Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 

Le nom du marin commence par :

Roland Antoine Joseph Louis Morillot

est né le 13 juin 1885 à St Lumier La Populeuse (Marne (51))

Roland Morillot naît dans une famille de notables installée à Nuit Saint Georges en Bourgogne depuis le 16e siècle. Ses ancêtres étaient avocats au Parlement de Bourgogne. Son grand-père, sous la Restauration, entre à l'Ecole Polytechnique créée par Napoléon, devient ingénieur et fonde les mines de charbon de Roche La Molière et de Firminy près de Saint-Etienne. Vers 1860 il achète le château de Bussemont à Saint Lumier La Populeuse (Marne). Son fils Léon épouse Marguerite Ducros, fille d'un polytechnicien. Il sert comme mobile durant la guerre de 70 puis est élu député de Vitry Le François, conseiller général et maire de Saint Lumier.

Roland Morillot, leur dernier fils, voit le jour à Saint Lumier le 13 juin 1885. Il a deux frères aînés, Adrien, Saint-Cyrien, et Octave qui entre à l'Ecole Navale puis quitte la marine pour se consacrer à la peinture dans les îles Société, et deux sœurs qui épousent des officiers.

Après de brillantes études au collège Stanislas à Paris où il reçoit de nombreux prix, il entre à l'Ecole Navale à seize ans en octobre 1901. Il embarque sur le " Borda", navire-école sur lequel il reçoit ses deux années de formation. Aspirant de 2e classe en 1903, il termine sa formation sur le croiseur "Duguay Trouin". Le 5 octobre 1904, il embarque sur le croiseur " Julien de la Gravière" de la "Division navale de l'Atlantique" qu'il quitte, enseigne de vaisseau, en 1906. Il est alors affecté sur le cuirassé d'escadre "République" qui navigue en Méditerranée. Breveté torpilleur à l'Ecole des torpilles de Toulon en 1909 sur le croiseur-école "Amiral Cécilies", il est désigné chef du service électricité-torpille sur le croiseur cuirassé "Jules Ferry". En 1911, il passe sur les sous-marins et embarque comme officier en second sur le "Monge" de la "Flottille des sous-marins de Toulon" puis sur le cuirassé "Mirabeau" en 1912; Le 2 mai 1913, il reçoit un témoignage officiel de satisfaction.

Le 19 août 1913, il épouse Marguerite de Marolles devant une importante assistance dont de nombreux membres de l'équipage du "Mirabeau" ce qui souligne l'estime qui l'entoure. Le 14 novembre 1913 alors qu'il est promu lieutenant de vaisseau, il prend le commandement du "Monge de la "Première escadrille en Méditerranée", qui comprend le "Gay Lussac", "l'Ampère", le "Papin", le "Messidor", le "Cugnot", et le "Fréhel", soutenus par le "Foudre" qui les ravitaille et assure leur maintenance.

Paul Chack , dans le volume cinq des " Marins en Méditerranée" le décrit en ces termes:" Roland Morillot est un chef de 30 ans en pleine vigueur physique et mentale, un homme mince, élancé, agile, à la figure mate entièrement rasée, aux yeux bruns de piété et de profondeur douce. D'une voix nette et bien timbrée, il s'exprime en phrases brèves, ordonnées, comme des gestes harmonieux. Car Roland Morillot, officier complet, s'adonne aux sports raisonnés, qui contraignent les muscles à rester forts et souple… D'un tempérament froid, laconique, concentré, il a cependant conquis le cœur de ses hommes...Dès le temps de paix il pratiquait toutes les vertus admirables que d'autres n'ont trouvées en eux-mêmes qu'à l'appel du pays en danger."

La Première Guerre Mondiale éclate, un an jour pour jour après son mariage, il part sur le submersible "Monge" dans la zone des Dardanelles, pour monter la garde française en Adriatique et en particulier dans les bouches de Cattaro pour bloquer la flotte autrichienne. Période difficile d'autant plus que Roland Morillot et le "Monge" passe, par ordre, du service de la France à celui de l'Italie. Durant seize mois, le commandant du Monge fait escale à Bizerte, Malte, Brindisi au gré des réparations et pour la relève de factions nécessaires. Il participe à de nombreuses actions autour des bases autrichiennes de Cattaro, Sebenico et Topla, entre octobre 1914 et mai 1915. Lors de sa dernière patrouille devant Cattaro, un câble de mine s'enroule autour de l'hélice, Roland Morillot réussit à se dégager, on lui propose d'attribuer la Croix de guerre à une partie de l'équipage, il répond: "Si la mine avait explosé, personne ne serait revenu, je devrais donc proposer tous mes hommes; mais pour ce faire je vous demande d'attendre que mon bateau ait fait quelque chose de sérieux."

Le 20 décembre 1915, Le croiseur "Heligoland" et cinq destroyers autrichiens sont à Cattaro afin de s'opposer à l'évacuation de l'armée serbe. Le 28 décembre, le "Monge" est devant Cattaro, il doit recharger ses batteries et fait surface vers 18 heures, la nuit est claire, l'enseigne de vaisseau Appell est de quart. Roland Morillot est averti que six contre-torpilleurs ennemis approchent, il ordonne une plongée à 5 mètres et s'apprête à attaquer lorsqu'il voit l'énorme masse de "l'Heligoland" qui fonce sur le sous-marin, il n'a pas le temps de plonger plus profondément, le kiosque est crevé, l'eau l'envahit et le "Monge" pique vers le fond, les accumulateurs sont noyés puis les moteurs refusent tout service. Morillot parvient à faire remonter le bâtiment, les Autrichiens ouvrent le feu. Morillot donne l'ordre d'évacuation, il veut assurer la survie de son équipage, les hommes parviennent à monter sur le pont et sont repêchés par les canots des destroyers autrichiens "Csepel" et "Balaton". Les Autrichiens tentent de prendre le bateau en remorque, Morillot, resté seul à bord, ne saurait s'y résoudre, il ouvre la vanne de remplissage, le sous-marin s'enfonce, le commandant s'engloutit avec son bateau "donnant sa vie pour l'honneur et pour la France." Dans les profondeurs, le navire implose.

