Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 

Le nom du marin commence par :

Maurice Julien Le Goff

est né le 24 novembre 1898 à Tancarville (Seine-Maritime (76))

Maurice Julien Le Goff est le fils d'Eugène, commandant de port à Tancarville dans le département de la Seine Maritime, et de Blanche Rose Marie Steck sans profession. Il est le second d’une fratrie de 3 frères.

Les premières années se passent à Tancarville (76) puis à Montivilliers(76) où il suit sa scolarisation.

Le 3 janvier 1917 Maurice s’engage volontairement pour 3 ans dans la Marine nationale au bureau de recrutement Marine du Havre.

Le 19 janvier il est promu matelot 2e classe mécanicien, le 30 avril 1918 il est promu matelot de 1re classe. Le 1er octobre 1918, Maurice est promu quartier maître mécanicien.

Durant cette période de  la Première Guerre Mondiale Maurice participe à la campagne de  pacification du Maroc puis, dans le cadre de la Mission Française en mer Baltique ses embarquements le conduisent en Finlande puis en Pologne en 1919-1920.

.Le 3 janvier 1920, au terme de son engagement, munis d'un certificat de bonne conduite, il est "renvoyé dans ses foyers".

Revenu à la vie civile, Maurice travaille au service des "Ponts et Chaussées". Il est mécanicien d'une drague sur la Seine jusqu'en 1935. Durant cette période il habite successivement à Tancarville, à Vieux-Port puis à Honfleur.

Le 9 janvier 1926 à Tancarville, Maurice épouse  Marie Aimée Jeannette Henriette, appelée Miette par ses proches. De cette union naît leur fils Jean Marie Henri en 1933 à Honfleur.

En 1935, la petite famille s'installe à Lanvallay dans les Côtes d'Armor, village d'origine de Miette.

Cette même année 1935, Maurice s'installe comme poissonnier itinérant dans le secteur. Mais la région étant d'origine essentiellement terrienne, la consommation de poisson y est très faible et Maurice abandonne rapidement cette activité.

Dans cette période entre les deux guerres, Maurice est promu maître mécanicien dans la Réserve de l'Armée de mer.

Il s'engage alors dans la Marine marchande. En 1939, lors de la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale, il navigue sur le navire marchand "Monique Schiaffino" en tant que chef mécanicien.

Maurice est alors "rappelé sous les drapeaux" et rallie le  "1er dépôt " à Cherbourg le 30 décembre 1939.

 Le 19 janvier 1940 il  est transféré à  l' "Unité Marine"  du port de Dunkerque comme maître mécanicien. Il est affecté à la "Caserne Ronarc'h" et là, sous la direction d'un ingénieur de l'Armement, il participe activement à la remise en état des divers navires  de la marine présents dans le port  Dunkerque.

 La "Caserne Ronarc'h" est le centre de commandement de la marine à Dunkerque. En mai 1940 la caserne abrite tous les services à terre de la marine à Dunkerque mais est aussi la plaque tournante où se réfugient les équipages rescapés des nombreux naufrages et où sont soignés les blessés qui arrivent  au fur et à mesure du déroulement des combats. Les conditions de vie y sont très difficiles du fait des bombardements incessants et aussi du manque d'eau et de vivres.

Durant cette affectation, entre le 23 avril 1940 et le 29 mai, Maurice échange 12 courriers avec son épouse et sa  famille. Les lettres dévoilent d'abord la confiance dans l'espoir  de revenir rapidement, puis la fatigue, les conditions infernales dans  le port de Dunkerque bombardé jours et nuits. Tout au long de ces échanges apparait l’immense tendresse dont il entoure les siens et la volonté de les rassurer malgré tout. Ses lettres témoignent  également d'une grande compassion à l'égard des réfugiés qu'il voit passer dans une grande détresse, mais aussi de la détermination sans faille des hommes engagés dans les combats pour contenir l'avancée des armées allemandes.

Le 16 mai il écrit à son épouse :

…"Malgré le remue-ménage ici la vie serait calme sans l'exode constant des réfugiés et cela ma chérie crève le cœur de voir tous ces malheureux, qui à pied qui à bicyclette baluchon sur le dos, d'autres poussant des voitures d'enfant avec toute une marmaille, venir chercher refuge par ici. Pour eux je t'en prie sois généreuse autant que tu le pourras, ais pitié de ces pauvres gens et surtout des enfants dont beaucoup ne reverront jamais leur père; prêche pour eux dans ton entourage. Il faut vivre notre vie actuelle ici pour comprendre le tragique de ces petits malheureux. Demande à tes parents d'en secourir autant qu'ils pourront en songeant aux nôtres. …"

Le 21 mai 1940 Maurice écrit :

