Yves Bloc'h

est né le 19 mai 1911 à Plogoff (Finistère (29))

La commune se situe à l’extrémité du Cap Sizun, dans le sud-Finistère. Son territoire s’étend de l’anse du Loc’h, à l’est, à la baie des Trépassés qu’ont évoquée Emile Souvestre, Auguste Brizeux, et bien sûr Anatole Le Braz, et la pointe du Raz, occupée dès le néolithique, face à l’île de Sein, à l’ouest.

Quand naît Yves Bloc’h, Plogoff comprend 2535 habitants.

C’est le petit dernier de Clet, marin à la pêche, et de Marie Tréanton son épouse, qui tient un café-épicerie. Le couple a déjà un fils plus âgé, Laurent, né le 29 février 1902. La famille vit au village de Penneac’h, situé comme les différents hameaux à l’abri d’un littoral particulièrement rude. Sans doute était-ce déjà le domicile de l'épouse, veuve de Laurent Le Berre, dont elle a eu 3 enfants, Anne Marie, née en 1886, Jean-Yves, né en 1888, et Lucie Marie, née en 1894. Les deux aînés se marient alors que le petit Yves va sur ses 6 mois.

A Plogoff, les habitants vivent surtout de la pêche et du brûlage du goëmon, dont on tire la soude.

La commune compte parmi les plus pauvres du département, et en dépit de ses efforts, elle devra demander l’aide du conseil général afin de financer la réalisation de sa première école, quand la loi en fera obligation.

C’est à «l’école du bout du monde», comme on l’appelle aujourd’hui, que le jeune Bloc’h effectuera sa scolarité primaire. Yves était certainement un excellent élève, dont les capacités avaient été remarquées, car il fréquentera quelque temps le collège-lycée de Pont-Croix, ou petit séminaire Saint Vincent, qui a longtemps formé les élites locales, avant de se diriger lui aussi vers la pêche, sans doute pour aider son père.

Il devance l'appel, et est incorporé le 1er décembre 1930 au "2e Dépôt" à Brest, en tant que matelot de 2e classe, et embarque dès le 27 décembre de la même année à bord de l'aviso "Ancre". A l'issue de son service militaire, il s'engage dans la Marine nationale, à l'instar de son frère Laurent, qui est officier marinier, et entre à l'école de pilotage de Saint Servan en avril 1931 pour une formation de 4 ans que couronnera le brevet de pilote de la flotte, le 1er septembre 1935.

Jusqu'en 1965 il y a eu un pilote par navire pour guider le commandant, tous formés à l'école de pilotage, et les marins sont nombreux, durant leurs heures de loisir, à profiter de la station balnéaire de Saint Servan sur mer, rattachée depuis 1967 à la cité corsaire de Saint Malo.

Il est breveté gabier depuis le 1er octobre 1931, a été nommé quartier-maître le 1er juillet 1932, puis promu second maître le 1er juillet 1935.

Le 21 janvier 1936, il embarque à bord d'un sous-marin de la 2e escadrille, dont il fera partie pendant plus de deux ans, escadrille qui patrouille aux abords d'Oran.

Le 23 mars 1938, il est à nouveau inscrit au rôle du bâtiment "Ancre", afin d'effectuer son stage d'admission au grade de maître, qui lui sera octroyé le 1er juillet 1939

Il y a déjà plusieurs années qu'il connaît la charmante Eugénie Bourdet, qu'il avait d'ailleurs élue pour être sa "présidente" lorsque lui-même présidait le bal de sa promo, en décembre 1934. Désormais admis, il l'épouse à Saint Servan, le 6 août 1938. Une petite Yvette leur naîtra le 4 avril 1940, au 25 de la rue Dauphine.

Le 25 octobre 1938, il reprend la mer à bord du torpilleur "Foudroyant", est rappelé le 5 mars 1939 à la 4e escadrille de sous-marins, avant de revenir, le 10 mai, à bord du "Foudroyant".

Ce navire, qui est à cette époque rattaché à la "5e division de torpilleurs", basée à Brest, a participé peu de temps auparavant aux évacuations de Valence, bloquée par les troupes de Franco et du général Gambara. Durant les premiers mois de guerre, il escortera des bâtiments de Brest à Casablanca et à Gibraltar. Envoyé à Dunkerque à la fin d'octobre 1939, il assure la protection de trains de péniches du Rhin, évacuées de Hollande entre Dunkerque et Le Havre.

