Alfred Joseph Ludovic Ricodeau

est né le 03 avril 1870 à Marseille (Bouches-du-Rhône (13))

Son père, Pierre Louis Célestin (Ludovic Célestin Pierre sur certains documents) dont la famille est originaire d’Aubigny-Ville (aujourd’hui Aubigny-sur-Nère, dans le Cher) exerce la profession de menuisier. Sa mère, Marie-Madeleine Rosso, chapelière, est native de Vigone, près de Turin, dans le Piémont.

La famille s’agrandit rapidement : Michel naît en 1871, Alfonse en 1873, Victor en 1875 et Anne en 1876. À cette époque les Ricodeau se sont installés rue du Progrès, non loin du "Vieux Port".

L’année 1878 sera extrêmement douloureuse : la petite sœur, Anne, décède à vingt-deux mois, et la maman, Marie-Madeleine, la rejoint trois mois et demi plus tard. À cette date, Alfred, qui est l’aîné, n’a que huit ans.

On n’a que peu d’éléments sur les études qu’il a suivies, mais il est vraisemblable qu’il ait navigué assez tôt au commerce (l’âge minimum étant de 16 ans, mais déjà, dès 10 ans il pouvait, avec l’accord de son père être "inscrit maritime provisoire").

Le 23 octobre 1888, à 18 ans révolus, il est convoqué pour passer le conseil de révision. "Étant l’aîné de plusieurs enfants ayant perdu leur mère", il a pu être dispensé des obligations militaires (les dispensés ne partaient pour le service qu’en octobre de chaque année). Il est classé par ce conseil "inscrit maritime définitif" sous le numéro 4716 au quartier de Marseille.

Alfred entame alors une brillante carrière dans la Marine Marchande : à force de volonté, il obtient le brevet de capitaine au long cours, et sert principalement sur les navires de la "Compagnie française de navigation à vapeur Cyprien Fabre & Cie".

À l’époque, cet armement, dont le siège social est à Marseille, dessert surtout les ports de l’Afrique Occidentale Française, mais il s’est également spécialisé dans le transport des pèlerins musulmans du Maghreb vers les lieux saints de l’Islam. Au cours d’un de ses voyages vers Djeddah (Arabie saoudite), le vapeur "Libia" que commandait Alfred Ricodeau, s’est trouvé pourchassé par des pirates qui en voulaient très certainement à l’argent des passagers. Grâce à son calme et son habileté manœuvrière, Alfred réussit à les dissuader dans leur tentative, ce qui lui valut les chaleureux remerciements des pèlerins (voir reproduction d’aquarelle).

Auparavant, le 21 février 1901, Alfred avait épousé Marie Vérane Honnoré, née comme lui à Marseille, et dont le père, décédé, exerçait de son vivant la profession de maître carrier. Le couple s’est alors installé avec une partie de la famille d’Alfred, dont son père, rue des Clairistes. Trois enfants naissent de leur union : Clémentine, en 1902, puis Pierre qui, plus tard naviguera également à la Compagnie Fabre, et Victor en 1907.

Cette période de bonheur verra malheureusement son terme à l’approche de la Première Guerre mondiale : le 3 mai 1914, le "Libia" qui se trouve en escale à Dakar, est réquisitionné et son commandant reçoit, de ce fait, une commission d’enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire.

Des textes officiels ont prévu qu’en cas de conflit, certains bâtiments de commerce soient dotés d’un armement militaire, armement en matériel, mais aussi en personnel (A.M.B.C.). De ce fait, le vapeur est "militarisé": il est doté d’un canon de 90 mm monté sur affût de côte (voir photographie jointe), et reçoit, en supplément de personnel, trois canonniers de la Marine nationale pour servir cette arme (la biographie de l’un d’eux, André Lagadec, figure sur ce site).

La mobilisation générale est décrétée le 2 août 1914, et à partir de cette date, le "Libia" effectue de nombreuses missions, soit dans la fonction de cargo, soit dans celle de transport de troupes. Les plus significatives sont les suivantes :

- en septembre 1914, il achemine de Dakar jusqu’à Marseille une partie du "Régiment de marche des tirailleurs sénégalais",

- entre mi-avril et fin mai 1916, le vapeur fait partie de la cinquantaine de bâtiments de commerce français qui transfèrent l’armée serbe reconstituée sur l’île de Corfou (Grèce) vers Salonique (Thessalonique) pour qu’elle reprenne le combat,

- enfin, le 1er juillet 1917, il appareille de Toulon, effectue un court passage à Marseille, son port d’attache, puis appareille en direction du détroit de Gibraltar, pour faire route vers Casablanca (Maroc).

