Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 

Le nom du marin commence par :

Laurent Corner

est né le 04 mars 1901 à Crozon (Finistère (29))

Laurent aurait pu connaître une enfance simple et heureuse en presqu’île de Crozon, dans un endroit qui séduit les visiteurs par sa beauté authentique et sauvage ; mais les événements auxquels sera confrontée sa famille en décidèrent autrement. 

               Comme partout en Bretagne à cette l’époque, on était marin ou paysan, et d’ailleurs, parfois les deux. Chez les parents de Laurent, du côté paternel, on était plutôt orienté vers la marine, et son père Pierre, avait servi sur les vaisseaux de la "Royale" en participant en particulier, sous la Troisième République, à la campagne du Tonkin, prélude à la naissance de l’Indochine française. Du côté de sa mère, née Henriette Herjean, on était un peu plus terrien et on cultivait les champs près du hameau de Trélannec en bordure de la baie de Douarnenez.                                                                    

Avant sa naissance, ses parents, qui s’étaient mariés à Crozon le 19 janvier 1894, avaient déjà eu deux enfants ; Jean Marie, né en novembre 1894, mais qui devait décéder moins d’un an et demi après, en mars 1896, et Pierre Marie, né en décembre 1898.                 

Puis, après la naissance de Laurent, la fratrie s’agrandit, par la venue au monde de Jeanne Marie, la seule fille de la famille, en septembre 1904, celle de Jean Joseph, en septembre 1907, et enfin celle de Henri Pierre Marie, le 7 janvier 1910. Malheureusement cette dernière naissance tourna au drame : Henriette, la maman, succomba des suites de l’accouchement 15 jours plus tard, et le petit Henri devait, lui aussi, décéder 12 jours après la disparation de sa mère.                                                           

Au moment de ces terribles événements, Laurent n’avait pas encore 9 ans. Le père se retrouva dans une situation très difficile, mais fort heureusement, à cette époque, la solidarité familiale jouait à plein, et Laurent fut en partie élevé par une tante.                  

 Et, quand on est « né dans une "touffe de goëmon", comme on le dit là-bas, et qu’on est bercé jour et nuit par le chant des vagues, on a de grandes chances de trouver son équilibre et des forces au contact de la mer qui constitue une école de volonté.

Laurent suivra les cours de l’école de la République à Crozon, puis, le 1er avril 1916, ayant atteint l’âge requis, et avec l’accord de son père, il entre à l’"École des Mousses" alors que la guerre était là.

L’année suivante, à 16 ans, il devient novice, et intègre, le 7 mars l'"École des Apprentis Marins" établie, à l’époque, sur le bâtiment "Armorique" ancré en rade de Brest. Cette école préparait les jeunes gens à faire carrière dans le corps des Équipages de la Flotte, et, le 15 mai 1917 après avoir signé un engagement de 10 ans à la mairie de Brest, Laurent se retrouve avec le grade de matelot et le brevet de la spécialité de timonier. Il entame alors une brillante carrière de 28 années passées au service, de la Marine nationale et de son pays, mais cette carrière qui aurait pu être encore plus longue sera tragiquement interrompue au cours de la Seconde Guerre mondiale.                                     

À partir du 10 juillet 1917, il fait ses premières armes sur l’aviso-sloop "Cassiopée" qui patrouille en Manche et en Atlantique, mais ne se trouvera pas mêlé à des combats. Son bon comportement lui vaudra légitimement, d’être promu au grade de quartier-maître le 1er janvier 1919.

