiers et officiers mariniers, personnels hautement qualifiés qui sont chargés d’assister les commandants des bâtiments lors des opérations d’accostage et d’appareillage, ils coordonnent les mouvements des remorqueurs et sont responsables de la manœuvre. - On trouve également des manœuvriers et des mécaniciens et aussi des charpentiers, des voiliers et des plongeurs successeurs des scaphandriers (pieds lourds).
Et même si aujourd’hui certaines missions comme le transport de rade, ont tendance à être externalisées, les directions de port gardent encore un rôle essentiel au sein de la marine nationale.