Claude Paul Marie Albert Dognin
est né le 20 janvier 1914 à Calais (Pas-de-Calais (62))
Claude naît le 20 janvier 1914 à Calais (Pas-de-Calais (62)), 32 rue de la Douane. Il est le fils de Pierre Henri Jean Etienne Dognin, officier de la Légion d’Honneur, et d’Elisabeth Marie Camille Fournier. Claude est le 3e d’une fratrie de 7 enfants. Il passe son enfance et fait sa scolarité à Calais, où son père dirige l’usine de la société de "Dognin et compagnie" dont la fabrication de tulles et dentelles est répartie entre les sites de Calais et de Lyon. Claude fait ses études au pensionnat de Saint-Pierre de Calais. Après son baccalauréat, il suit les cours de préparation aux grandes écoles à l’institut S.G. de Marcq-en-Barœul (Nord) de 1932 à 1934, puis il intègre l’école d’ingénieurs de Centrale à Paris.
Titulaire de son diplôme d’ingénieur des arts et manufactures en 1937, il est appelé dans la Marine nationale pour effectuer son service militaire. Il est incorporé, en octobre 1937, avec le grade d’aspirant, à la "Commission d’études pratiques de l’artillerie de côte" (C.E.P.A.C.) à Toulon. Il suit une formation maritime et les cours de spécialité canonnier.
Il est promu enseigne de vaisseau de 2e classe le 15 avril 1938, et affecté au "Groupe d’artillerie mobile de Montebourg", près de Cherbourg (Manche). Cette ancienne base de ballons dirigeables sert de cantonnement au groupe mobile d’artillerie lourde de côte et de défense contre avions, comprenant deux batteries mobiles de 155 mm et quatre batteries de DCA. Les matériels sont stockés dans les anciens hangars d'aviation d’Ecausseville.
Au cours de cette affectation, il fait deux embarquements sur le torpilleur "Bouclier" de la "14e division des torpilleurs légers" basée à Lorient.
En avril 1939, il est démobilisé et s'installe à Villeurbanne pour travailler comme ingénieur à l'usine "Dognin et Cie".
En septembre 1939 lors de l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, Claude est mobilisé, et rejoint son affectation de réserve à la "Batterie côtière de Boulogne". Deux mois plus tard, il retourne à Montebourg pour réarmer les batteries de 155 mm, qui sont intégrées au 1er régiment de canonniers marins déployé dans le secteur de Calais. En novembre 1939, Claude intègre le 2e groupe mobile de 155 mm, qui est envoyé en Belgique en appui d’artillerie aux unités d’infanterie qui ont pour mission de stopper l’avancée des forces allemandes. Ce groupe est composé de deux batteries chacune commandée par un lieutenant de vaisseau.
Après trois semaines de combat, le groupe revient devant Dunkerque pour protéger la retraite des troupes alliées et leur embarquement vers la Grande Bretagne. La 2e batterie commandée par le LV Brenot est positionnée à Zuidcoote, près de la frontière belge. La 3e batterie commandée par le LV Jabet est positionnée au sud de la ville. Le 2 juin 1940, la 2e batterie ne dispose plus que d’une pièce. Claude rejoint la 3e batterie qui prend part aux combats pour la destruction d’un pont sur le canal de Furnes et la neutralisation de positions allemandes. Claude est blessé au bras lors de ces combats. Le lendemain la situation du secteur de Coudekerque-Branche, est devenue plus difficile sous le feu ennemi. Le lieutenant de vaisseau Jabet, commandant la 3e batterie est tué, et les autres officiers de l’unité sont gravement blessés. Malgré sa blessure, Claude prend le commandement de la batterie et poursuit le combat jusqu’à épuisement des munitions, puis procède au repli des personnels et des matériels vers Dunkerque. Les morts et les blessés sont transportés au port de Dunkerque. Les pièces d’artillerie et les matériels de traction ne pouvant être embarqués sont détruits. Claude et ses hommes, ainsi que les personnels du LV Brenot et l’équipage du torpilleur "L’Adroit", détruit, sous le commandement du CC Dupin de Saint-Cyr, embarquent dans la nuit du 3 au 4 juin sur l’un des derniers navires alliés à quitter Dunkerque avant l’occupation de la ville dans la matinée par les forces allemandes. Ils réussissent à rallier le port de Douvres (Grande Bretagne), puis Brest (Finistère). Arrivé à Brest, Claude est hospitalisé à l’hôpital maritime pour être soigné de sa blessure au bras reçue à Dunkerque.
Claude est cité à l’ordre du corps d'Armée en ces termes : "Officier actif et courageux. Blessé devant Dunkerque a refusé de se laisser évacuer avant d’avoir regroupé et replié le personnel et le matériel de la Batterie". Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec étoile d'argent.
Claude est cité à l’ordre de l'Armée de mer en ces termes : "Officier d’élite commandant un Groupe de 2 pièces de 155, placées en première ligne, a dirigé, malgré les plus violents bombardements, des tirs efficaces sur les rassemblements et positions allemandes. Le 2 juin, a participé à la destruction d’un pont de bateaux allemands situé sur le canal de Furnes. A, par son calme, permis le repli de son personnel, jusqu’au port de Dunkerque et l’embarquement en bon ordre". Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.
