2e dépôt des équipages, Brest - Service Marine
Dans chaque région maritime existait une caserne, appelée dépôt des équipages, qui accueillait les marins débarqués de leur unité pour une raison ou une autre, ou en instance d’embarquement. Les dépôts des équipages étaient numérotés selon leur région maritime d’implantation : 1er dépôt à Cherbourg, 2e dépôt à Brest, 3e dépôt à Lorient, 4e dépôt à Rochefort et 5e dépôt à Toulon A Paris c’est la caserne de la Pépinière qui, sans en avoir l’appellation officielle, jouait le rôle de dépôt pour les personnels en transit par la capitale. Parfois, ces casernes, qui en général étaient d’imposants bâtiments, à l’architecture caractéristique du 19e siècle, abritaient aussi un centre de formation maritime, c’était le cas au dépôt de Brest. Le séjour des marins en ces lieux pouvait varier de quelques jours à quelques semaines, aussi de nombreux services et loisirs étaient mis à leur disposition.
Le dépôt des équipages hébergeait également une prison où les marins indisciplinés, débarqués de leur bâtiment pour l’occasion, y effectuaient leur peine sous la surveillance de leurs congénères. A Brest, le 2e dépôt était situé à l’origine dans le quartier de Recouvrance, il dominait les bassins de Pontaniou. Par la suite il a émigré dans le fond de la Penfeld auprès du parc des expositions.
Dans l’ouvrage « La mer à boire », l’écrivain Michel de Saint Pierre décrit ainsi le dépôt des équipages : « Au dépôt. Tous ces gens allaient, venaient, se croisaient sans se connaître, comme des barques dans la brume, faisaient une brève escale dans cette caserne et disparaissaient. Une société éphémère et constamment renouvelée dormait là, mangeait là, rêvait là, dont les membres ne s’occupaient guère les uns des autres. Il existe chez les marins une sorte d’indifférence, épanouie dans le sourire vague et la sérénité un peu hautaine que l’on rencontre à tous les degrés de la hiérarchie. Les gens de mer partent volontiers. Ils font profession d’absence. Le domaine bien clos du 5e dépôt des équipages de la flotte n’y pouvait rien, et ses murs de craie et de chaux vive semblaient moins odieux d’être ainsi battu par un grand ressac d’hommes en fuite. »
Texte repris par Jean Randier dans « L’éperon et la cuirasse », éditions de la cité, 1972, page 141.