Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France

Emile Alphonse Marie Prosper

est né le 10 avril 1892 à Quimper (Finistère (29))

Son père, le morbihannais Joseph Marie, matelot douanier depuis 1884, et sa mère, la costarmoricaine Marie Sophie Le Guen se sont rencontrés et épousés en 1886 à Brest, ville où vivaient la jeune fille et sa famille. Est-ce seulement le hasard ? Elle résidait quai de la douane !
Avant Emile sont nés Marie Joséphine, en 1887, Louis François, en 1888, que la famille aura la douleur de perdre à l’âge de 5 ans et qu’il connaîtra si peu, puis Léopold, en 1890, dont il semble proche. Il a six ans déjà lorsque, en 1898, Louise Isabelle, la petite dernière de la fratrie, voit le jour. Contrairement à ses aînés elle ne naîtra pas à Quimper, mais à Riec-sur-Belon, commune connue depuis l’Antiquité, que délimitent l’Aven et le Belon, deux fleuves côtiers dont les vallées forment des rias. A cette époque, les huîtres du Belon étaient déjà fort prisées.
Il semblerait toutefois que le petit Emile Alphonse n’y ait pas passé l’essentiel de son temps : comme son frère Léopod, il n’apparaît pas sur le recensement de 1901 comme résidant au foyer. A cette époque, il n’avait que 9 ans et était de ce fait encore soumis à l’obligation scolaire. Faut-il en conclure qu’il a effectué sa scolarité à Quimper, sa commune natale, où les établissements scolaires sont nombreux et variés ? A l’époque, l’école Sainte Marie, dite école du Likès, recrutait beaucoup au niveau des communes agricoles environnantes, d’autant plus qu’elle disposait d’un internat.
De par sa profession, le papa, Joseph Marie, était muté régulièrement, et a ainsi parcouru le littoral du grand-ouest. Peut-être a-t-il choisi l’internat pour ses fils afin de leur assurer une scolarité sans à-coups ?
En dépit de la beauté des quais de l’Odet, être interne devait parfois serrer ces cœurs d’enfants : jusqu’à 1901 en effet, lorsqu’ils laissaient leurs familles à la porte de l’internat, ils les quittaient pour six mois : c’est à l’école qu’ils vivaient Noël et jour de l’an. Il fallait attendre Pâques, que les enfants célébraient obligatoirement à l’église paroissiale, pour pouvoir à nouveau embrasser leur maman.
Quoi qu’il en soit, c’est muni du certificat d’études primaires qu’Emile a terminé sa scolarité.
Il n’a pas encore 14 ans lorsque, le 21 février 1906, il embarque comme mousse à Vannes sur la goélette ‶Arsène", pour deux mois de cabotage, débarque à Morlaix et réembarque aussitôt sur le même bâtiment, qu’il quittera le 26 décembre. Le 8 avril 1907, c’est à bord de la goélette ‶Gaieté ″ qu’il embarque, toujours à Morlaix, pour en débarquer à Vannes le 15 octobre.
A cette époque, son père est affecté à Nantes, où il sauvera, au péril de sa vie, un enfant tombé à l’eau, ce qui lui vaudra la médaille de bronze (J.O. du 15 octobre 1907, p7177). Les chutes étaient fréquentes, et les matelots douaniers ne se déplaçaient jamais sans la ligne Brunel, ensemble composé d’une cordelette, d’un anneau et d’un grappin, qui a permis bien des interventions de sauvetage.
Le 21 octobre, Emile regagne Morlaix, d’où le ″Saint Louis", son nouvel embarquement, lève l’ancre pour Bordeaux, qu’il rejoindra le 14 août 1908. La cargaison est vite déchargée: dès le lendemain, ils repartent pour Morlaix qu’ils rejoignent en deux mois. Emile est novice désormais.
