François Rouxel

est né le 21 janvier 1871 à Equeurdreville (Manche (50))

La famille de François Rouxel est originaire de la Manche (50), dans les environs d’Équeurdreville, aujourd’hui commune déléguée située dans la périphérie de Cherbourg-en-Cotentin.

Le père de François, Eugène, né à Réville, au nord-est de Saint-Vaast-la-Hougue, est cultivateur, et, avec son épouse Rosalie, née Le Pigeon, originaire, elle aussi, d’Équeurdreville, ils tiennent une ferme en cette dernière commune au lieu-dit "La Granchette".

Il aura 2 frères et 6 sœurs : Bonne, née en novembre 1867, mais qui décèdera à 8 mois, Louis (1869), puis, après François, Esthère (1872), Valérie (1874), Sophie (1875), Laetitia (1876), Eugène (1878) et Mathilde 1879).

Toute cette joyeuse fratrie partagera sa jeunesse entre la ferme des parents et celle des grands-parents, Louis Rouxel et Marie, née Jacquette, qui étaient eux-mêmes cultivateurs à Flottemanville-Hague, non loin de "La Granchette".

En Cotentin, on peut être aussi bien attiré par la terre que par la mer, mais François, au départ, est plus tenté par le grand-large. Aussi, au début de l’année 1891, ayant atteint l’âge de 20 ans et étant appelé à satisfaire à ses obligations militaires, il se rend à la mairie d’Octeville où il contracte un engagement de 5 ans, pour compter du 4 février 1891.

Il est alors incorporé à Cherbourg comme apprenti marin, puis, après avoir effectué « ses classes » à Brest, embarque sur le croiseur "Surcouf" le 15 octobre de la même année.

À cette période, le bâtiment qui vient d’être admis au service actif, a rejoint "l’Escadre du Nord" basée à Cherbourg, et effectue des patrouilles en Manche et Mer du Nord. Mais le fait marquant durant la période où François y est affecté, sera, en juillet 1891, la visite officielle à Cronstadt (île sur laquelle est établie la base navale de Saint-Pétersbourg) de la flotte française de l’amiral Gervais. Cette visite qui eut un retentissement important à l’époque était destinée à célébrer en présence du tsar Alexandre III l’alliance franco-russe, et la Marine russe y répondra, deux années plus tard, à Toulon où un quai, de ce fait devenu célèbre, porte le nom de Cronstadt.

François débarque du "Surcouf" le 4 septembre 1892, pour rallier le croiseur "Alger" une semaine plus tard. Il ne restera sur ce bâtiment qu’un peu plus d’un mois, car, il sera désigné, le 25 octobre 1892, pour la "Défense fixe de Cherbourg", un poste à terre qu’il a voulu, et les circonstances feront qu’il ne changera plus vraiment d’affectation.

Car il a opté pour une carrière de torpilleur. En fait, à cette époque, le terme de torpille couvrait tous les engins, flottants ou immergés, ayant pour vocation à exploser au contact ou à proximité des navires. Les torpilles dites à l’époque "fixes" ou "vigilantes" seraient de nos jours qualifiées de mines, et certaines pouvaient être déployées en chaînes pour protéger des zones où des chenaux, et actionnées depuis des postes à terre. Ainsi, François fit une grande partie de sa carrière comme "spécialiste de guerre des mines" dans les défenses de Cherbourg.

Par la suite, François et Marie Fleury qu’il a épousée le 14 janvier 1896 connaîtront les meilleurs, mais aussi les pires moments de leur vie. Ils s’établiront rue Dom Pedro, au sud de l’actuelle Darse transatlantique, et auront le bonheur d’avoir 6 enfants, Marguerite (1896, mais elle décèdera à l’âge de 13 ans), Eugène (1899, qui vivra moins d’un an), Henri (1902), Pierre (1906), Louis (1909) et Adrienne (1912).

Peu à peu, en fonction de ses rengagements successifs et de la qualité des services unanimement reconnus qu’il rendait, François gravit les échelons et fut promu au grade de premier-maître le 1er octobre 1907

Le 31 juillet 1909, le tsar Nicolas II séjourne avec une escadre russe à Cherbourg et rencontre le président de la République Armand Fallières. Pendant trois jours de grandes fêtes seront données en son honneur et pour célébrer à nouveau l'alliance franco-russe, avec, en particulier une grande revue navale. Pour l'occasion, toute la marine locale sera mobilisée, et François qui s'était sans doute particulièrement distingué pour l'accueil des alliés reçut la Médaille d'or du Zèle de Russie à l'effigie du tsar.

En 1916, la France est en guerre : le transit par la Manche est devenu un objectif majeur pour la Kaiserlichemarine désireuse d’être présente sur le théâtre Atlantique. Aussi, le port de Cherbourg revêt, comme d’autres d’ailleurs sur la côte anglaise, une importance stratégique, et de ce fait, ses accès demandent à être sécurisés, d’autant que des sous-marins mouilleurs de mines allemands rôdent dans les parages.