Une première fois, sans doute, il échappe à son destin : le 7 juillet, vers 21 h 00, alors qu’il se trouve à l’est de San Pedro del Pinatar, au sud de Valence (Espagne), l’équipe de quart aperçoit droit devant un sous-marin qui plonge rapidement et ne donne pas de suite agressive à son approche.

Le 10 juillet, le "Libia" porte assistance au vapeur anglais "Sahara" qui transportait du nitrate du Chili vers Port-Vendres et s’était échoué près de l’île de Tabarca, au voisinage d’Alicante : son concours sera précieux pour le renflouement du navire allié.

Le 12 juillet enfin, le vapeur arrive à Casablanca où il ne fera qu’un court passage pour effectuer quelques réparations, avant de gagner Safi, plus au sud.

Dans ce port il embarque 30 000 sacs d’orge et appareille le 25 juillet en direction de Brest que malheureusement il n’atteindra jamais.

Le 2 août 1917, vers 21 h35, alors qu’il se trouve par mer agitée, tous feux masqués, mais la nuit étant claire, à environ 70 milles à l’ouest de la pointe de Penmarc’h située dans la partie sud-ouest du Finistère, le "Libia" est torpillé par le sous-marin allemand "U 61".

Deux jours plus tard, alors qu’il s’estime à 8 milles au sud-ouest du chenal du Four, le chalutier "Albatros III" du port de Saint Nazaire, porte secours à un canot contenant 15 rescapés du vapeur. Mais 26 hommes manquent à l’appel, dont le commandant du bâtiment.

Par arrêté du ministre de la Marine en date du 22 octobre 1919, l’enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire Alfred Ricodeau, ainsi que son 2e capitaine, Noël Mariani, sont cités à l’ordre de l’armée en ces termes : "Disparus lors du torpillage de leur bâtiment après avoir tenté tout ce qui était possible pour sauver leur équipage".

Le ministre de la Marine a aussi décerné un Témoignage Officiel de Satisfaction à l’équipage du vapeur "Libia" (compagnie Cyprien Fabre) : "Pour l’énergie et la courageuse attitude de chacun lors du torpillage de ce bâtiment le 2 août 1917".

L’enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire Alfred Ricodeau, déclaré "Mort pour la France" comme tous les marins du "Libia" qui ont disparu lors de cette tragédie, sera fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume par arrêté du 22/10/1919 (Journal Officiel du 16/11/1919).

Ses trois enfants, Clémentine, Pierre et Victor seront déclarés "Adoptés par la Nation".

Il était Enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire.
Son unité : Libia
  • Légion d'Honneur (chev.)
  • Croix de Guerre 14-18 avec palme(s)
  • Médaille commémorative de la Grande Guerre
  • Citation à l'Ordre de l'Armée
Il est décédé le 02 août 1917.
Son décès est inscrit à la commune de Marseille (13)
Document portant la mention MPLF : Jugement décès
  • Service Historique de la Défense
  • Internet : Forum Pages d’Histoire : marine – FORUM pages 14-18

Libia

Libia - cargo à vapeur Torpillé au large de Penmarc'h le 2 juillet 1917 – 26 victimes

Le Libia était un cargo à vapeur de la compagnie Cyprien Fabre. Il avait été construit en 1889 sous le nom d'Attivita pour le compte de Zino Fratelli de Savone (Italie). En 1912 il est cédé à la Banco di Roma, toujours sous pavillon italien et prend le nom de <...

Libia
184271
Ricodeau
Marseille
Bouches-du-Rhône (13)
03 avril 1870
HE
NULL
Il a été décoré : Citation à l'Ordre de l'Armée,Croix de Guerre 14-18 avec palme(s),Légion d'Honneur (chev.),Médaille commémorative de la Grande Guerre
Jugement décès Marseille n°1918
C 12x17