C’est un peu plus tard qu’il connaîtra le baptême du feu : car si l’armistice entre l’Allemagne et la France a été signé le 11 novembre 1918, la paix n’en n’est pas pour autant solidement établie dans toute l’Europe, et la situation du côté de la mer Baltique est loin d’être stabilisée : la Pologne qui redevient un état et les Pays-Baltes, états désormais tampons, font l’objet de convoitise entre l’Allemagne et la Russie, elle-même déchirée en deux camps par la révolution bolchévique. Pour tenter de contrôler la situation et préserver la paix, la France et la Grande-Bretagne créent des missions militaires qui travaillent en coordination. La mission française (dans laquelle servait un certain capitaine Charles de Gaulle) s’établira à Varsovie en juillet 1920 mais une composante marine qui comprenait des bâtiments détachés pour constituer la "Division Navale de la Baltique" (établie à Copenhague au Danemark) opérait depuis 1919 et avait déjà dû intervenir en octobre de cette année-là en bombardant des positions allemandes devant Riga, en Lettonie.

De juillet 1920 à fin mars 1921, Laurent servait sur le croiseur-cuirassé "Gueydon" qui participa à certains des événements de cet après-guerre, ce qui lui valut d’être décoré de la médaille polonaise "Virtuti Militari"(la "valeur militaire").                                                   

La situation s’étant stabilisée, il eut alors la possibilité de penser un peu plus sereinement à son devenir.

Compte tenu de son expérience maritime et de ses goûts personnels il a alors l’opportunité d’entrer  à l'"École des Pilotes de la Flotte" située à Saint-Servan (Saint-Malo) le 31 mars 1921. La formation pour cette spécialité prestigieuse s’étalait sur environ 4 ans. Quatre années, pour partie à terre, mais surtout à la mer car il s’agissait de former des experts en matière de navigation et de manœuvre pour qu’ils puissent ensuite être les conseillers du commandement et des officiers de quart-passerelle des bâtiments sur lesquels ils embarquaient, assez souvent d’ailleurs, pour des missions occasionnelles.

Mais durant cette longue période de formation, les élèves trimaient sur les bateaux affectés à l’école : l’aviso "Chamois", commandé, durant le passage de Laurent, par le capitaine de frégate Darlan, l’aviso "Ancre", qui remplacera le "Chamois", fatigué, à partir de mai 1924, et le célèbre cotre "Mutin ", que Laurent commandera lui-même en 1931 (et qui navigue toujours en 2018 !). En quatre années, on a aussi le temps de faire des connaissances dans la région de Saint-Malo, et Laurent ne put pas résister à Marie-Louise Sertillanges qu’il épouse, le 20 octobre 1924, à l’église de Saint-Servan, en uniforme de second-maître, car il avait été promu le 1er septembre de la même année.

Il quitte, provisoirement, Saint-Servan avec le brevet de Pilote de la Flotte le 5 août 1925, et après un court séjour au "2e Dépôt" à Brest, rallie, 1er novembre 1925, le cuirassé "Diderot" qui après une refonte, vient d’être réarmé avec un équipage réduit pour servir comme navire-école. Durant les douze années suivantes, Laurent effectue, en tant que pilote, de nombreuses missions de courtes durées, quelques semaines à quelques mois, sur plusieurs bâtiments tels les torpilleurs "Arabe", "Mécanicien principal Jestin" et "Sakalave", en fonction du déploiement des forces navales, comme par exemple au cours de l’ "Expédition du RIF" au Maroc en 1924.                                       

Puis il revient à Saint-Servan sur l’"Ancre" pour effectuer le stage lui permettant d’accéder au grade de maître, promotion qu’il obtient le 13 novembre 1928, en même temps qu’une affectation à Cherbourg, à la "Flottille de la 1re Région", ce qui lui procure une certaine stabilité, car le 6 juin 1927, une petite Marie-Louise était déjà née au foyer des Corner. Deux années plus tard, le 1er novembre 1930, il est affecté pour 5 mois sur l’aviso "Ailette", puis durant 4 mois à la "Direction du Port de Cherbourg" où il apprend, le 1er juillet 1931, sa promotion au grade de premier maître, et enfin son affectation à Brest, à la "Flottille de la 2e Région". Pour peu de temps en fait, car le 31 mai 1932, sa "maison mère" de Saint-Servan le rappelle à son bon souvenir et il est affecté sur l’ "Ancre", cette fois comme instructeur, et pour 3 ans, ce qui arrangeait bien la famille car une deuxième petite fille, Henriette, devait voir le jour le 1er décembre de cette même année. À partir de juillet 1935, Laurent est orienté vers Brest et la "2e Région maritime", et après de courtes affectations de quelques mois à la "Défense littorale" du Port et sur le transport "Golo", il est désigné, le 1er septembre 1936, pour le croiseur "Dunkerque" qui est en phase d’essais. Peu après son admission au service actif, le 1er mai 1937, le bâtiment représente la France à la revue navale de Spithead (Portsmouth), manifestation organisée à l’occasion du couronnement du nouveau roi d’Angleterre, Georges VI.

