Le Notre Dame de Lourdes (LR 3507) était un chalutier classique à coque bois, construit à La Rochelle en 1938. Il était exploité à partir de ce port par l’armement Couvelar & Hagnéré qui avait à sa tête une femme, Mme Hagnéré ce qui n’était pas courant à l’époque. Le bateau jaugeait 21,28 tonneaux, il était équipé d’un moteur Bolinders de 45 chevaux, ce qui en faisait un petit chalutier côtier d’une quinzaine de mètres de longueur qui l’autorisait à pratiquer la pêche en 1ere zone. Outre le patron et le mécanicien, trois matelots complétaient l’équipage.

ND de Lourdes avait appareillé de La Rochelle ce 27 novembre 1945 pour se rendre sur ses lieux de pêche habituels au large de la côte charentaise, hélas on ne devait plus jamais le revoir. Le temps était calme, le vent faible, ce qui exclue la cause de mauvais temps pour expliquer cette disparition. Il ne restait que la probabilité que le chalutier ait heurté une mine dérivante encore nombreuses à cette époque dans cette région. En raison de la proximité des ports de La Pallice et La Rochelle les allemands considéraient ce secteur comme très favorable à un débarquement allié, aussi avaient-ils mouillé une impressionnante quantité de mines dans les atterrages de ces ports, et longtemps après la fin des hostilités on allait encore dénombrer de nombreuses victimes.

Le 4 décembre, le chalutier Berceuse de Jocelyn va apercevoir en mer de nombreuses épaves, dont l’une recueillie, sera formellement reconnue par l’armateur comme provenant du ND de Lourdes. Au vu de l’état de ces épaves brisées et déchiquetées il ne faisait plus guère de doutes quant à la cause de la perte du chalutier par une mine. Le drame aurait eu lieu à une trentaine de milles dans l’W-SW du phare des Baleines situé à la pointe occidentale de l’île de Ré.

L’équipage de ND de Lourdes était composé de Désiré Cadic, patron (53 ans) – Philippe Terrasse, mécanicien (45 ans) – Yves Pellaé, matelot (44 ans) – Théophile Talidec, matelot (42 ans) et René Arhan, matelot (34 ans). Le corps du patron Cadic sera retrouvé sur la côte de Vendée le 24 décembre 1945, établissant le funeste bilan de ce naufrage à un mort et 4 disparus. La communauté maritime de La Rochelle fut bien sur endeuillée par ce terrible drame, mais aussi la commune de Plouhinec (Finistère) dont les 3 matelots étaient originaires. A noter, comble de malheur, le patron Cadic effectuait sa dernière marée, il devait prendre sa retraite à l’issue de celle-ci.