vice-amiral Schwerer - Canot de sauvetage

canot-Vice-Amiral-Schwererplaque-stele
Etel - Morbihan
03 octobre 1958

Afin de tester un nouveau type de canot de sauvetage, Alain Bombard, en compagnie de six volontaires, tente le 3 octobre 1958 de franchir à bord de son canot de survie de sa conception la barre d'Étel, grande lame à l'embouchure de la ria formée par la conjonction de la marée montante, le flot et les eaux qui s'écoulent de la rivière.

Ce drame, c'est d'abord un enchaînement : un rouleau retourne le radeau Bombard « comme une crêpe », le vice-amiral Schwerer canot de sauvetage qui était en attente sur la barre, se porte à son secours, mais une aussière ayant bloqué son hélice, il se retrouve en travers et chavire sous l'effet d'un autre rouleau. Le remorqueur, présent sur zone, récupère quatre hommes réfugiés sur la coque retournée du canot. Les autres naufragés restent prisonniers de la coque. « Pourquoi le canot de sauvetage ne s'est pas redressé ? », se demande encore Jo Luro, le dernier rescapé de ce drame. « J'étais coincé dessous. Ma grosse chance, c'est de ne pas m'être cogné la tête contre la coque ou autre chose », confie-t-il. « Quand on a pu monter sur la quille renversée du vice-amiral Schwerer, on a su qu'on s'en sortirait. On s'était tous aidés, Bernard Trahan, Alexandre Formal... Bombard a été le dernier à monter, les yeux totalement hagards. On a attendu le remorqueur qui nous a embarqués et déposés à la pointe d'Erdeven pour rester sur zone. Bombard était resté à bord, prostré dans la salle des machines ». Ce drame, Jo Luro l'attribue d'abord à l'improvisation. Tout ou presque s'est passé comme son embarquement dans cette aventure. « Je passais sur le quai, j'ai reconnu ceux qui s'apprêtaient à embarquer, on m'a dit : Tu viens voir ». Et c'est en toute confiance que tous sont partis. « Il y avait le canot de sauvetage, l'inspecteur de la navigation, l'administrateur de la marine, etc. On ne voyait pas le danger ». Seul le maire d'Étel, Alfred Morvan, avait exprimé son désaccord. Inquiet du gros temps sur la barre, dû à une marée descendante s'opposant à un vent de sud, il n'a pas été entendu. Jo Luro était arrivé à Étel quelques mois avant le drame avec deux autres Basques et une trentaine de jeunes marins de Narbonne, Marseille, etc., pour suivre une formation nautique à l'école d'apprentissage maritime d'Étel. L’accident est un véritable traumatisme dans le pays d’Etel, dont les habitants savent depuis des temps immémoriaux les dangers de la barre. Deux mondes se confrontent, celui d’une Bretagne que l’on dit encore arriérée et celui de la modernité parisienne. Rapidement la polémique enfle et l’on se demande comment a pu être menée une telle expérience sachant que tout le monde, à Etel, connait les dangers de la barre par gros temps. C’est donc un Alain Bombard acculé qui répond, le 9 janvier 1959, aux questions de l’ORTF, trois mois seulement après la catastrophe. Appelé à la barre, le plateau de télévision se mue en véritable cour d’assises. Et les spectateurs, en devenant juges, livrent une remarquable tribune à l’éloquence du médecin qui, pour beaucoup, est perçue comme la preuve de la suffisance d’un homme responsable de la mort inutile de 9 marins. Aujourd’hui encore, en Bretagne et dans le Morbihan, à Etel tout particulièrement, la mémoire d’Alain Bombard reste ambivalente tant l’empreinte de ce drame est vive. Si les éléments restent toujours les plus forts, il n’en demeure pas moins que les recherches du docteur Bombard ont permis de considérablement diminuer la mortalité en mer.

Sur le canot vice-amiral Schwerer, les victimes membres de l’équipage : Emile Daniel, Maurice Formal, Eugène Daniel, Louis Lofficial, Gustave Le Mignant  Sur le radeau Bombard, membre de la société de sauvetage et parmi les victimes : Etienne Mallet

Sources :

sources: Association Etel autrefois (Michel le Leuch)
archives Michel Perrin (musée des thoniers)

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle

Stele-marins-Etel-1958GRo
Canot de sauvetage