Mary Brigitte - Chalutier

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Mary Brigitte était un chalutier classique (chalutage par le côté) à coque bois construit au milieu des années 50 à Etel (Morbihan) pour le compte de l’armement lorientais Le Goff. Il était immatriculé à Concarneau (CC 3465) ; ses caractéristiques étaient : longueur 22,27 m - largeur 6,50 m – tirant d’eau 3,75 m. Mary Brigitte était propulsé par un moteur Sulzer de 250 ch.

Le chalutier, sous les ordres du patron Désiré Furic, avait appareillé de Concarneau le 29 janvier 1959 pour une marée de deux semaines dans l’ouest de l’Irlande son lieu de pêche habituel. Le 8 février à 1h45 du matin, Mary Brigitte émet un message de détresse signalant qu’il vient d’aborder le « Great Foze Rock » un ensemble de roches à environ 3 milles au sud du phare de Blasket près de la baie de Dingle (Irlande). Cet endroit est le plus à l’ouest de la côte irlandaise. A 1h47, autre message : « nous mettons le canot à l’eau », à 1h48 : « abandonnons le navire », ce sera le dernier message émis par Mary Brigitte. Le message de détresse a été entendu sur les ondes et relayé, avec un certain retard, par la station de sauvetage de Valentia. Les chalutiers présents sur zone, dont le Hatoup et le Patron Jean Cadiou de Concarneau, le Peccanini et l’Avel A Benn de Douarnenez entament les recherches. Un cargo anglais, le Manchester Killer offre aussi son aide pour rechercher d’éventuels survivants, un avion de patrouille maritime anglais quadrille la zone.

A 10h00, un corps est repêché par l’un des chalutiers, puis deux autres corps par le canot de sauvetage de Valentia. Dans le courant de la journée l’Avel A Benn retrouve le canot, retourné et vide, de Mary Brigitte, puis le Patron Jean Cadiou repêche un autre corps A partir de ce moment, il faut se rendre à l’évidence, on ne retrouvera aucun survivant. Les quatre corps retrouvés sont ceux de Désiré Furic, le patron, Léon Sellin, Joseph Furic et Francis Garrec. Un cinquième corps sera retrouvé un mois plus tard sur la plage de Mayo, au nord-ouest de l’Irlande à plus de 100 milles du lieu du drame, il s’agit de Charles Pascou.

Comme hélas souvent dans pareille catastrophe, des polémiques vont naître, notamment ici à cause du canot gonflable de survie qui n’était pas à bord du Mary Brigitte. Il était resté à terre, lors de la précédente marée pour une visite semestrielle, il aurait pu être embarqué pour cette marée mais on n’avait pas jugé utile de le rembarquer. Il faut dire que l’on est en janvier 1959, le drame d’Etel qui a eu lieu en octobre 1958 est encore bien présent dans les esprits et le canot pneumatique gonflable n’a pas encore fait la preuve de son efficacité, c’est plutôt l’inverse, rapport au drame de la barre d’Etel, qui a cours en ce début d’année. Les marins ont encore confiance dans l’annexe en bois du bord, pourtant difficile à mettre en œuvre en cas de coup dur, la preuve, lorsque le Peccanini retrouve l’annexe de Mary Brigitte, celle-ci a encore ses avirons saisis, ce qui aurait tendance à dire que l’équipage n’avait pas eu le temps de lancer convenablement son canot à la mer. Le canot avait eu ses saisines coupées et avait été jeté à la mer, chacun tentant ensuite d’y prendre place…

Ce nouveau drame de la mer va laisser dans la douleur 9 veuves et 23 orphelins. Les victimes du naufrage de Mary Brigitte sont: Désiré Furic, 33 ans patron – Charles Pascou 37 ans, chef mécanicien – Joseph Furic 52 ans, second mécanicien – Léon Sellin 51 ans – Raymond Costiou 37 ans – Yves Le Naour 38 ans – René Le Marrec 38 ans – Francis Garrec 38 ans et le mousse de 16 ans Ernest Gourlaouen.

Sources :

Archives "Le Marin"

photo: Le Marin
carte: web

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