Fils, de René Armand (maçon, 49 ans) et d’Augustine Guérard (39 ans, cultivatrice), Francis naît dans la ferme familiale à la “Clauvellerie“ dans la commune de Saint Julien de Concelles (6800 habitants) du canton de Le Loroux-Bottereau.

En compagnie de son frère Jean-Marie, il effectue sa scolarité dans sa commune et sitôt son certificat d’études en poche, Francis devient cultivateur dans sa ferme.

Puis il s’engage à 19 ans pour cinq ans, comme apprenti marin dans la Marine Nationale, sous le matricule N°22706-3.

Dès le 18 mars 1910, il fait donc ses classes au “3 ^e Dépôt des équipages de la Flotte" de Lorient et reçoit une affectation d’attente à l’“atelier central“ de Lorient du 1^er mai au 1^er janvier 1911.

De là, il rallie l’“école des mécaniciens“ de Toulon où il suit les cours de spécialité. Le 1^er mai 1911, il en sort breveté provisoire “chauffeur“ et promu matelot de 2^e classe.

En récompense de ses bons résultats, après un bref passage au “5^e Dépôt des équipages de la flotte" à Toulon, il reçoit le 1^er juillet 1911, comme première affectation, le cuirassé “Jules Ferry“ chargé d’escorter des convois et de participer au blocus de la marine austro-hongroise dans la mer Adriatique. Il découvre là, la Marine et le vrai métier de chauffeur.

Débarqué le 15 novembre 1911, il rejoint le “5 ^e Dépôt“ puis le “3 ^e Dépôt des équipages de la Flotte" à Lorient le 19 décembre 1912. Il revient ainsi sur ses terres avec l’affectation “Atelier torpilles" à Lorient du 1^er mars au 11 mai 1913, puis “Atelier torpilles" à Dunkerque du 11 mai au 26 septembre 1913.

A peine a-t-il eu le temps de souffler un peu après un passage au “3 ^e Dépôt “, qu’il doit regagner le 1^er novembre 1913, le croiseur “Descartes“, pour une campagne lointaine de la division des Antilles et de Terre Neuve, commandé par le capitaine de vaisseau Pervinquière. C’est à bord et à Terre Neuve qu’Il passe matelot de 1ere classe le 1^er janvier 1914.

Mais il débarque, à regret, le 12 juillet 1914 pour le “3 ^e Dépôt“ et prend quelques permissions bien méritées.

L’appel de la mer est le plus fort, il pose son sac à Toulon le 10 mars 1915, sur le croiseur “Danton“ avec lequel il effectue des patrouilles en Adriatique tout d’abord, puis participe au blocus à distance de l’Adriatique avec relâches à Corfou (Grèce) et des escales à Malte et à Bizerte. En décembre 1916, il assiste à la refonte complète du bâtiment à Toulon.

Le 19 mars 1917, le “Danton“, commandé par le capitaine de vaisseau Delage, se dirige à Corfou avec 300 permissionnaires de l’Armée Navale, mais au large de la Sardaigne, il est torpillé par le sous-marin allemand “ U64“. Deux torpilles le frappent à l’avant et au milieu, malgré son blindage et son cloisonnement intérieur, il coule en 30 minutes en s’inclinant sur bâbord. Le “Danton“ perd ainsi, 296 hommes, morts ou disparus sur les 1100 hommes d’équipage. Le torpilleur d’escorte “Massue“ qui l’accompagnait, a pu sauver 700 marins tandis que le chalutier “Louise-Marguerite“ en récupérait une centaine.

Dans le livre : “ Navires de la grande guerre “ Danton“, les auteurs relatent l’ambiance qui règne à bord durant ces minutes effroyables : “ Le commandant se découvrant poussa le cri de « Vive la France “. A son imitation, mille poitrines poussèrent par trois fois ce même cri…

Dans les machines la pression baissa au registre. La chaufferie N°2 fut rapidement envahie par l’eau qui se déversait par la porte de la soute à charbon...

On doit une mention spéciale aux équipes de chauffe et de machine qui sous la direction des officiers et des officiers-mariniers uniquement préoccupés de faire leur devoir, restèrent à leur poste, ou reçurent l’ordre d’évacuer, ne quittant leur poste qu’après avoir effectué les manœuvres nécessaires“

Francis, à son poste de quart et de combat, a vécu cette situation funeste. Est-il mort noyé dans la chaufferie ou lorsque le bâtiment a chaviré ?

Célibataire, il décède à 25 ans et 10 mois, à l’aube d’une belle carrière, éteinte après 7 ans de service seulement.

La médaille militaire lui sera décernée.

De même, Il sera cité comme ses camarades disparus, en ces termes, à l’ordre du régiment :

“Arrouet (Francis), matelot de 1^re classe chauffeur : Glorieusement engloutis avec leur bâtiment le cuirassé “ Danton“, torpillé par un sous-marin ennemi, le 19 mars 1917. Croix de guerre avec étoile de bronze“.

Disparu en mer, lors de la perte du cuirassé “Danton“, décision du 8 avril 1917 et d’après le jugement du tribunal civil de Brest, en date du 16 octobre 1918, transcrit à Saint Julien de Concelles le 15 novembre 1918.

Son nom figure sur le monument aux morts de sa commune de Saint Julien de Concelles (44).