Désiré Louis Chevalier
est né le 29 juin 1884 à Morlaix (Finistère (29))
Son père, Vincent-Marie Chevalier, né en 1845, accomplit sept années de service militaire. Fait prisonnier par les prussiens en 1870, il rentre en France en 1871. Il revient au pays, à Morlaix, en 1873. Issu d'une lignée de "gens de farine", il est meunier, puis boulanger. Il épouse en 1874, Marie-Jeanne Le Goff, employée à la Manufacture du Tabac. Le couple donne naissance à onze enfants. Pour se consacrer à sa famille, Marie-Jeanne, pilier de la famille, femme courageuse et pratiquante, quitte son emploi et reprend alors le petit commerce d'épicerie et salaisons légué par ses parents, Place au Lait à Morlaix.
Sixième de la fratrie, Désiré est scolarisé à Morlaix, chez les sœurs du Saint Esprit, puis chez les Frères. C'est un boute-en-train, il fréquente le cercle catholique où il pratique le football, le théâtre, la musique. Il intègre la symphonie municipale, lui à la clarinette, un de ses frères à la contrebasse. Il aime chanter, plaisanter, lit beaucoup. Pour lui trois choses sont sacrées : l’Église, la Patrie, sa famille. Valeurs auxquelles il fera souvent référence dans la correspondance qu'il entretiendra, de façon régulière, avec le benjamin de la fratrie, moine de la congrégation bénédictine de l'abbaye de Solesmes, alors exilée en Angleterre sur l'île de Wight.
Après l'obtention de son certificat il est placé comme commis.
A 14 ans il souhaite intégrer "l’École des Mousses" mais il est trop petit d'un centimètre. Déçu, il patiente, déterminé à être marin.
Le 9 juillet 1902 il s'engage pour cinq ans dans la Marine nationale et rallie le "2e Dépôt des équipages" à Brest.
Le 12 août 1902 il embarque comme apprenti marin sur le cuirassé "Charles Martel", à Toulon, jusqu'au 1er novembre 1902, date à laquelle il débute sa formation de torpilleur à bord du cuirassé "Magenta" qui abrite "l’École des marins torpilleurs" à Toulon. Le 1er avril 1903 il est matelot de 2e classe breveté de cette spécialité.
Le 15 mai 1903 il est affecté sur le garde-côte "Caïman", puis le 16 septembre 1903 sur le croiseur cuirassé "Condé", alors en essais à Lorient. Il est promu matelot de 1re classe le 1er octobre 1904. Le 20 août 1905 il rejoint le croiseur cuirassé "Léon Gambetta" qui appartient à "l'Escadre du Nord".
Du 6 octobre 1905 au 3 novembre 1907 il est affecté à la "1ere Flottille de torpilleurs de l'océan" basée à Brest. Il signe un rengagement de trois ans le 04 juillet 1907.
Promu quartier-maître de 2e classe le 1er janvier 1908, il sert, de janvier à mars 1908, à bord du croiseur cuirassé "Marseillaise" avant de rallier, le 1er avril 1908 le contre-torpilleur "Branlebas" en essais à Cherbourg. Il y restera jusqu'au 20 août 1908, date à laquelle il est affecté sur le croiseur cuirassé "Dupuy-de-Lôme" qui participe à la campagne du Maroc. La Médaille du Maroc agrafe "Casablanca" lui est attribuée à cette occasion.
Le 15 novembre 1909 il est désigné sur le croiseur cuirassé "Montcalm" à Brest. En 1910 le bâtiment rallie, pour plusieurs années, la "Division Navale d’Extrême Orient" qui a pour mission de défendre les intérêts français dans les mers de Chine et du Japon.
Désiré signe un rengagement de trois ans le 9 juillet 1910. Au cours de sa campagne sur le croiseur il a l'occasion de découvrir divers ports de Chine, du Japon et des rivages du Pacifique.
Au retour d'une absence de près de deux ans, il épouse, à Morlaix, le 7 août 1911, Anna Le Bayec, couturière puis cigarière. Les époux se connaissent depuis l'enfance.
Le 1er janvier 1912, affecté aux "Torpilleurs et sous-marins de Rochefort", il embarque sur le sous-marin "Newton" alors en achèvement.
Le 9 juillet 1913 il est "Inscrit maritime" à Morlaix.
Le 1er septembre 1913 il rallie le croiseur "Descartes" qui appartient à la "Division des Antilles et Terre-Neuve" et qui participe en 1915 à la protection d'édifices et des ressortissants français et étrangers à Port Au Prince où la rébellion gronde.
Le 28 décembre 1913 sa fille Jeanne voit le jour.
Le 4 mai 1916, après vingt-six mois d'absence, il est de retour à Morlaix.
Dans l'est et le nord de la France, les batailles de Verdun et de la Somme font rage.
Le 23 juin 1916, à la demande de son ancien commandant, il embarque de nouveau à bord du sous-marin "Newton" appartenant à la "Deuxième Escadrille des sous-marins", basée à Calais, mais opérant régulièrement, pour la surveillance de la Manche, à partir de Boulogne-sur-Mer. En décembre 1916, le sous-marin fait des essais à grande profondeur (37 mètres).
Il écrit à son frère, évoquant l'état de préparation des hommes à affronter l'ennemi "Personne ne perd le moral. Avec un commandant comme nous avons nous pouvons aller où il jugera bon d'y aller... Nous espérons qu'ils (les ennemis) viendront un jour faire connaissance avec nos cigares (torpilles) qui sont entretenus pour leur réception".
En août 1917, désiré subit une perforation d'un tympan et doit être débarqué. En novembre il embarque à Boulogne sur le sous-marin "Fructidor".
Le 17 février 1918 il est affecté à "l'Escadrille des sous-marins de Brest" et rallie le sous-marin "Euler".
Il est promu second maître de 2e classe le 1 juillet 1918.
Courant septembre, Désiré contracte la "grippe espagnole" qui se répand de manière endémique. Rapidement il souffre de congestion pulmonaire et de grippe infectieuse. Épuisé, il rentre en permission à Morlaix où il décède le 13 septembre 1918 "Mort pour la France" de sa maladie contractée en service.
Il laisse une veuve et Jeanne, une fillette de 5 ans qui a peu connu son papa. Jeanne, 26 ans plus tard, perdra son mari en 1944, déporté outre-Rhin, victime de la prise, par les allemands, de 60 otages à Morlaix en décembre 1943.
Son nom est inscrit au monument aux morts de Morlaix.
- Médaille commémorative de la Grande Guerre
- Médaille du Maroc
Euler
"Euler", sous-marin de haute mer type Brumaire construit à Cherbourg (50) est mis sur cale en 1906.
Ce bâtiment de 398 tonnes en surface et 551 tonnes en plongée peut atteindre la vitesse de 13 nœuds en surface et 8,8 nœuds en plongée. Construit selon les plans de Maxime Lauboeuf, c'est un sous-marin à double coque capable d’atteindre l’immersi...