Granville - Cargo
Le croiseur auxiliaire Granville est un ancien caboteur de la Société Havraise de Transport et de Transit (SHTT). Il avait été réquisitionné en 1939 par l'Etat français pour être transformé en bâtiment de guerre auxiliaire.
Le caboteur avait été construit en Grande-Bretagne, sur le fleuve Humber en amont de la ville de Hull, au chantier naval Cochrane & Sons de Selby. Mis à flot le 18 décembre 1929, il a été remis à son commanditaire français au début de l'année 1930, à l'issue des essais de réception et des contrôles de certification. Le navire était destiné au cabotage entre les ports des pays riverains de la Manche.
Ses dimensions étaient les suivantes : 51,90 m de longueur, 8,70 m de largeur et 2,70 de tirant d'eau à pleine charge. Sa capacité d'emport était de 510 tonneaux. Il était propulsé par une hélice à quatre pales, entrainée par une ligne d'arbre axiale et d'un moteur à vapeur à trois étages, d'une puissance de 87 CV, fabriqué à Hull par la société Holmes et Co. La vapeur était produite par deux chaudières à charbon pour la propulsion et les auxiliaires de bord. La puissance installée lui permettait d'atteindre une vitesse de 11 nœuds à mi charge.
Le 2 septembre 1939, dès la déclaration de guerre contre l’Allemagne, le bâtiment avait été réquisitionné au port du Havre pour le transformer en croiseur auxiliaire pour la Marine nationale. Un équipage est désigné le même jour par l'état-major de la marine sous le commandement du lieutenant de vaisseau Louis Maréchal, professeur à l'Ecole Navale pour faire transiter le navire vers Brest. Le bâtiment conserve son nom Granville, il est alors classé croiseur auxiliaire avec le numéro de coque X87. Le commandant et son équipage de 45 hommes ont pour mission de suivre les travaux qui consistent à l'installation de rampes de largage de mines sur la plage arrière, à placer un lest pour compenser la cargaison, et monter un armement. Deux mitrailleuses sont installées sur la plage avant.
Admis au service actif, il intègre la flottille des bâtiments annexes de l'Ecole Navale à Brest. Son équipage, placé sous le commandement du LV Maréchal, est composé de marins de commerce mobilisés, et de marins de l'Ecole Navale. De janvier à juin 1940, le bâtiment effectue des patrouilles en Manche et des missions de transport entre les ports de la région maritime.
A la suite de l'invasion de la Belgique par les forces armées allemandes et la perforation des lignes de défense françaises dans les Ardennes, les forces alliées convergent vers le port de Dunkerque pour être évacuées vers la Grande Bretagne. Le 4 juin 1940 les forces allemandes ont pris possession de la ville de Dunkerque. Depuis ce jour-là, malgré une résistance héroïque, les troupes françaises poussées par la 7e Panzer Division, refluent le long de la côte pour trouver un point d'embarquement vers la Grande Bretagne ou la Normandie. Face à l'encerclement imminent des troupes les amirautés française et britannique décident de l'évacuation des troupes.
Le 11 juin, une flottille de bateaux hétéroclites réquisitionnés par les amirautés est regroupée au Havre. Elle est composée des patrouilleurs auxiliaires P 21 Cérons et P 22 Sauternes, venus de Cherbourg, suivis d'une vingtaine de navires de tous tonnages : chalutiers, terre-neuviers, petits navires de pêche. Ils réussissent au cours de la matinée du 12 juin, à embarquer quelques milliers d'hommes de Saint-Valéry-en-Caux, puis Veules-les-Roses. Le patrouilleur Sauternes et sa flottille rejoignent la Grande Bretagne avec les militaires recueillis. Deux destroyers britanniques ont eux aussi évacué des militaires et ont rapidement rejoint la Grande Bretagne. Le 12 juin en soirée, les 40 000 militaires français et britanniques encerclés qui n'avaient pas pu embarquer, ont été fait prisonniers et leurs matériels saisis. Le patrouilleur Cérons échoué a été détruit par des tirs de chars allemands. Ces tirs avaient provoqué la mort de trois marins.
