Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 

Le nom du marin commence par :

Saint-Simon - Vapeur

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Le Saint Simon était un cargo à vapeur construit en 1912 à Dunkerque. Il mesurait 99 m de long, 14 m de large, et avait un tonnage de 3419 t. Il était propulsé par une machine à vapeur à triple expansion.

Il appartenait à la Société Navale de l’Ouest, anciennement Cie Georges Leroy (1880) qui devint la SNO en 1887. Ce cargo avait aussi la possibilité d’embarquer quelques passagers.

Saint Simon, réquisitionné par l’état à Alger, avait navigué, durant toute l’année 1916, le long des côtes africaines, participant au ravitaillement des navires de guerre qui oeuvraient alors à la conquête des colonies allemandes. En 1917, Saint Simon était commandé par le capitaine au long cours Dupart, de Saint Malo, secondé par Georges Bichon qui avait embarqué le 8 juin 1916 à Cardiff. Ce dernier qui avait commencé la guerre sur le Saint Pierre totalisait 30 mois de navigation sur les 33 derniers mois. Fin mars 1917, le cargo et son équipage de 33 marins sont à Bizerte (Tunisie) où il a reçu un canon de 90 mm modèle 1877. Le 3 avril 1917, Saint Simon appareille à destination de Huelva (Espagne) où il doit prendre un chargement pour Rouen.