Mais Laurent ne fera que 9 mois à bord, car outre le fait d’être promu maître principal dans sa spécialité le 1er avril 1937, il est admis, comme officier de 2e classe dans le corps des officiers des Équipages de la Flotte le 1er mai suivant, et l’usage quasiment établi pour la Marine, dans ce cas-là, est de faire changer d’affectation le nouveau promu. Laurent débarque donc du "Dunkerque" pour rallier la "Direction du Port de Lorient" le 9 juin 1937 et y exercer des fonctions de responsabilité pendant 2 ans et demi, c’est-à-dire sensiblement jusqu’à l’entrée en guerre le 3 septembre 1939.

Au mois de mai 1939, la Marine nationale avait fait l’acquisition d’un petit pétrolier du commerce, le "Shapur" avec, au départ, l’intention d’en faire un ponton destiné à la "Direction du Port de Lorient". À l’examen, il s’avérait que, compte tenu de son état, ce navire, rebaptisé l'"Odet", pouvait encore avoir une utilité comme ravitailleur d’appoint pour les bâtiments opérant autour de Lorient, voire même bien plus loin ; et c’est ainsi que le 15 décembre de cette même année 1939, et alors que la France avait déclaré la guerre à l’Allemagne depuis déjà plus de 3 mois, l’OE2 Corner fut désigné pour en prendre le commandement. Un mois plus tard, l'"Odet", ayant montré toutes ses possibilités, est redéployé à Beyrouth (Liban) au sein de la "Division Navale du Levant" où il arrive le 30 janvier 1940, avec pour mission de ravitailler les bâtiments français détachés dans la zone, et de réapprovisionner les citernes du port de Beyrouth à partir du terminal pétrolier d’Haïfa, en Israël, en vertu d’un accord passé avec nos amis britanniques qui "géraient" alors tant bien que mal ce port. Les événements qui vont ébranler l’Europe, et notoirement la France, à cette époque en décideront autrement quant aux missions de l'"Odet". Le bâtiment doit regagner Lorient où il se trouve le 18 juin 1940.

