Monge 1942 - Sous-marin
Mis en service en 1932, le sous-marin "Monge" est déployé en Méditerranée, Tunisie puis Indochine. Rallié à la flotte de Vichy, il participe au ravitaillement de Djibouti de juin 1941 à mai 1942. Ce sous-marin est perdu corps et biens lors de l'opération "Ironclad", attaque contre Diégo-Suarez à Madagascar par les forces britanniques le 5 mai 1942.
Ci dessous un court extrait du livre de J.J. Antier "l'aventure héroïque des sous-marins français , 1939-1945" relatant la perte du sous-marin "Monge" le 8 mai 1942:
LE MONGE EST COULÉ CORPS ET BIENS
Grâce au commandant Lemaire, on a eu un récit détaillé de la fin du Héros. Hélas, aucun rapport, aucun témoignage ne racontera celle du Monge, car il va périr corps et biens, le lendemain.
On se souvient que ce sous-marin, commandé par le lieutenant de vaisseau Delort, avait été rappelé d'urgence au moment de l'attaque britannique par un télégramme du capitaine de vaisseau Maerten, alors qu'il venait d'arriver avec un convoi à La Réunion. Il appareilla aussitôt et fit route à dix-sept nœuds sur Diégo.
Le 7 mai, grâce à un coup de main hardi d'un commando de marines du cuirassé Ramillies, amenés dans la nuit par le destroyer Antony, qui força champs de mines et barrages et le débarqua en baie de Diégo, la ville, prise en tenaille, fut contrainte de se rendre à l'aube, au moment même où coulait le Héros. La base étant neutralisée, l'escadre britannique fit route le lendemain matin pour mouiller dans la rade de Diégo. C'est alors qu'elle fut attaquée par le Monge, dont le commandant avait eu la même intention que le commandant Lemaire: interdire à l'assaillant l'entrée de la rade principale.
Dans le rapport du contre-amiral Boyd, commandant le groupe des porte-avions, à bord de l'lndomitable, on peut lire ces quelques mots qui résument tout le drame du Monge:
"8 mai 1942, 7 h 56. A 7 milles à l'est de la pointe Orangea, l' Indomitable est attaqué par un sous-marin. Sa torpille passe à cinquante yards (quarante-cinq mètres) sur l'avant du navire. Le destroyer Active, rejoint ultérieurement par le destroyer Panther, mène deux contre-attaques à la grenade. Le sous-marin est coulé, comme le prouvent les épaves: un panneau, un madrier, un gant, un casque colonial et des débris de bois au milieu d'une grande tache d'huile augmentant continuellement. Il n'y a pas de survivants. "
Le Monge fut déclaré perdu avec ses soixante-neuf marins, dont cinq officiers. Le contre-amiral Auphan, secrétaire d'État à la Marine, lui décerna cette citation:
"Affecté depuis octobre 1940 à la défense de nos colonies d'Indochine et de Madagascar, a effectué de nombreuses et difficiles missions en océan Indien. Le 5 mai 1942, ayant reçu l'ordre de rejoindre les parages de Diégo-Suarez pour participer à la défense de ce port, a rallié immédiatement et a disparu glorieusement le 8 avec tout son équipage. "
Étaient cités à l'ordre de l'armée de mer: le commandant Delort (proposé pour le grade d'officier de la Légion d'honneur), le lieutenant de vaisseau Bérenger, officier en second, "qui effectuait son service avec autant de gaîté que de simplicité" (chevalier), l'ingénieur mécanicien Delprat, " qui n'a cessé de se dévouer sans restriction et avec plein succès à son service dans des circonstances particulièrement difficiles" ( chevalier), le lieutenant de vaisseau Le Ruen, " aussi simple et modeste que compétent ", l'enseigne de vaisseau Kupper, "toujours volontaire pour les missions lointaines et qui a contribué pour une large part à établir et à conserver sur son bâtiment un esprit remarquaable, à la fois par sa jeunesse et sa discipline ", le maître torpilleur Antoine, "d'une valeur exceptionnelle ", le premier maître timonier Paul, " chef de quart d'un dévouement admirable, gradé exemplaire" (proposé pour la médaille militaire, ainsi que les seconds maîtres Maréchal, Camus, Inizan, Perrot, Gauthier et Peunec). Au total, 41 marins sur 69 étaient cités.