Sans le savoir Claude était à quelques kilomètres de son père Pierre Dognin qui était bloqué sur la plage à Dunkerque. Pierre Dognin, officier de réserve, avec le grade de commandant, était mobilisé dans l’armée de terre et avait pris part à la bataille de France. Il est fait prisonnier à Dunkerque et envoyé en captivité en Pologne.
Dès l’occupation du nord de la France par les forces armées allemandes, madame Dognin et ses enfants quittent Calais pour s’installer d’abord en Lorraine dans leur résidence de Chaligny (Meurthe-et-Moselle), puis plus tard, à Lyon (Rhône), quartier Bellecour.
A Brest, la Marine nationale procède à l’évacuation de tous les militaires français présents avant l’arrivée des forces allemandes. Claude embarque sur un bâtiment de guerre qui rejoint le port de Casablanca (Maroc). Sa compagnie de canonniers marins a pour mission de mettre en place sur le port une batterie destinée à renforcer la défense contre avions. La batterie est constituée de 2 affûts doubles de 90 mm et des affûts doubles de 37 mm prélevés sur le cuirassé "Jean Bart" qui vient d’arriver du chantier de construction de Saint-Nazaire.
Claude est promu enseigne de vaisseau de 1re classe le 2 septembre 1940.
Le 3 novembre 1940, il est affecté, administrativement à l’ "Artillerie côtière d’Oran". Sur sa demande, il rejoint la "Batterie côtière de Nemours" qui vient de recevoir des canons de 155 mm, dont il connaît bien de fonctionnement. Il est nommé chef de pièce, adjoint au lieutenant de vaisseau Mousset commandant la batterie mobile qui est installée à la pointe du phare, à l’ouest du port. Ce port marchand est aménagé près de la frontière marocaine, pour le développement du commerce entre le Maroc oriental et l’Algérie occidentale et les ports du sud de la métropole.
Claude est nommé chevalier de la Légion d’honneur, par décret du ministre de la Marine du 20 octobre 1940, pour les faits de guerre du mois de juin 1940 devant Dunkerque.
Le 28 mars 1941, un convoi de 4 cargos marchands français appareille du port de Casablanca (Maroc), chargés de caoutchouc, de vivres et de passagers à destination du port de Marseille. Le convoi qui est escorté par le torpilleur "Simoun" de la Marine nationale française franchit le détroit de Gibraltar sans problème et entre en mer Méditerranée. Le 30 mars, à 9 h 00 du matin, le convoi est rejoint par une escadre anglaise composée d’un croiseur et de quatre torpilleurs, qui désire le contrôler. Le commandant du torpilleur français refuse d’obtempérer et ordonne aux cargos d’aller se mettre à l’abri dans le port de Nemours. Ce port est défendu par une batterie mobile de 4 canons de 155 mm. Deux pièces sont en état de tirer. Un échange de tirs a lieu entre l’artillerie des unités britanniques et la batterie côtière. L’échange ne dure que quelques minutes, mais le bilan de ce combat est lourd du côté français : 4 morts, dont Claude Dognin, et 11 blessés, dont 3 graves.
L’acte de décès est dressé le 31 mars 1941 à la mairie de Nemours (Algérie). Des obsèques solennelles sont organisées à Nemours. A l’issue de l’office religieux célébré à l’église paroissiale, les honneurs militaires sont rendus sur le parvis, en présence du vice amiral d’escadre préfet de la 4e région maritime, le général commandant le secteur ouest de l’Algérie et du préfet d’Oran.
Un mémorial est érigé dans le cimetière de Nemours, près des quatre tombes des marins décédés lors de cet événement tragique. Le corps de Claude est rapatrié en métropole dans les années 1960, et inhumé dans le caveau familial au cimetière nord de la ville de Calais. Le nom de Claude Dognin est inscrit sur une plaque commémorative de l’école centrale à Châtenay-Malabry (Haut-de-Seine (92)).
Claude est cité à l’ordre de l’Armée de mer, en ces termes : "Officier d’élite qui avait déjà donné sa mesure au cours de la Campagne de Belgique et devant Dunkerque. Dirigeait personnellement le tir d’une pièce de 155 en position découverte sous un feu efficace et nourri, donnant par son calme et son autorité le plus haut exemple de courage et de sang-froid. A été tué à son poste." Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec palme.
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- Légion d'Honneur (chev.)
- Croix de Guerre 39-45 avec palme (s)
- Médaille des blessés
- Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer
- Citation à l'Ordre du Corps d'Armée
Régiment de canonniers marins
Dès le mois d'août 1914, la Marine nationale propose au Ministère de la Guerre de lui céder les disponibilités d'artillerie et de personnels pour prendre part à la guerre terrestre. Elle crée un "Régiment de canonniers marins" formé de 2000 hommes venant des ports de Brest et de Lorient avec leurs pièces d'artillerie de 14 cm. La défense des s...