Joseph Armand Gustave Brière
est né le 08 juillet 1919 à Locmaria (Belle-Île-en-Mer) (Morbihan (56))
Originaires, de Belle-Île-en-Mer (56), les grands-parents paternels de Joseph Brière exerçaient la profession de meuniers à Broméhanic, hameau situé non loin de Locmaria, à la pointe sud-est de l’île. Son père, Auguste, comme beaucoup de Bellilois à une époque où la pêche sardinière et les conserveries associées, qui avaient constitué une importante ressource économique pour l’île, ne faisaient plus flores, avait opté pour la navigation au commerce. Avec son épouse Marie-Josèphe, née Le Mentec, ils s’étaient établis, eux aussi non loin de Locmaria, au hameau de Le Coléty. C’est là que Joseph passe sa jeunesse, avec ses trois sœurs, Madeleine, Anne-Marie et Simone, fratrie dont il était l’aîné.
Naviguant au long cours, le père était souvent absent et Marie-Josèphe avait fort à faire pour élever les enfants. Mais ils n’étaient pas malheureux, vivant à la fois dans une campagne luxuriante et au bord de l’eau près de plages magnifiques, et en toute liberté.
Jusqu’à ce jour du 16 mai 1937 où un drame terrible vint frapper la famille : alors que son bateau faisait escale à Bordeaux, Auguste tombe entre la coque et le quai, et se noie. Sa dépouille, portée par les courants, sera retrouvée bien plus tard sur une plage de la côte landaise, près de Capbreton (40).
Son épouse dut se résoudre à faire des petits travaux de jardinage pour compléter une maigre pension de veuve et élever ses trois filles, car Joseph qui approchait alors de ses dix-huit ans, et était inscrit maritime provisoire, voyait déjà son avenir dans la Marine marchande : à partir du 20 juillet 1937, il commence son apprentissage de marin sur le cargo charbonnier "Kervégan" (ex "Capitaine Winckler"), de la "Compagnie Nantaise des Chargeurs de l’Ouest" qui faisait du tramping au petit cabotage vers les côtes sud de la Grande Bretagne.
Au bout de 3 mois de navigation, il embarque ensuite comme matelot, et cette fois au long cours, le 22 janvier 1938, sur le paquebot mixte "Jamaïque" de la "Compagnie Générale Transatlantique et des Chargeurs de l’Ouest" qui, à partir du Havre, desservait l’Afrique de l’ouest, les côtes est de l’Amérique du sud (Argentine, Brésil), et jusqu’à New-York.
Puis, le 18 janvier 1939, il est affecté, dans la même compagnie sur le cargo "Linois", mais il n’y restera que 4 mois, car faisant partie de la classe de recrutement 1939, il est appelé pour satisfaire à ses obligations militaires le 8 juillet de cette année-là, durant laquelle des bruits de bottes résonnent dans toute l’Europe (la mobilisation générale est décrétée en France le 3 septembre 1939).
Après un séjour de trois mois au "3e Dépôt", à Lorient, Joseph est désigné, le 1er octobre 1939, pour le contre-torpilleur "Bison". Le bâtiment sort de dix mois de réparations dans ce port à la suite d’un violent abordage lors d'un entraînement avec le croiseur "Georges Leygues", accident au cours duquel il a perdu toute son étrave, jusqu’au niveau du bloc-passerelle.
À sa reprise d’activités, le "Bison" effectue des escortes de convois qui le conduisent en Atlantique jusqu’à Dakar et Casablanca, et en Méditerranée jusqu’à Oran, avant de gagner Brest le 8 avril pour intégrer la "11e DCT" (Division de Contre-Torpilleurs).
La campagne de Norvège débute le 9 avril 1940, au moment de l’invasion du pays par l’armée allemande. Les alliés l’avaient envisagée et un corps expéditionnaire se tient prêt : la "11e DCT" appareille de Brest le 12 avril pour se joindre à la "Home Fleet" britannique afin de protéger les navires acheminant les troupes à partir de la baie de Scapa Flow, au nord-est de l’Ecosse.
Après quelques succès à terre, l’opération tourne court, et les événements du front français imposent la retraite et le rembarquement des combattants.
Le 3 mai 1940, le "Bison" participe à l’évacuation du corps expéditionnaire français engagé dans l’opération autour de la ville de Namsos, au nord de Trondheim. Les transports de troupes et leur escorte franco-britannique franchissent l’embouchure du fjord de Namsos aux environs de quatre heures du matin, et font route vers Scapa Flow.
Vers 10 h 00, alors qu’il se trouve à environ 180 nautiques de la côte, le convoi est attaqué par une meute d’avions de la Luftwaffe ; un "Stuka" largue, en piqué, une bombe en direction du "Bison". Elle atteint le contre-torpilleur en traversant la passerelle et explose dans une soute à munitions. Vers midi, le bâtiment disparaît dans les eaux nordiques. Entre-temps, plusieurs destroyers (HMS "Grenade", "Afridi", "Imperial", "Griffin") se sont portés au secours des naufragés : une centaine d’hommes du "Bison", dont le capitaine de vaisseau Bouan, commandant le bâtiment et la "11e DCT", a disparu ; mais le reste de l’équipage et des passagers a pu être récupéré par les bâtiments d’escorte, en particulier par l’"Afridi" qui a pris des risques importants en s’exposant ainsi à de nouvelles attaques des "Stukas".
On ne sait avec certitude si Joseph a été recueilli par l’"Afridi", mais si c’était le cas, ce n’en serait que plus douloureux pour sa famille, car vers 14 h 00, une nouvelle attaque atteint ce bâtiment qui, touché à deux reprises, finit par sombrer. Ce qui est certain, c’est que le matelot gabier Joseph Armand Brière ne faisait pas partie des trente rescapés du "Bison" qui ont débarqué à Scapa Flow.
Il avait vingt ans, et sera cité à l’ordre du corps d’armée avec la mention : "Tombé glorieusement pour la France à son poste de combat".
Son nom est inscrit sur le monument aux Morts de Locmaria (Belle-Île-en-Mer)
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
- Citation à l'Ordre du Corps d'Armée
- Service Historique de la Défense (Brest et Lorient)
- Histoire de la Marine marchande française des premiers vapeurs à nos jours (Jean Randier)
Bison
Le contre-torpilleur Bison
Du type Guépard/Valmy (1930-1940), le contre-torpilleur Bison (2.700 tonnes), construit par l’arsenal maritime de Lorient, a été mis en service le 24 octobre 1930. Capable d’atteindre la vitesse record de 40 nds, il a d’abord été affecté à Brest en 1932.
Dans la nuit du 7 au 8 février 1939, les croiseurs de la 2e escadre de Brest servent de but aux flottil...