Tanche - Patrouilleur-dragueur

Tanche001
France
19 juin 1940

Lors de la Grande Guerre, la marine nationale a réquisitionné de nombreux bateaux de pêche. Ainsi à Fécamp, pratiquement tous les navires à vapeur furent adaptés militairement à des fonctions de dragage des mines (d’où le nom de « dragueur ») ou à celles de surveillance (d’où le nom de « patrouilleur »). Cependant la marine nationale a fait également construire des chalutiers directement aptes à ces opérations militaires.

C’est ainsi qu’elle a passé, le 13 décembre 1916, un marché aux chantiers Delaunay Belleville de La Palice pour la construction de trois chalutiers destinés à l’emploi de patrouilleurs-dragueurs, portant le nom de poissons de fleuves : Tanche, Truite et Perche. Mais ces chantiers auront des difficultés pour l’approvisionnement de divers équipements, provoquant des retards de livraison.

C’est ainsi que la Tanche (F725) sera mise à l’eau le 9 juin 1918 et mise en service à Rochefort le 10 février 1919, pour être affectée à la division des patrouilleurs de Gascogne ; puis en septembre elle est positionnée au sein de la flottille de Provence.

Ses caractéristiques étaient les suivantes :

Après-guerre, la Tanche sera conservée en tant qu’unité de la marine nationale, affectée à la surveillance des pêches maritimes. Immatriculée à Lorient L.2129, elle est prêtée à l’Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes. Armée par un équipage de la marine marchande, la Tanche accomplit plusieurs croisières jusqu’en 1930. Acquise par MM Alaterre et Paris d’une compagnie d’Equeurdreville dans la Manche, pour être démolie dans un premier temps ; elle est cependant revendue aussitôt à l’armement fécampois « Merrienne Frères » qui la fera transformer au Havre.

Bien que réquisitionnée le 9 septembre 1939, la Tanche va continuer à pratiquer la pêche, et va rejoindre Lorient. Devant l’avancée de l’armée allemande, le 18 juin 1940 le préfet maritime de la région de Lorient donne l’ordre, à tous les bâtiments de pêche de rallier un port plus au sud. La Tanche, commandée alors par Georges Fréger de Saint-Pierre-en-Port, quitte Lorient le lendemain, pour rallier l’Angleterre (d’après des témoignages des rescapés), le pli de l’amiral donnant l’ordre, devant être ouvert en pleine mer.

Vers 15h00 la Tanche navigue en direction de la sortie de la rade par la passe ouest. À 16h00, elle aborde une des mines magnétiques, précédemment larguées par l’aviation allemande, sur un haut fond à la hauteur de la tourelle des Truies. Le bâtiment sera disloqué tuant un grand nombre de passagers : de l’ordre de 190 victimes (des corps seront recueillis sur les côtes), seuls huit rescapés seront recensés.

Une rue de Lorient, en hommage aux disparus du patrouilleur-dragueur, porte le nom de « Chalutier Tanche ».

Sources :

- « Dictionnaire des bâtiments de la Flotte de guerre française de Colbert à nos jours »
du lieutenant de vaisseau Jean-Michel Roche
- Ouvrage « Les drifters haranguiers fécampois » 
de Jack Daussy des Éditions L. Durant & fils (Fécamp)

 

 

 

 

Patrouilleur-dragueur