" … La vie calme est finie ici. Les réfugiés passent en flot ininterrompu allant vers l'intérieur chercher le calme et l'abri. La vie pour nous devient pénible. Alerte constante de jour comme de nuit. Toujours des alertes, aussi la fatigue se fait terriblement sentir car le sommeil manque totalement. L'on dort une heure ou deux, puis en route à la cave en vitesse et l'on attend tranquillement la fin… la santé est toujours bonne et le moral se maintient…Ici le temps est superbe l'on se croirait presque en Bretagne et c'est vraiment dommage que les avions à croix gammée viennent nous empêcher de se reposer en écoutant les oiseaux chanter. Leur chant à eux est trop monotone et trop lugubre. Et puis la DCA se met de la partie, alors adieu le calme. …"

Le 23 mai Maurice écrit :

"… Et puis voilà Weygand est revenu, cela a été un vrai cri du cœur, mais beaucoup craignaient qu'il fut trop tard, mais non, la situation se rétablira bientôt, je crois, nous en verrons la fin.…"

Le 27 mai, entre 7 h et 21 h, 15000 bombes incendiaires et munitions de rupture de tout calibre  lâchées par l'aviation allemande transforment la ville en un immense brasier. La "Caserne Ronarc'h" est en feu.

Dans une lettre écrite ce même 27 mai, Maurice témoigne:

"…Malgré les nombreux bombardements, je suis toujours en excellente santé et avec un bon moral…Voici 10 jours que je ne me suis pas déshabillé mais malgré tout ça va très bien. Combien de temps cela va-t-il durer ? Ça c'est un mystère que nous ne pouvons percer ; mais comme les copains j'ai hâte d'en voir la fin…Le boulot pour moi est au ralenti ou même presque nul. Il est impossible en effet  d'arrêter en ce moment les bateaux et les pauvres diables qui sont embarqués mènent une vie effrayante et je te prie de croire que chez eux aussi le moral est superbe. Les allemands ont beau faire pour nous démoraliser, ils n'y arriveront pas. …"

Le dernier courrier est daté du 30 mai et est adressé à ses parents :

"… Oui je suis toujours en vie, en bonne santé et le moral toujours solide.

La vie que nous menons ici est infernale, bombardement sur bombardement. La ville n'est que feu et ruine, aussi je vous prie de croire que nous avons hâte de voir  le calme revenir un peu dans notre secteur, mais malgré tout nous sommes patients et avons confiance. La seule chose qui nous met en rage c'est d'être impuissants et que nous ne pouvons rien faire.

Qu'adviendra-t-il de nous cela c'est mystère, nous avons confiance que la situation va se redresser et nous délivrer de cette vie d'enfer.

Voici 12 jours que je ne me suis pas déshabillé, 7 jours que nous ne sommes pas lavés ni rasés, l'eau manquant et n'ayant que  juste le nécessaire à la cuisine.

Quant à mes affaires, tout est perdu par l'incendie d'une partie de la caserne. Il ne me reste que ce que j'ai sur le dos.

Je vous demanderai de ne pas parler de toutes ces choses à Marie, car je ne lui dis rien à ce sujet, elle se fait déjà suffisamment de mauvais sang sans cela. Les journaux ont d'ailleurs dû faire mention de la destruction de la ville.

J'espère que de votre côté vos santés sont toujours bonnes et que le blé pousse pour nous permettre de manger du pain blanc à notre retour, je n'ai pas besoin de vous dire que nous sommes aux biscuits et aux vivres de guerre. …"

 

Ce même jour, le 30 mai 1940, Maurice embarque comme passager  sur le torpilleur "Bourrasque" pour être évacué sur Cherbourg. L'embarquement se déroule dans des conditions extrêmement difficiles et le bateau appareille avec 800 hommes à bord qui se logent  comme ils peuvent dans les coursives.  En fin  d'après-midi le bâtiment saute sur une mine, Maurice trouve la mort dans ce naufrage ainsi que 500 autres passagers et membres d'équipage.

Maurice, le valeureux combattant de la guerre 14-18, a toujours conservé une certitude jusqu'au dernier moment : "gagner cette guerre pour pouvoir retourner auprès de ceux qu’il aime le plus au monde". Il n'a jamais baissé les bras et a accompli sa mission  jusqu'à la dernière limite, dans les pires conditions.

La  tragique disparition de Maurice laisse son  épouse et son jeune  fils, alors âgé  de 7 ans, dans la douleur et le chagrin.

Il était Maître.
Son unité : Caserne Ronarc'h - Dunkerque
Il est décédé le 30 mai 1940.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Lanvallay (22)
Document portant la mention MPLF : Fiche Mémoire des hommes

Caserne Ronarc'h - Dunkerque

La caserne Ronarc’h tient son nom de Pierre-Alexis Ronarc'h, un marin français né le 22 novembre 1865 à Quimper et décédé le 1er avril 1940 à Paris. A 15 ans et demi il est admis à l'Ecole Navale. Il est nommé lieutenant de vaisseau à 24 ans et participe à la campagne de Chine en 1900 en tant que commandant en second d'un détachement français de 160 marins qui résiste à la révolte des boxers.

A 42 ans il est le plus jeune capitaine de v...

Caserne Ronarc'h - Dunkerque
9553
Le Goff
Tancarville
Seine-Maritime (76)
24 novembre 1898
HF
NULL
Il a été décoré : Aucune médaille
D 11x15
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