À quelques encablures de là, aux Chantiers de la Loire à Saint-Nazaire, un navire de combat, potentiellement parmi les plus puissants du monde, est en achèvement : le cuirassé "Jean Bart". Il n’a pas encore fait un seul tour d’hélice, n’a pas, loin s’en faut, tout son armement, mais pour les ingénieurs, les techniciens, les ouvriers, les marins, tous aussi déterminés les uns que les autres, il est hors de question de le laisser tomber entre les mains de l’ennemi. Ils travaillent d’arrache-pied, jour et nuit, pour lui permettre de sortir du bassin et gagner ensuite par ses propres moyens la haute mer, pour une destination qui n’est certes pas encore fixée, mais ce n’est pas leur problème majeur  Et, en ce 19 juin 1940, en pleine nuit, malgré deux talonnages et une attaque d’avions allemands, le "Jean Bart", commandé par le capitaine de vaisseau Ronarc’h sort majestueusement de l’estuaire de la Loire, à la fierté de tous ceux qui avaient contribué à sa construction. Le plan élaboré en concertation avec l’ "Amiral Ouest" et le major général du port de Lorient, consiste à éloigner très rapidement le cuirassé de la côte pour le préserver des attaques aériennes ennemies et ce, avec une escorte comprenant, au départ, les torpilleurs "Le Hardi" et "Mameluk". Mais pour sortir du bassin, le bâtiment doit avoir un tirant d’eau minimum, donc peu de combustible, ce qui nécessite de prévoir, par la suite, et dès que possible, un ravitaillement à la mer indispensable pour pouvoir atteindre la destination finalement adoptée : ce sera Casablanca au Maroc. Pour ce faire, deux pétroliers ont été prévus ; l’ "Odet", qui venant de faire le plein à Donges et a été dérouté alors qu’il regagnait Lorient, et le "Tarn", en provenance de Brest. L’ "Odet", comandant Laurent Corner, est à l’heure au rendez-vous : mais à pleine charge, il ne peut naviguer au mieux qu’à 7 nœuds, ce qui fait traîner le convoi, et donc l’expose. Le "Tarn", qui, ayant participé à l’évacuation de Brest a été retardé, arrive enfin vers 08 h00, et pouvant fournir 13 nœuds, permet au cuirassé de se mettre, relativement, à l’abri des attaques et d’être ravitaillé en mer, bord à bord. L’ "Odet", quant à lui, avec "ses courtes pattes", ne pourra rejoindre le groupe que dans l’après-midi pour ravitailler "Le  Hardi". À l’issue de ces opérations, le "Jean-Bart" pouvant faire route à bonne vitesse vers le Maroc, les deux pétroliers reçoivent l’ordre de se diriger vers le Verdon, à l’estuaire de la Gironde, pour recompléter leurs cuves.

Le plein ayant été effectué, le "Tarn" fait route vers Casablanca et l’ "Odet", dans son rôle de ravitailleur de région, vers Bayonne où se trouvent des bâtiments militarisés transformés en dragueurs/patrouilleurs ainsi que l’ex-ferry "Côte d’Argent" réquisitionné pour servir de transport de troupes. Il vient de contribuer à l’évacuation de Dunkerque et peut à nouveau être précieux pour d’autres missions. Malheureusement cette "escale" a lieu au moment où les Allemands investissent la zone, car la ligne de démarcation fixée par l’armistice ne consiste pas uniquement, selon une image d’Épinal, en une ligne est-ouest divisant la France en une zone nord et une zone sud, mais concerne aussi une importante bande côtière atlantique, qui longe les Landes jusqu’à la frontière espagnole et inclut donc des ports comme Bayonne. Le 25 juin, l’ "Odet" et ces bâtiments auxiliaires se trouvent piégés, et sans directives véritables, à Bayonne : les équipages sont évacués par train vers Tarbes, en zone libre, où ils vont être dispersés avant que leurs bâtiments, abandonnés bien malgré eux par leurs équipages, ne soient saisis un peu plus tard par la " Kriegsmarine".

Au 1er juillet Laurent rallie la "Direction du Port de Toulon" où il est affecté, provisoirement, en complément. Il est promu au grade d’officier des Équipages de 1re classe (équivalent à lieutenant de vaisseau) le 25 août 1940 et n’a alors de cesse que sa famille qui s’était établie à Quimper pour faciliter les études des enfants (Marie-Louise sera plus tard professeure de français et de langues vivantes, et sa sœur Henriette, professeure de couture) le rejoigne dans les environs de Toulon.