Le 10 février 1916, l'équipage du "Monge", du camp de concentration de Deutsch-Gabel, adresse à sa veuve la lettre suivante:

"Madame,

Malgré l'éloignement, nous joignons notre douleur à la vôtre pour pleurer la mémoire de celui qui restera malgré tout notre commandant. Frappé par un coup du destin, alors que la victoire souriait, éclatante, le commandant Morillot est mort en héros, après avoir fait l'impossible pour sauver son navire et son équipage. Pur et noble exemple de bonté, de travail, de courage, de vaillance. Tous nous l'aimions mais combien en mille il savait nous le rendre. De toujours nous en souvenir nous faisons le serment."

Le duc des Abruzzes, amiral commandant de la flotte italienne, à l'annonce du naufrage, écrit dans l'ordre du jour :"Admirable esprit de sacrifice qu'on ne peut demander à personne tant il dépasse l'humaine nature mais devant lequel on s'incline avec une fierté qui refoule presque les larmes."

Par décision du 26 avril 1916, le lieutenant de vaisseau Morillot a reçu la citation suivante à l'ordre de l'Armée:

"Son sous-marin ayant, dans une attaque de nuit, éprouvé des avaries très graves qui le mettaient en danger de couler sur le champ, a su, par sa présence d'esprit, son énergie, son habileté technique, le ramener en surface. A pu ainsi assurer le sauvetage de son personnel. Resté à bord de ce dernier, a été glorieusement englouti avec son bâtiment."

Par décision parue au JO du 7 juin 1919, il a été inscrit au tableau spécial de la Légion d'Honneur pour le grade de chevalier.

Il a reçu la médaille d'or " A la valeur militaire" décernée par le Roi d'Italie avec la citation suivante:

" Dans la nuit du 28 au 29 décembre dernier, tentant dans la base Adriatique une attaque contre une flottille ennemie, le submersible français Monge, touché à la poupe, eut une voie d'eau qui l'obligea à remonter à la surface, où l'accueillit  la canonnade du Balaton. Le commandant du Monge, lieutenant de vaisseau Roland Morillot, après avoir acquis la certitude qu'il n'y avait plus de salut possible pour le bateau, pourvut d'abord au salut de son équipage, puis, avec un héroïque esprit de sacrifice, voulut demeurer dans son submersible et s'engloutir avec lui. Sa majesté le Roi, pour honorer l'acte de très pure vertu marine de Roland Morillot; a daigné, motu proprio, conférer à sa mémoire la  Médaille d' Or de la Valeur Militaire."

Roland Morillot laisse une orpheline née en son absence, en février 1915 et qu'il ne verra jamais. En 1918, elle est victime d'une méningite et reste paralysée .Son épouse, Marguerite de Marolles se remariera 10 ans plus tard à Monsieur de Larminat dont elle aura un fils qui sera contre-amiral.

Son nom figure sur plusieurs plaques commémoratives: à Blesme (51), Etrepy (51), Saint Lumier la populeuse (51), à la Basilique Sainte Clotilde à Paris, au monument commémoratif aux sous-mariniers de Toulon.

Son nom a été donné à trois sous-marins : en 1917 à l'ex-allemand "UB 26" qui venait d'être pris devant Le Havre, puis en 1940 au "Q-121"  en construction à Cherbourg qui sera sabordé sur cale et enfin à l'ex-allemand "U-2518" qui restera en service jusqu'en 1967. Aujourd'hui son nom est également porté par le Centre de préparation militaire Marine de Mourmelon le Grand (Marne) et par "le Centre d'instruction et d'entraînement des sous-marins lanceurs d'engins" (CEI-SNLE) Brest.

Sources:

"Marins à la bataille- De la guerre à la paix" Paul Chack

" Histoire des marins français 1870-1940" Contre-amiral Hubert Granier

Il était Lieutenant de Vaisseau.
Son unité : Monge 1915
  • Légion d'Honneur (chev.)
  • Croix de Guerre 14-18 avec palme(s)
  • Chevalier de L'Ordre de la Couronne D'Italie
  • Citation à l'Ordre des Forces Navales
  • Citation à l'Ordre de l'Armée
Il est décédé le 29 décembre 1915.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Toulon (93)
Document portant la mention MPLF : MDH

Monge 1915

sous-marin-Mongeweb

Sous-marin Monge (1908/1915)

 

 

Abordé et coulé par le croiseur autrichien Héligoland le 29 décembre 1915

 

 

En application du programme de 1905, le Monge (Q-67) a été construit par l’arsenal de Toulon le 31 décembre 1908. Il faisait partie des submersibles...

Monge 1915
7323
Morillot
St Lumier La Populeuse
Marne (51)
13 juin 1885
HE
NULL
Il a été décoré : Chevalier de L'Ordre de la Couronne D'Italie,Citation à l'Ordre de l'Armée,Citation à l'Ordre des Forces Navales ,Croix de Guerre 14-18 avec palme(s),Légion d'Honneur (chev.)
Acte naissance 1885/2
G 11x11
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