La suite est racontée dans le rapport de mer du second capitaine, Georges Bichon qui avait survécu au naufrage : « Le Saint Simon quitte le mouillage de la zone militaire de la baie Ponty (Bizerte) le mardi 3 avril à 5h00 du matin et ne fut mis en route qu’à 8h00, suite au retard causé par la patente de santé qui n’était pas en règle, et qu’il fallut par deux fois ramener. La route prescrite par les instructions fut suivie jusqu’à 9h00 environ, heure à laquelle fut entendu le S.O.S de l’Ernest Simons. Vers midi, un chalutier patrouilleur qui se trouvait dans les parages, nous ordonna de changer de route afin de passer au large de la zone dans laquelle était susceptible d’évoluer le sous-marin signalé. Nous nous trouvions alors en vue de La Galite et la nouvelle route nous fit passer au nord de cette île. A 15h30, étant suffisamment remontés au nord, la route fut donnée au 58 ouest du monde ; nous faisions route au cap, marchand à 10 nœuds, par temps orageux, brise d’ouest, mer clapoteuse et horizon mal déterminé. Vers 18h05 je suis monté à la passerelle pour prendre le quart. Le lieutenant, que je relevai, me transmettant les ordres, ne me signala rien de particulier. Après avoir pris connaissance de notre position, je me mis en devoir de scruter l’horizon à l’aide de jumelles. Je ne vis rien qui me permette de trouver la trace d’un sous-marin. L’homme de vigie à poste dans la mâture, ne me signala rien non plus. Tout à coup, vers 18h25, une formidable explosion se produisit à l’arrière, ébranlant fortement le navire, brisant tous les hublots, et mettant complètement hors d’usage l’antenne TSF. Je me rendis immédiatement vers l’arrière pour juger de l’importance des dégâts et voir ce qu’il serait possible de faire pour sauver le navire. Je me trouvai alors devant un amas de débris de toutes sortes. Les panneaux 3 et 4 étaient complètement ouverts, et une énorme fumée noire s’échappait des cales. Le navire s’enfonçait rapidement par l’arrière, et l’eau commençait déjà à envahir le pont. Voyant que le navire était irrémédiablement perdu, je recommandai à chacun de se munir de sa ceinture de sauvetage et de rallier les embarcations. La baleinière de bâbord avait eu son garant coupé par l’explosion et se trouvait pendue sur son garant de l’avant. Celle de tribord chavira aussitôt à l’eau, et tout le personnel qui allait y embarquer fut projeté à la mer. Malgré la rapidité avec laquelle le navire coula, le calme le plus absolu régna pendant l’évacuation. Malheureusement, la plus grande partie du personnel qui se trouvait dans l’eau fut entraînée dans les remous du bateau qui sombrait. Je fus moi-même entraîné par la chute du mât arrière dans lequel je me suis trouvé engagé avec quelques hommes dont l’un fut tué et l’autre gravement blessé. Parvenu à une certaine profondeur, je parvins à me dégager et rejoignis la surface, juste pour voir s’enfoncer l’avant du navire qui coulait verticalement. Il est assez difficile d’apprécier exactement le temps qui s’est écoulé depuis l’explosion jusqu’à la complète disparition du bateau, mais j’estime ce temps à moins de cinq minutes. Pendant ce temps, j’ai aperçu le capitaine Dupart sur le spardeck tribord. De là, il s’est rendu dans sa cabine pour y prendre les papiers du bord. Il y a tout lieu de croire qu’il a été surpris par l’eau avant d’avoir pu en sortir. Dès que le Saint Simon fut complètement disparu, le sous-marin apparut en surface et passa deux fois parmi les naufragés. Il recueillit deux hommes que je suppose être le matelot Le Cam et le cuisinier Le Berre, et les emmena. Le sous-marin fit route au NE pour s’éloigner, c’était un bâtiment d’une longueur d’environ 70 m, ayant l’air peint de frais d’un gris/bleu très clair. Il était armé d’un canon sur l’avant du kiosque et ne possédait aucune marque distinctive. Restés seuls, nous fumes recueillis par la baleinière qui était restée pendue par son garant d’avant, et que son armement avait réussi à mettre à l’eau, grâce à l’intelligente initiative, et au sang-froid du matelot Tonnerre Nicolas. Quand la nuit fut venue, et que tous les survivants en vue furent recueillis, nous nous sommes mis en route pour essayer de gagner La Galite dont nous étions éloignés de vingt milles environ dans le NNO. Nous étions seize rescapés, dont deux grièvement blessés : le chef mécanicien Noël et le chauffeur Mérieau. Nous avons navigué toute la nuit (voile et rames), brûlant de temps à autre un feu « Coston » pour éveiller l’attention des navires qui auraient pu se trouver dans les environs et naviguer sans feux. Personne n’y répondit. Quand vint le jour, nous avions dépassé l’îlot sur lequel nous nous proposions d’atterrir. Le temps étant très beau et la brise légère, nous décidâmes de gagner Tabarka qui apparaissait devant nous. Nous faisions route vers ce port, quand, vers 10h00 du matin nous aperçûmes la fumée d’un contre-torpilleur qui passait au large. Avec les trois « Costons » qui nous restaient, nous fîmes des signaux qui furent aperçus, et, vingt minutes après, nous fûmes recueillis par le Sphendoni, sur lequel l’accueil le plus bienveillant nous fut réservé. Le torpilleur nous débarqua dans l’après-midi à Sidi Abdallah.

Je termine ce présent rapport en rendant hommage à la mémoire de mon regretté capitaine, lequel a accompli son devoir avec le plus grand calme. Je signale tout particulièrement la conduite des matelots Tonnerre et Bertrand, lesquels ont fait preuve d’un grand sang-froid et d’un esprit de décision remarquable et ont contribué le plus au sauvetage de tous les rescapés.

A signaler aussi monsieur Noël, chef mécanicien et Mérieau Edmond, chauffeur. Ces deux hommes, quoique très grièvement blessés, ont fait preuve d’un grand calme et d’une endurance parfaite. »

Sidi Abdallah le 8 avril 1917 Signé Georges BICHON

Ce rapport de Georges Bichon est empreint d’une extrême rigueur et d’une grande modestie. Officier rescapé le plus élevé en grade, il a aussi le souci de rendre hommage à ses matelots dont le bon sens, le calme, le sang-froid et le professionnalisme ont permis qu’il y ait des survivants.

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