Stella - Goëlette morutière

Goelette-trois-mats001
France
03 octobre 1917

Stella, trois mâts goëlette morutière avait été construite à La Richardais (Ille et Vilaine) en 1909. Appartenant à l’armement JL Perrigault de Saint Malo, cette goêlette jaugeait 220,14 tonneaux en brut et 167,82 tx en net. Immatriculée à Saint Malo, N° 3727, Stella était armée par un équipage de 28 marins, pour pêcher la morue dans les parages de Terre-Neuve.

Le trois-mâts avait quitté Saint-Malo le 7 avril 1917, sous les ordres du capitaine au cabotage Poilpré. Après une escale à Lisbonne pour embarquer le sel nécessaire à la campagne, Stella était arrivée sur les bancs le 13 mai et avait aussitôt commencé à travailler. Le 1er août la goëlette escale à Saint Pierre pour y débarquer un marin malade et 1320 quintaux de morue. Elle regagne les bancs le 12 août et va continuer la pêche jusqu’au 16 septembre, jour où elle débanque et se met en route vers la France, chargée de 3600 quintaux de morue. Ne connaissant pas son port de débarquement en France, Stella fait route sur Belle Ile, où les ordres lui seront donnés par l’armement.

A noter que la goëlette ne dispose ni de TSF, ni d’armement pour éventuellement se défendre en cas d’attaque. Le 3 octobre à 13h30, Stella se trouve par 47°27’ N et 09°10W (46° 48’ N et 14° W selon une autre source), soit sensiblement à la hauteur de Belle Ile et un peu au-delà du méridien du Cap Finistère, donc plus très loin de sa destination, mais dans la zone de danger sous-marin. La goëlette navigue vent arrière à 6 nœuds sous une brise d’WNW qui a tendance à fraîchir. Depuis le matin Stella a en vue le Saint Antoine, autre goëlette morutière qui rentre aussi des bancs et fait la même route plein est. Soudain, on entend un coup de canon tiré par un sous-marin positionné tout à côté du Saint Antoine, et aussitôt après un second coup, cette fois dirigé sur le Stella. Le sous-marin, on saura plus tard qu’il s’agissait du U-60, fait évacuer le Saint Antoine et le canonne à nouveau mais sans le couler. Il vient alors vers Stella et ordonne également l’évacuation de la goëlette, ce qui est fait en bon ordre dans six doris malgré le fait que les doris n’avaient pas été disposés en prévision d’un abandon du navire.

A 14h30 le sous-marin fit accoster l’un des doris avec trois hommes à bord, dont le novice Fenouillet qui fut interrogé, en français, par le commandant allemand. Puis le U-60 tira encore quelques coups de canon qui achevèrent le Stella et l’envoyèrent par le fond. Au moment de libérer les 3 marins pris en otage, leur doris, suite à un mouvement de houle qui avait forci, monta sur le sous-marin et se retourna puis coula. Les marins allemands repêchèrent les trois marins bretons, et les répartirent dans les cinq doris du Stella, qui étaient déjà bien chargés. A la suite de quoi il retourna auprès du Saint Antoine pour finir de le couler lui aussi, puis disparu vers le sud en plongée.

La nuit suivante les conditions météo se dégradèrent, le vent força et tous les doris se perdirent de vue. Le 4 octobre vers 16h00, le trois-mâts goêlette Etoile Polaire, en provenance de Pointe à Pitre et à destination de Saint Nazaire tombe sur trois doris, deux du Stella et un du Saint Antoine, et recueille les pauvres naufragés. Onze hommes du Stella seront sauvés, et débarqués à Saint Nazaire, dont le novice Fenouillet et le patron de doris Leclerc qui avaient otages du sous-marin allemand la veille.

Dans la nuit du 3 au 4 octobre, le doris du capitaine Poilpré et celui du second Cleret se sont retrouvés et ont réussi à naviguer de conserve jusqu’au soir du 8 octobre. C’est alors qu’une grosse lame a retourné le doris du capitaine, précipitant les cinq hommes à la mer. Malgré tous ses efforts l’autre équipage de doris n’a rien pu faire pour secourir ses camarades qui ont tous disparu, dont le mousse. Le 9 octobre le doris du second Claret faisait terre sur l’île de Groix avec ses six occupants, portant ainsi le nombre de rescapés à 17 (18 si l’on compte le marin laissé à Saint Pierre au mois d’août). Malheureusement 10 victimes seront à déplorer dans la perte de la goêlette Stella qui sont:

Joseph Poilpré capitaine – Joseph Robert lieutenant – Emile Foucault saleur – Joseph Lefebvre avant de doris – Alexis Sorgniard mousse – Joseph Serain – Frédéric ??? – Eugène Billy – Henri Rouault – Emile Hai -

 

Sources :

Forum 14-18

Goëlette morutière