Flottilles amphibies d'Indochine - 1945-1954 - Unité

Ok-Flottille-Amphibie-Indochine-Nord

1 - Historique

La "Brigade Marine d'Extrême-Orient" (BMEO) est constituée en décembre 1944 à Arcachon sous le commandement du capitaine de vaisseau Killian. Elle est envoyée en Indochine, avec des compagnies de fusiliers marins, plusieurs flottilles fluviales et des commandos parachutistes de l'aéronautique navale. La France est de retour dans cette région du monde avec le débarquement d’unités de fusiliers-marins et de troupes de l'infanterie coloniale. Une fédération indochinoise autonome est créée dans une union fédérale française. Mais une grande partie du territoire vietnamien connaît une agitation de nationalistes d’idéologie communiste ; son chef, Hô Chi Minh, proclame, en septembre 1945, l’indépendance de la République démocratique du Viêt Nam.

Le 12 octobre 1945, le général Leclerc à la tête de 4500 hommes lance une campagne de pacification autour de Saïgon. Etant donné que les routes et les ponts sont coupés, il décide de faire intervenir la Marine nationale. Les troupes embarquent donc sur des engins de débarquement type landing craft tank (LCT) pour le transport de chars, véhicules et l'infanterie, landing craft infantry (LCI) pour le transport de l'infanterie, et autres embarcations qui contournent les villes par le fleuve Mékong, sans incidents, et débarquent près de Mytho d’où elles prennent la ville par surprise le 25 octobre. La ville de Cantho est prise de la même façon cinq jours plus tard. Devant un tel succès, le général Leclerc charge le capitaine de frégate Jaubert de constituer une" Brigade fluviale" qui est rapidement créée avec des engins de débarquements et des embarcations diverses.

En décembre 1945 des LCA, LCM et LCVP viendront renforcer le dispositif. En janvier 1946 une base de la flottille avec des ateliers est installée dans la banlieue de Saïgon et deux détachements sont positionnés à Cantho et à Mytho. Cette base devient le quartier général de la "Flottille fluviale d’Indochine". Le 15 février 1946, la flottille est réorganisée : la "1re Flottille fluviale de fusiliers marins" (1re FFFM) sert dans le nord, au Tonkin, sous les ordres du capitaine de corvette Hébert. Elle comprend la majeure partie des engins amphibie, ainsi qu’une compagnie de commandos.

La "2e FFFM" commandée par le capitaine de frégate Duchaine reste dans la Cochinchine, dans le sud, avec le reliquat des barges et chalands de débarquement non affectés dans le nord.

La "1re FFFM" est entrée directement dans l’action le 6 mars 1946, dès son arrivée à Haïphong, participant à de nombreuses actions dans la zone côtière de Came Pha, Wallut Left, Yen de Tien, au barrage de Ha, puis du 19 au 30 novembre dans les combats de Haïphong.

Une solution diplomatique échoue lors de la conférence de Fontainebleau tenue de juin à novembre 1946. Le bombardement du port d’Haïphong, le 22 novembre 1946, par l’artillerie française, en représailles à des accrochages franco-vietnamiens, amène à un conflit ouvert.

La "Brigade Maritime d’Extrême Orient" (BMEO) est dissoute le 1er janvier 1947 et les deux flottilles sont réorganisées en "Force Amphibie de la Marine en Indochine" réparties en deux groupes : la "Force Amphibie du Nord (FAN)" et la "Force Amphibie du Sud (FAS)".

La "Force amphibie du nord"(FAS) est composée de la "1re Flottille amphibie" avec les 1er et 3e escadrons (commandant EV François puis EV Garnier) et la compagnie Jaubert. La "FAN" participe aux opérations "Dédale" en janvier 1947, "Louis" le 17 février, à Nui Deo, "Appawan", le 9 mars, "Catherine", le 18 mars à Dong Trieu et quelques autres. L’enseigne de vaisseau François est tué au combat le 6 janvier 1947 au cours de l’opération "Dédale".

La "Force amphibie du Sud" (FAS) est composée de la "2e Flottille amphibie" avec le 2e escadron (CC Vedel), le 4e escadron (CC Degoy) et 2 pelotons d’infanterie navale. La "FAS" participe aux opérations "André" et "François" de Tourane, Hué, et Quang Tri, du 26 décembre 1946 au 18 février 1947, et aussi le soulagement de Faifa (Hoi) du 6 au 16 mars 1947.

Plusieurs années de guérilla vont opposer alors le Corps expéditionnaire français à l’Armée populaire vietnamienne, force armée du Viêt Minh.

Au cours du printemps 1947 une nouvelle organisation est mise en place, les unités navales deviennent les groupes de combat amphibie (mi-juin) puis en août elles reçoivent l’appellation de "Division navale d’assaut" (Dinassaut). Il y eut 10 "Dinassaut" constituées, et numérotées : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 12 et une sans n° nommée "Haïphong".

Les "Dinassaut" n° 1, 3, 5, 12 et "Haïphong" opèrent au Tonkin, au nord.

Les "Dinassaut" n° 2, 4, 6, 8 et 10, sont affectées en Cochinchine, au sud.

Une organisation type de "Dinassaut" est composée d’un (LCI) pour le commandement et l’appui, d'un (LCT) pour le transport, de deux landing craft material (LCM) dédiés au transport et l’appui, de quatre landing craft vehicle & personnel (LCVP) servant aux patrouilles et au soutien, d'un LCVP ou un landing craft assault (LCA), servant de patrouille et de liaison. D’autres bateaux tels que des landing ship supply large (LSSL), des hydravions et des troupes navales de commandos ou d’armée sont aussi incorporés aux "Dinassaut" pour des missions spécifiques. Le rôle de ces "Dinassaut" est de transporter, de débarquer et d'appuyer l’infanterie et aussi de surveiller les cours d’eau et de ravitailler les postes isolés.

Les marins servant dans ces unités amphibies constituent la "Marine en kaki" par opposition à la "Marine en blanc" qui est embarquée sur les bâtiments de haute mer.

La France reconnaît, en juin 1948, l’indépendance du Vietnam dans le cadre de l’Union française, avec Bao Dai désigné comme empereur en avril 1949, en tant que solution alternative à la politique d’Hô Chi Minh.

Les "Dinassaut" resteront en service jusqu’à la fin de la guerre d’Indochine en 1954.

La perte, en mai 1954, à Diên Biên Phu, du camp retranché des troupes françaises face aux troupes du Viêt Minh conduit aux accords de Genève de Juillet 1954. Selon ces accords, le gouvernement français, présidé par M. Mendès France, s’engage au retrait des forces françaises, à la création d’un Viêt Nam coupé en deux, avec le Nord revenant au gouvernement Viêt-minh et le Sud à l’Etat national vietnamien et à une réunification de ces deux zones en 1956, après référendum.  La fin de la présence française en Indochine s'achève ainsi.

Le total des pertes pour la Marine nationale française durant la guerre d'Indochine entre 1945 et 1954 s'élève à 1126 hommes. Une nécropole nationale destinée à accueillir les sépultures des militaires française morts pour la France en Indochine est créée à Fréjus (Var).

 

Sources :

Sources : sites internet

                 Carte de l'Indochine pendant la guerre 1945-1954

                  Anciens marins Mirecourt

OK-Carte-base-navale-60Ok-Flottille-Amphibie-Indochine-SudOK-BMEO-250LCALCILCMLCT-Mark-3
Unité