Pierre Henri Antoine Raguénès
est né le 11 juin 1922 à Le Conquet (Finistère (29))
Fils de Eugène Marie, second maître fourrier de la marine nationale et médaillé militaire puis secrétaire de mairie durant la seconde guerre mondiale, et de Pierrette Joséphine Souffay, Pierre naît le 11 juin 1922 au Conquet, port de pêche à la pointe du Finistère où la famille est domiciliée villa Ker-Lann, route du Croaë, aujourd’hui rue Amiral Guépratte. Il a une sœur, de neuf ans sa cadette, Madeleine.
Pierrot, son surnom pour sa famille et ses amis, passe son enfance près de l’endroit où l’armée allemande construira, durant l’occupation, une passerelle alors en bois qui reliera le village à la pointe de Kermorvan.
Il suit sa scolarité en primaire à l’école Dom-Michel du Conquet dont le directeur est alors le père Laurent. Après l’obtention du certificat d’études, il est externe à l’école Saint-Louis de Brest où il prépare un certificat d’aptitude professionnelle.
Il se présente à l’examen mais ne connaîtra sa réussite que bien plus tard car il est mobilisé au cours du premier semestre 1940 sous le matricule 2254 B 40. Le 18 juin il décide de répondre à l’appel du Général de Gaulle et malgré les appels déchirants de ses parents sur le quai pour le retenir, il quitte le port du Conquet le 19 juin 1940 à bord d’un bateau de pêche en partance pour l’Angleterre.
Pierrot s’engage pour la durée des hostilités dans les forces françaises libres le 25 août 1940 (matricule : 10877 FN 40). Il espère pouvoir naviguer à bord des sous-marins mais il rejoint finalement le 2e Bataillon de fusiliers marins (2e BFM), où il sert durant deux années avant d’être affecté au 1er Bataillon de fusiliers marins (1er BFM) le 1er septembre 1942 et d’être promu, le mois suivant, au grade de quartier-maître de deuxième classe.
Malgré les horreurs du conflit, la marine tient à conserver ses traditions et, le 19 décembre 1940 à bord de l’esquif "Capo Olmo", transporteur de troupes sur la route Liverpool-Douala, le jeune marin subit les épreuves rituelles d’admission dans le royaume de Neptune et se voit décerner le certificat de baptême nautique, mention "tropique eau salée".
Il obtient le brevet militaire valable pour la conduite des véhicules automobiles, classe "légers et poids lourds", de l’armée ou de la marine ; document signé par le capitaine de corvette Amyot d’Inville le 20 janvier 1943.
Durant près de dix huit mois, ses parents ne reçoivent aucune nouvelle. Par la suite, des échanges de télégrammes et courriers se font sous l’égide de la croix-rouge française et quelques messages personnels sont diffusés par radio Vatican.
Alors membre de la 1ère division motorisée d’infanterie qui avance sur Montefiascone, Pierrot est tué d’une balle de mitraillette en opération, près de Viterbo, en Italie le 10 juin 1944, veille de ses 22 ans !
En 1946, à la demande de sa famille, sa dépouille est rapatriée d’Italie. Ses obsèques sont célébrées dans l’église Sainte-Croix du Conquet et l’inhumation a lieu dans le cimetière de Lochrist, proche de la pointe Saint-Mathieu.
Bien que sa carrière fût de courte durée, les citations suivantes lui furent attribuées :
- citation à l’ordre de la division par ordre général n° 83 du 22 juin 1944 de la 1ère division française libre : "Conducteur de char pendant l’attaque du 12 mai 1944 sur le Garigliano (Italie) ayant son char enlisé à 30 mètres d’un ennemi mordant, a mis pied à terre avec sa mitrailleuse pour appuyer l’infanterie amie. A fait preuve les 3 jours suivants du plus grand sang-froid."
- citation, à titre posthume, à l’ordre du corps d’armée par ordre général n° 126 du 22 juillet 1944 du Général d’Armée Juin, commandant le corps expéditionnaire français : "Conducteur de char. A fait preuve de qualités remarquables de courage et de sang-froid. Tué à son poste dans le char de pointe le 10 juin 1944 pendant l’avance sur Montefiascone (Italie)." Cette citation a conféré à Pierre Raguénès la médaille militaire. Cette citation comporte aussi l'attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec Etoile de Vermeille.
Par ailleurs la citation suivante fut attribuée à l’ordre de l’Armée à la 1re Division motorisée d’infanterie : "Glorieuse division issue des forces françaises libres, qui, sous les ordres de son chef, le Général Brosset, a participé d’une façon éclatante au retour de la victoire. Engagée d’abord en Italie, elle participe aux assauts lancés contre la ligne "Gustav", enlevant de nombreux villages âprement défendus, puis avoir troué la ligne "Hitler" aux Monte Calvo (18 mai 1944), Monte Santa Maria et Monte Morone (20 mai 1944), s’empare des faubourgs de Pontecorvo. Du 10 au 13 juin, elle bouscule l’ennemi dans les combats de Montefiascone et Bolsena, puis enlève de haute lutte Radicofani et le Monte Calcinajo, totalisant 1000 prisonniers dont 15 officiers. Débarquée en France, elle est au contact de l’ennemi le 19 août. Elle se bat au Mont-Redon, dans de violents corps à corps, entre à Hyères le 21, puis à Toulon, après avoir fait 3400 prisonniers. Elle concourt à la libération de Lyon le 3 septembre et à la prise d’Autun, attaquant l’ennemi sans relâche dans les Vosges et fait 500 nouveaux prisonniers. Poussée par le désir de vaincre et la volonté farouche de venger la mort de son chef, tué accidentellement, la 1ère D.M.I. sous les ordres de son nouveau chef, le Général Garbay, se distingue de nouveau à Giromagny, au ballon d’Alsace, à Sewen et à Grosmagny, remportant une victoire éclatante qui la porte en Alsace."
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
- Médaille de la Résistance
- Citation à l'Ordre du Corps d'Armée
Fusiliers marins FNFL – 1940-1945
Le "1er Bataillon de fusiliers marins" (1er BFM) est créé le 17 juillet 1940 à bord du croiseur "Courbet" à Portsmouth. L'amiral Muselier en confie le commandement au capitaine de corvette Détroyat.
Après une période d'entraînement à Aldershot, le bataillon...