La Bourgogne - Paquebot

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A partir des années 1880 la Compagnie Générale Transatlantique (CGT) avait fait construire une série de paquebots dite « série des provinces », chacun des navires dont La Bourgogne portait en effet un nom de province française. « La Bourgogne » fut lancée en 1885 par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne sur mer. Long de 150 m, large de 15,75 le navire était doté d’un moteur à pilon, avec 6 cylindres superposés, une hélice, machine à vapeur triple expansion de 9000 chevaux lui donnant une vitesse max de 17,5 nds. « La Bourgogne », mise en service en 1886 et armée par 200 hommes d’équipage pouvait embarquer 500 passagers.

Le 2 juillet 1898, « La Bourgogne » quitte New York pour un nouveau voyage avec, à son bord, plus de 511 passagers et 200 membres d'équipage. Le 4 juillet, vers 5 heures du matin, le paquebot entre en collision dans un brouillard très dense avec le voilier « Cromartyshire » qui faisait route vers Philadelphie. Sous le choc, les canots de sauvetage installés à tribord sont détruits. Le navire tente de s'échouer mais il coule une heure après la collision. Les rescapés (165 ou 184 suivant les sources) sont recueillis par le « Cromartyshire » puis transférés sur le paquebot « SS Grecian » de l'Allan Line qui prend le voilier en remorque et se rend à Halifax.

Le commandant Deloncle tente alors d'échouer son bâtiment sur l'île des Sables à 70 milles de là, mais, n'en aura pas le temps. En une heure le navire coule, entraînant dans la mort 546 personnes dont lui-même. Parmi les victimes, un grand nombre de marins autrichiens, rentrant chez eux après avoir fait naufrage quelque temps auparavant… Seulement 166 personnes seront sauvées, ce qui en fait la pire catastrophe de toute l'histoire de la Compagnie Générale Transatlantique en temps de paix. Le commandant de « La Bourgogne » : Antoine Charles Louis Deloncle, père d'Eugène Deloncle, dans la plus pure tradition maritime, refusa de quitter sa passerelle et disparut avec son navire. L'une des victimes du naufrage fut aussi le peintre Léon Pourtau.

Le naufrage de « La Bourgogne » a fait malheureusement un très grand nombre de victimes: sur 502 passagers, 447 ont péri : 85 de première classe, 113 de seconde et 246 de troisième. 118 hommes d'équipage ayant en outre disparu, le nombre des noyés est de 567. Les télégrammes nous ont appris qu’aucun des passagers de première classe n'a pu trouver le salut ; quelle peut être la raison de ce fait ? C'est que les cabines de première se trouvaient vers le centre du navire, juste à l'endroit où la collision a dû se produire. L'eau aura envahi les chambres avec la rapidité de l'éclair. Bien que la façon dont la catastrophe s'est produite ne soit pas encore connue d'une façon précise - qui sait même si elle, le sera jamais? - Il est possible, par déduction, de concevoir comment les choses se sont passées – Le récit d'un survivant de l'équipage a indiqué que « La Bourgogne » avait été abordée à la hauteur de la passerelle, qui a été démolie dès le premier choc, on a su ainsi que le navire abordeur avait occasionné une brèche dans le plus grand des compartiments du transatlantique, celui qu'on nomme la cale n° 2 et qui est destiné à recevoir les marchandises encombrantes. Cette très vaste cale ayant été remplie d'eau immédiatement, la flottabilité de « La Bourgogne » devenait déjà précaire. Mais ce n'est pas tout ! Les deux navires marchant l'un et l'autre à bonne vitesse, il est arrivé que l'étrave du « Cromarlyshire » a labouré tout le flanc du paquebot et est venue défoncer le compartiment étanche situé en arrière de la cale numéro 1, lequel compartiment, également de grandes dimensions puisqu’étant celui des chaudières. En sorte qu'on peut dire que l'abordage a eu lieu précisément au point le plus vulnérable. L'événement, hélas ! ne l'a que trop prouvé ! Il n'est pas exact que « La Bourgogne » ait filé au moment de l'accident 18 ou 20 noeuds, comme on l'a dit. Ce paquebot ne dépassait pas 17 noeuds à 17 noeuds et demi comme vitesse maxima; enfin, comme la brume régnait, la marche avait été réduite. Quant au « Cromarlyshire », il avait une vitesse de cinq à six noeuds.