Une flottille de bâtiments, principalement des chalutiers "militarisés", est constituée pour protéger les accès au port et guider les navires en leur assurant le maximum de sécurité. Ces navires "auxiliaires" se relaient jour et nuit pour assumer cette mission : ils sont régulés à partir d’un ancien cuirassé, quasi-désarmé, mais qui, du fait de la guerre, a obtenu un sursis pour servir comme bâtiment dit "d’arraisonnement" sur le front de mer de Cherbourg, le garde-côte "Bouvines".

Ainsi, le 30 octobre, en fin d’après-midi, le "Saint Hubert", ancien harenguier de Boulogne réquisitionné en juin 1915 et qui a été doté d’un canon de 47 mm, prend la faction comme arraisonneur au large du Fort de l’ouest de la Digue du large, avec à son bord François. Le bâtiment bénéficie  d'une protection complémentaire assurée par le torpilleur d’escadre "Durandal" qui se tient paré au mouillage sur coffre dans la petite baie de Sainte Anne, en face d’Équeurdreville.

Vers 18 h 30, à la tombée de la nuit, le "Durandal" reçoit le message laconique suivant :

"Bouvines à Durandal : appareillez, l’arraisonneur vient de sauter".

Aussitôt, le torpilleur largue le coffre et, rejoint par le patrouilleur "P 295", se rend sur les lieux du drame, aux abords de la Passe de l’ouest.

Les conditions ne sont pas idéales pour des recherches : la nuit est tombée et la mer agitée (force 4). Sur les vingt-deux hommes composant l’équipage du "Saint Hubert", seuls trois seront repêchés. D’après le témoignage d’un de ces rescapés, le commandant, le lieutenant de vaisseau de Boutray, aurait été projeté à la mer en même temps qu’eux lorsque le bâtiment a explosé. Il était à ce moment-là bien vivant mais aurait été par la suite assommé par un débris de son propre bateau et aurait coulé à pic.

Il s’avèrera plus tard que l'explosion avait été provoquée par le heurt d’une mine dérivante mouillée par le sous-marin allemand "UC 26" qui sombrera lui-même le 9 mai 1917 à la suite d’un abordage en surface par un destroyer britannique au large de Calais.

Quant à François, son corps ne sera retrouvé à la côte qu’un mois plus tard, le 26 novembre 1916, et, de ce fait, le jugement déclaratif de son décès ne sera transcrit à Cherbourg que le 29 novembre de cette même année.

Sa dépouille, authentifiée à l’Hôpital maritime de la ville, sera inhumée au cimetière des Aiguillons.

François, comme un certain nombre de membres de l'équipage du "Saint Hubert", se verra attribuer la Médaille militaire avec cette citation globale :

"Serviteurs zélés et dévoués. Embarqués sur le Saint Hubert, ont trouvé une mort glorieuse en sautant sur une mine avec leur bâtiment, le 30 octobre 1916. Ont été cités."

Après sa mort, son épouse, Marie, élèvera ses enfants avec une grande dignité tout en exerçant la profession de préceptrice auprès de plusieurs familles de la ville.

Le nom du premier-maître François Rouxel est inscrit sur le Monument aux Morts de la Guerre (1914-1918) de Cherbourg.

Il était Premier maître.
Son unité : Saint Hubert
  • Médaille Militaire
  • Médaille commémorative de la Grande Guerre
  • Médaille d'or du Zèle de Russie-1909
Il est décédé le 30 octobre 1916.
Son corps repose au cimetière de Cherbourg (50)
Son décès est inscrit à la commune de Cherbourg (50)
Document portant la mention MPLF : Acte de décès 1916/1064

      Service Historique de la Défense de Brest

      Forum-Pages 14-18

  • Mémoire des hommes (Journal de navigation du torpilleur "Durandal")

Saint Hubert

Saint-Hubert

Le Saint Hubert était un chalutier à vapeur construit en 1912 en Grande Bretagne pour le compte de l’armement boulonnais Césaire Gournay. D’une jauge de 160 tonneaux, il était destiné à pêcher le hareng en Manche et en Mer du Nord. Il n’aura pas le temps d’accomplir une longue carrière de harenguier car en juin 1915 il est réquisitionné pour devenir patrouilleur auxiliaire. Il est doté d’un canon d...

Saint Hubert
184438
Rouxel
Equeurdreville
Manche (50)
21 janvier 1871
HE
NULL
Il a été décoré : Médaille commémorative de la Grande Guerre,Médaille d'or du Zèle de Russie-1909,Médaille Militaire
Acte de décès 1916/1064
D 11x15