Très rapidement, ses qualités de manœuvrier ressortent au cours de missions portuaires ou côtières qu’il effectue sur les remorqueurs de Toulon, en particulier le "Paon" souvent utilisé comme porteur pour l’expérimentation de ballons captifs d'observation (les fameuses "saucisses"), et, le 1er mars 1941, il est nommé au commandement du "Champ de lancement des Salins" ainsi que du remorqueur "Homard" qui lui était quasiment attaché. Ce centre d’essai, ancêtre de l’E.C.A.N. ("Établissement des Constructions et Armes Navales de Saint-Tropez") avait pour origine l’usine de fabrication de torpilles que la société "Schneider et Cie" du Creusot avait établi au bord de l’eau dans le quartier des Bormettes à La-Londe-les-Maures. Les fonds à proximité du rivage n’étant pas suffisants pour tester les engins, une plateforme (la "Batterie des Maures") avait été installée à l’aplomb d’une roche, 3 km plus loin (Sa forme bizarre l’avait fait surnommer par les riverains "la machine à coudre" ; le socle existe toujours, mais la "machine" a été arasée et l’usine est en ruines - 2018). Le "Homard" avait, entre autres missions, d’assurer la sécurité du champ de lancement, de remorquer vers la "machine" les chaloupes qui portaient les torpilles et de récupérer les engins à l’issue des lancements. Puis, le soir il regagnait le petit port de Port Pothuau, ce qui arrangeait bien la famille de Laurent qui avait élu domicile non loin de là, rue du vieux Toulon à Hyères – Val Brise.

Hélas, le 11 novembre 1942, les Allemands franchissent la ligne de démarcation et se ruent vers Toulon. La flotte française se saborde, mais les ordres de l’Amirauté étant de préserver les bâtiments portuaires, le "Homard" tombe entre les mains de l’ennemi le 27 novembre. Le lendemain, Laurent est muté en service à terre à Toulon et démobilisé le 11 décembre. Après 3 mois de permissions au cours desquels il regagne sa Bretagne natale avec sa famille, il est placé en congé d’armistice le 11 mars 1943.                              

Le débarquement allié en Normandie a lieu le 6 juin 1944, après quatre années d’occupation. Mais déjà au mois de mai, à l’approche de l’événement, les résistants locaux qui comprennent beaucoup de "F.F.I." (Force Françaises de l’Intérieur) dirigés localement par le groupement de résistance de Douarnenez, ont effectué des actes de sabotages, notamment sur la voie de chemin de fer qui reliait à l’époque Châteaulin à Camaret, ainsi que sur des câbles de transmissions souterrains utilisés par l’armée allemande.                                                                                                                               

Le 28juin, ce sont les ruptures de lignes téléphoniques et électriques alimentant le radar de la pointe du Raz et la base aéronautique du Poulmic qui entraînent de violentes réactions de l'occupant : au matin du 30 juin, tous les accès à Crozon sont bloqués, les maisons fouillées, et 53 personnes, dont Laurent Corner, sont prises, pour beaucoup d’elles (dont lui), au hasard, en otages. Elles sont conduites en camion à Quimper et entassées dans un train qui quitte le soir même le Finistère en direction de Compiègne, ultime étape vers l’Allemagne.

Le trajet dans des wagons à bestiaux, est terriblement éprouvant et dure une dizaine de jours ; car en raison du débarquement les convois doivent passer plus au sud que d’habitude et sont souvent stoppés dans leur progression par des attaques de l’aviation alliée. À l’arrivée à la gare de Margny-lès-Compiègne, les prisonniers, déjà épuisés, doivent traverser à pieds la ville et faire plusieurs kilomètres pour rejoindre l’ancienne abbaye de Royallieu qui avait servi d’hôpital militaire pendant la guerre 14-18, et dont la caserne avait été aménagée en lieu de transit et d’internement par les Allemands. Ce "Frontstalag 122" était ainsi devenu l’antichambre de la déportation. Pour Laurent, le séjour dans ce camp dure deux semaines, et, le 28 juillet, les otages du Finistère sont intégrés dans un convoi d’environ 1200 prisonniers pour être acheminés vers le camp de concentration de Neuengamme, en périphérie de Hambourg, où ils arrivent quatre jours plus tard. De là, ils seront répartis dans des "kommandos extérieurs", ateliers annexes de travail forcé où les conditions de vie étaient extrêmement pénibles