Dans le sinistre de « La Bourgogne », les femmes ont, paraît-il, montré le plus grand calme et beaucoup de sang-froid, et si toutes ou presque ont été englouties par les flots, la responsabilité ne peut en aucune façon en être attribuée à l'équipage; il est maintenant certain, que quarante femmes avaient été placées sur un des canots qui, malheureusement, a chaviré. Jusqu'au moment où le navire a sombré le capitaine Deloncle - qui a d'ailleurs payé de la vie sa courageuse conduite - et les officiers de l'équipage ont unis tous leurs efforts pour sauver le plus de monde possible. Les accusations lancées contre les marins français sont de véritables infamies.

Dans toutes les grandes catastrophes il est rare que des accusations de ce genre ne se produisent pas, il en fut de même lors du naufrage de « l'Elbe ». Dans le cas de « La Bourgogne », c'était se sacrifier jusqu'à la mort. Ils l'ont fait sans hésitation, ni trouble. Les survivants en témoignent unanimement. Quant au capitaine Deloncle, saluons sa mémoire, car il est mort en véritable héros. Jusqu'au bout il est resté sur sa passerelle, donnant des ordres avec le plus grand calme et réussissant à faire exécuter beaucoup de choses à l'équipage.

La Compagnie Générale Transatlantique (CGT, souvent surnommée Transat, ou French Line par la clientèle anglophone) est une compagnie maritime française. Fondée en 1855 par les frères Émile et Isaac Péreire sous le nom de Compagnie Générale Maritime, elle est chargée par l'état d'assurer le transport du courrier vers l'Amérique du Nord et prend son nom définitif en 1861. Après une période de tâtonnement au XIXe siècle, la compagnie, poussée par ses présidents Jules Charles-Roux et John Dal Piaz, gagne en importance dans les années 1910 à 1930, avec de prestigieux paquebots tels que le Paris, l'Île-de-France et surtout le Normandie. Fragilisée par la seconde guerre mondiale, elle prend à nouveau de l'importance en 1962 avec le célèbre paquebot France, qui va malheureusement beaucoup souffrir de la concurrence du transport aérien et sera retiré du service en 1974.

Le commandant Louis Deloncle, est né à Cahors le 18 décembre 1854. Il avait 44 ans à peine et s'était marié en 1879, à Ajaccio, avec la nièce du général Colonna qu'il laisse veuve avec cinq enfants. Il était le fils d'un ancien universitaire qui devint préfet de la république en 1870. Le commandant Deloncle était sorti du « Borda » en 1870. Il avait pris part, comme aspirant, à la campagne de Cochinchine et du Tonkin, en 1873, et comme enseigne à la campagne de Tunisie, en 1881. Officier d'ordonnance de l'amiral Barrera, lieutenant de vaisseau en 1882, chevalier de la légion d'honneur en 1885, professeur de manoeuvre à l'Ecole Navale en 1890, il avait abandonné son grade militaire pour servir au sein de la Compagnie Générale Transatlantique en 1894. Il avait commandé successivement « La Champagne », « La Normandie » et « La Bourgogne » où il faisait son second voyage. .

Le « Cromartyshire » était un trois mâts à coque acier, n° officiel 82253, construit par Russell & Co, Port Glasgow (yard 19) et lancé le 6 août 1879 pour Thomas Law & Co, Glasgow. Il mesurait 248.8 ft x 38.1 ft x 22.8 ft pour un tonnage de 1554 grt / 1 et 462 nrt. Le 9 janvier 1901 sur un voyage de Leith à Port Elizabeth, il est abandonné en feu dans la Baie Mossel. Il est récupéré et réparé et finira le 24 octobre 1906, deux jours après avoir quitté Antofagasta pour charger à Iquique, il fait naufrage à Tetus Point sur l'Île de Printabu.

Sources :

Sources : Wikipédia

               Naufrages et épaves au Ponant – Société d’archéologie et de mémoire maritime

 

http://www.archeosousmarine.

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