Au cours de ces patrouilles en mer du nord, le torpilleur sera attaqué plusieurs fois par les Allemands.

En avril-mai 1940 Il participe également à la campagne de Norvège.

Le 1er juin 1940, alors que le bâtiment revient de Douvres où il a participé à l'évacuation de l'armée du nord, il est attaqué et coulé à environ 6 milles de Fort Mardyck.

Le 14 juillet 1940, le maître pilote Yves Bloc'h sera inscrit au tableau spécial de la médaille militaire pour "faits de guerre", avec la citation suivante : "D'un sang-froid parfait sous le feu, ce pilote a renseigné avec clarté son Commandant manoeuvrant à grande vitesse sous les bombes d'avion, au milieu des bancs et des champs de mines".

Recueillis par les pêcheurs les marins sont regroupés à bord du "Sainte Bernadette de Lourdes", qui sera torpillé à son tour.

Rescapé des deux naufrages, Yves bénéficiera de quelques jours de permission à Brest, avant d'être affecté le 25 juillet sur le chasseur de sous-marin "CH 2" basé à la station frontalière navale de la Bidassoa, au pays basque.

Le chasseur de sous-marin "CH 2" est intégré aux "Patrouilles océan" à Casablanca, du 1er décembre 1940 au 19 mai 1942. Eugénie et son bébé rejoindront Yves en mars 1941 : le 28 février, elles ont embarqué à Marseille et, en passant par Alger, gagné Casablanca. Les marins français y sont nombreux, et les familles en sécurité. La plupart y resteront durant la durée de la guerre.

Yves sera ensuite inscrit au rôle d'équipage du sous-marin "Amazone" du 1er juin 1942 au 20 juin 1944. Quoique dépendant officiellement du CSM Toulon, le bâtiment a rallié Dakar, et participera au combat de Casablanca avant de rejoindre à nouveau Dakar.

Le 20 juin 1944, le premier maître Yves Bloch quitte "l'Amazone" pour le sous-marin "Perle". Ce sous-marin mouilleur de mines sort d'une refonte à Philadelphie, alors que "l'Amazone" y est encore en carénage. Le 26 juin, la "Perle" appareille de New London (Connecticut) pour rejoindre Holy Loch, en Ecosse, d'abord sous l'escorte du destroyer "Cokerel", puis, à partir du 3 juillet, seul, en surface, dans des conditions de mauvaise visibilité.

Ce 8 juillet 1944, le convoi ONM 243 se rend d'Ecosse à Halifax.

Le sous-marin signale bien sûr régulièrement sa position. L'information a-t-elle été toujours bien relayée ?

A 13h08, alors que le sous-marin a diffusé les signaux de reconnaissance, le pilote d'un avion Swordfish, un Néerlandais, sans doute persuadé d'avoir affaire à un Allemand, pique et tire.

Il n'y aura qu'un survivant, le premier maître mécanicien Cloarec, et 57 morts, dont Yves Marie Bloc'h, qu'Eugénie et la petite Yvette, 4 ans, attendront en vain à Casablanca. Il venait d'avoir 33 ans.

Il sera cité à l'ordre de la division avec le motif suivant : "A disparu avec son bâtiment le 8 juillet 1944, donnant à tous l'exemple d'un magnifique courage et d'un dévouement absolu".

La Légion d'Honneur attribuée à titre posthume sera remise à sa petite Yvette, âgée de 11 ans.

Son nom figure au monument aux morts des sous-mariniers, à Toulon, au monument aux morts de Plogoff (29).

Il était Premier maître.
Son unité : Perle
  • Légion d'Honneur (chev.)
  • Médaille Militaire
  • Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
  • Citation à l'Ordre de la Division
Il est décédé le 08 juillet 1944.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Plogoff (29)
Document portant la mention MPLF : Fiche Mémoire des hommes

Perle

Perle0

Le sous-marin Perle (Q – 184) est un sous-marin à double coque, mouilleur de mines du type Saphir, d'après des plans Normand-Fenaux, construit par l'arsenal maritime de Toulon. Mis en chantier en juillet 1931, à flot le 30 juillet 1935, il est mis en service le 1er mars 1937.

Ses principales caractéristiques :

761 t/1300 cv-Dimensions : 65...

Perle
184474
Bloc'h
Plogoff
Finistère (29)
19 mai 1911
HE
NULL
Il a été décoré : Citation à l'Ordre de la Division,Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s),Légion d'Honneur (chev.),Médaille Militaire
C 12x17