On ne sait pas encore de façon précise dans quelles circonstances Laurent est décédé : mais le 4 mai 1945, lorsque les parachutistes de la "82e division aéroportée" américaine du général Gavin (qui devint après la guerre ambassadeur des États Unis en France) sont arrivés au camp de Neuengamme, il n’y avait plus personne et les lieux avaient été "nettoyés". Le 14 avril, l’ex-Reichfürer SS Heinrich Himmler qui sentait que la guerre était perdue pour l’Allemagne, et conscient sans-doute qu’il aurait des comptes à rendre, avait donné l’ordre d’évacuer le camp et de faire embarquer les prisonniers  qui pouvaient encore être « utilisés » dans le port de Lubeck sur des bâtiments allemands, dont le paquebot "Cap Arcona" et le cargo "Thielbeck", dans l’intention de les acheminer vers la Suède, officiellement pour les remettre à la Croix rouge locale, en échange sans doute d’une certaine bienveillance ultérieure. Mais, compte tenu de la personnalité de l’individu, il n’est pas interdit de penser qu’il ait pu concocter un tout autre scénario quand les navires auraient gagné la haute mer ! Malheureusement, ce sont des avions britanniques, non informés de la présence à bord de ces déportés, qui bombardèrent les bâtiments, et 7300 de ces malheureux périrent dans cette tragédie. Mais pour les autres, malades ou trop affaiblis par les privations, la "règle" était de les transférer dans le camp voisin de Sandbostel, mouroir ignoble où Laurent devait décéder, selon les documents officiels, le 22 avril 1945. Le typhus étant endémique dans ces camps, son corps fut certainement dissous dans de la chaux vive ou versé dans une fosse commune, et sa famille ne put donc pas honorer à cette époque sa dépouille en son pays natal.

Il reste que son nom est inscrit sur l’une des plaques apposées sur le "Mur des noms" à l’entrée du camp de Royallieu ; elles rappellent que 43553 êtres humains sont passés par ce lieu, et, pour beaucoup, sans espoir de retour.                                                                     

Il est aussi inscrit sur le Monument aux Morts de Crozon, à la colonne "Déportés", ainsi que sur une plaque qui se trouve dans l’église paroissiale Saint-Pierre de la ville.

Une autre plaque apposée à l’extérieur sur la façade sud de cette église porte l’épitaphe suivant :

                                 "À la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie

                                     dans les camps de concentration nazis pour que

                                                                     vive la France

                                                           Passant souviens-toi "

Il était Officier des équipages de 1re classe.
Son unité : Résistance
  • Légion d'Honneur (chev.)
  • Médaille Militaire
  • Croix du combattant volontaire de la résistance
  • Croix du combattant
  • Médaille commémorative de la Grande Guerre
  • Médaille commémorative interalliés 14-18
Il est décédé le 22 avril 1945.
Son décès est inscrit à la commune de Crozon (29)
Document portant la mention MPLF : Acte de décès

Service Historique de la Défense (Vincennes et Brest)

Mairie de Crozon

Amicale des Pilotes de la Flotte

"L’évasion du cuirassé Jean-Bart " (VA Ronarc’h)

L’ancienne fabrique de torpilles de La Londe-les-Maures (Document Schneider)

"La rafle de Crozon du 30 juin 1944" (Association "Etre daou Vor " - Monique Drévillon)

Résistance

En 1940, La France ne peut faire face à l’envahissement de son territoire par l’armée allemande : le gouvernement français capitule et signe l’armistice du 22 juin 1940. Mais, quelques jours avant, le 18 juin, à la

Résistance
184488
Corner
Crozon
Finistère (29)
04 mars 1901
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Il a été décoré : Croix du combattant,Croix du combattant volontaire de la résistance,Légion d'Honneur (chev.),Médaille commémorative de la Grande Guerre,Médaille commémorative interalliés 14-18,Médaille Militaire
Acte de décès 1946/64
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