Denis Papin AD48 - Dragueur auxiliaire
La France découvre au cours de la Grande Guerre le danger que présentent les sous-marins allemands. Les chalutiers sont réquisitionnés pour servir comme chasseurs de sous-marins, un grand nombre est mis en construction. La main d’œuvre et les matériels font rapidement défaut.
Le chalutier "Denis Papin" mis sur cale début 1916, aux chantiers des frères Baheux à Boulogne (62), est abandonné plusieurs mois dans cette situation faute de riveurs. En août la coque est achevée, le montage d’une machine et d’une chaudière provenant de chalutiers en construction à Nantes échoue. Mais le chalutier britannique "Cormoran" fait naufrage à propos sur les côtes de France. Fin 1916, on retire de l’épave la machine et la chaudière qui vont équiper le "Denis Papin".
Ce chalutier de 43 m, est mis en service en septembre 1917. Il devient patrouilleur pour la Marine nationale et est intégré à la 3e escadrille de patrouille à Boulogne.
En 1919, il est rendu à l’armateur boulonnais Raymond Papin.
Le 2 septembre 1939, réquisitionné par l’amirauté française, il est armé en dragueur auxiliaire (AD 48). Commandé par le lieutenant de vaisseau Jean Raquez, il est intégré à la 21e SD de Cherbourg.
En mai 1940, les armées britanniques et françaises ont été repoussées et encerclées à Dunkerque, il faut donc les en sortir. Pour ce faire, les Alliés organisent une énorme opération d'évacuation : 240 000 Britanniques et 140 000 Français étaient pris au piège de Dunkerque.
Le "Denis Papin" effectue son premier voyage d'évacuation de troupes de Dunkerque à Douvres le 30 mai 1940. Trois routes sont établies entre Dunkerque et la Grande Bretagne : route X, route Y et route Z. (voir carte) Empruntant "la route X" pour son 3ème voyage d'évacuation, le dragueur auxiliaire "Denis Papin" (408 personnes transportées) accompagné du "Vénus" (218 personnes transportées) du "Moussaillon" (319 personnes transportées) et du "Président Briand" (283 personnes transportées) quitte le port de Douvres le 1er juin 1940 à 11 heures à destination de Dunkerque. Vers 15 heures, au Nord de Gravelines, ils sont pris à partie depuis le Clipon près de Dunkerque, par le feu nourri d'une batterie de 155 mm dont les coups incessants les obligent à décrocher dans l'Est. Vers 16 h 30, après avoir paré ce danger, les voilà attaqués à la bombe et à la mitrailleuse par 8 bombardiers Stukas, le "Denis Papin" coule en trente secondes. Puis c'est le tour du "Vénus" et du " Moussaillon". Ils sont tous les trois coulés non loin les uns des autres. Seul le dragueur "Président Briand" réussit à s'échapper.
Le "Denis Papin" est cité à l’ordre de l’Armée de mer le 15 juillet 1940.