Conformément aux ordres de l'amirauté française, le préfet maritime de Brest avait signalé le 10 juin, la mise en route vers Cherbourg de trois bâtiments annexes de l'Ecole Navale : le bâtiment océanographique Président-Théodore-Tissier, le croiseur auxiliaire Granville, et le patrouilleur auxiliaire Notre-Dame-de-France, avec quarante bateaux de pêche d'Audierne, de Camaret et de Douarnenez, le bateau de sauvetage Jeanne et le remorqueur Faisan. Le convoi avait quitté Brest à 16 h 30. Il est arrivé à Cherbourg le lendemain 11 juin à 20 heures.
Le 12 juin au matin, ces navires ont reçu l'ordre de se rendre d'urgence à Saint-Valéry-en-Caux en vue de procéder à des évacuations de troupes françaises et britanniques. Le croiseur auxiliaire Granville a appareillé à 15 h 30, le bâtiment océanographique Président-Théodore-Tissier et le patrouilleur Notre-Dame-de-France à 17 h. Simultanément, le navire britannique à passagers TF n° 2 (train-ferry), se trouvant à Southampton, en Grande Bretagne, avait reçu la même mission.
Le 13 juin, à l'aube, sans savoir que la ville et le port de Saint-Valéry-en-Caux étaient occupés par les forces allemandes, le Granville et le TF n° 2, s'approchent du port. C'est à ce moment-là que les chars de la 7e Panzer Division tirent au canon sur les deux navires. Le TF2 est gravement avarié, il prend feu et ses chaudières sont hors service. Le navire en feu est à la dérive avec 14 victimes à bord. Les survivants sont récupérés par les chasseurs britanniques n° 6 et n°7.
Le croiseur auxiliaire Granville reçoit un obus dans le compartiment machine qui fait exploser une chaudière, et met le feu au bâtiment. Le croiseur auxiliaire est à la dérive et le feu se propage aux mines qui sont stockées sur le pont. Le commandant, bien que blessé par un obus qui avait détruit la passerelle, donne l'ordre d'évacuation. Les mines embarquées explosent, détruisant partiellement le pont et la passerelle. Les survivants, affolés par la déflagration, se sont jetés à l’eau pour échapper au brasier et aux tirs. Le bâtiment en feu dérive pendant plusieurs heures, et coule. Les blessés et survivants ont été récupérés par une chaloupe et un canot arrivant du large à leur rencontre. Il s’agissait des embarcations du chalutier Anne-Marie qui, heureusement, était resté hors de portée des canons allemands. Le chalutier a pu regagner le port de Cherbourg.
Le bilan humain est lourd : sur les 45 membres de l'équipage, 23 sont morts ou disparus et 22 sont rescapés.la déflagration, se sont jetés à l’eau
L'épave du bâtiment a été localisée par 49° 54' 370 de latitude nord et 00° 32' 146 de longitude est, par 30 m de fond, au large de la commune de Veulettes-sur-Mer.
Un jugement rendu le 24 décembre 1941 par le tribunal civil de Cherbourg a déclaré constant le décès de ces 23 personnes par suite de disparition en mer lors de la perte du croiseur auxiliaire Granville devant Saint-Valéry-en-Caux, le 13 juin 1940, et sur lequel ils étaient embarqués.
Sources :
Les sources :
- Le dictionnaire des bâtiments de la flotte française de Net-Marine
- L'association "Epaves du Ponant", site Internet
- Le Groupe de recherches et identifications d'épaves en Manche est (GRIEME), site Internet :
- La bataille de Saint-Valery-en-Caux :
Rapport du Commandant du patrouilleur auxiliaire Cérons :
- Echanges avec les Céronnais :
- Livre : "Rouen, Le Havre, Antifer, ports de Seine, dans les deux guerres mondiales".
: http://www.acheosousmarine.net
http://www.grieme.org/pages/granville.html
http://uncarnetsurmonchemin.over-blog.com/
article-5692945.html"
"http://cerons.fr/upload/vie_communale/
veules_les_roses.pdf"
photo: collection Yvon Perchoc