Le 3 décembre, le novice embarquera à bord du sloop ‶Camille″, pour deux mois de pêche dans le golfe de Vannes, puis de la goélette "Amédée" à bord de laquelle il sillonnera l’Atlantique, d’Auray à Bordeaux. Quand il débarque le 5 janvier 1911, il a le grade de matelot depuis deux mois déjà. Il va d’ailleurs embarquer comme matelot léger, c’est-à-dire patron non titulaire, à bord de la goélette ‶Egalité″, pour cinq mois de cabotage dans le golfe de Vannes, à nouveau.
Levé par anticipation le 14 août 1911, à 19 ans, il rejoint le dépôt de Lorient, un an après son frère Léopold, avec le titre de matelot breveté manœuvrier. Jusqu’à la fin du mois de mai 1912, il va poursuivre sa formation militaire, en particulier comme gabier, à Toulon, à bord du "Carnot" et du ‶Calédonien″.
Le 1er juin 1912, il embarque à bord du croiseur cuirassé ‶Léon-Gambetta″. Construit et lancé à Brest en 1901, le navire est à cette époque basé à Toulon, d’où il sillonne les côtes méditerranéennes : Emile aura vu Bizerte, Tunis, les ports siciliens. Du 31 octobre au 13 avril 1913, le croiseur est en mission de protection et secours dans les Dardanelles, à l’occasion des guerres turco-balkaniques, qui opposent l’empire ottoman à la Serbie, la Roumanie, le Monténégro et la Grèce.
De retour à Toulon, le cuirassé continue ses explorations méditerranéennes, et participe aux manœuvres associées en juin 1914.
Le 3 août 1914, c'est la guerre: l'Armée navale en ordre de marche quitte Toulon pour Bizerte, puis l'Adriatique, où l'Autriche-Hongrie a des ports. L'ennemi évite le combat, et le "Léon-Gambetta" participe au blocage du canal d'Otrante, afin d'empêcher la jonction avec les Dardanelles. Les croisières de surveillance se succèdent, avec quelques escales à Malte et des temps de charbonnage.
L’éloignement, la tension, pèsent sur les jeunes marins qui attendent avec impatience des nouvelles de leurs proches. Le 14 avril 1915, Emile écrit à sa sœur Marie Joséphine qu’il aimerait avoir plus souvent du courrier et une photo aussi. Certes, il a des nouvelles de son frère Leopold, également mobilisé, mais les messages des siens restés civils lui manquent.
Ce sera sa dernière carte postale.
Le 27 avril 1915 peu après minuit, alors qu’il effectuait sa dernière ronde avant une halte de quelques jours à Malte, le "Léon-Gambetta" bascule et disparaît dans les flots, cassé en deux par les deux torpilles qu'a lancées le sous-marin autrichien U5 en immersion.
Le corps du matelot Emile Prosper ne sera jamais retrouvé.
Il avait eu 23 ans le 10 avril
Son nom figure au cimetière de Vannes sur un monument commémoratif, ainsi qu’à l’église Saint Pattern, sur les plaques commémoratives de la chapelle dédiée aux morts héroïques de 14-18. A l’occasion d’un travail de mémoire réalisé par des classes de cours moyen de Vannes au printemps 2015, un rosier a été planté à son nom, ainsi qu’à celui des 791 autres Vannetais morts au cours de la première guerre mondiale.

Il était Matelot de 2e classe.
Son unité : Léon Gambetta
  • Médaille Militaire
  • Croix de Guerre 14-18 avec étoile (s)
Il est décédé le 27 avril 1915.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Brest
Document portant la mention MPLF : Mémoire des hommes

Léon Gambetta

835452gambetta0

Le "Léon Gambetta", construit à l'arsenal de Brest (29), était un navire d’une longueur de 146,50m, une largeur de 21,40 m au maître-bau, un tirant d’eau de 8,20 m, il avait un déplacement de 12600 tonnes. La propulsion était assurée par 3 machines à vapeur regroupant 28 chaudières qui assuraient une puissance de 28500 cv.

Le "Léon Gambetta" pou...

Léon Gambetta
184700
Prosper
Quimper
Finistère (29)
10 avril 1892
H1
NULL
Il a été décoré : Croix de Guerre 14-18 avec étoile (s),Médaille Militaire
Acte de naissance
D 11x15
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