André François Jules Fiévet
est né le 30 septembre 1918 à Petit-Couronne (Seine-Maritime (76))
C'est au foyer de Jules Fiévet, représentant en confection chez Fiévet Frères et d'Andrée Thibon qu'il voit le jour à Petit-Couronne (Seine-Maritime).Ses parents et lui-même quittent cette ville pour Roubaix dans les années 1919-1920. Deux soeurs, Paulette et Marie-Louise, puis un frère Claude vont partager son enfance. C'est un très bon élève qui fréquente l'Institution Notre-Dame-des-Victoires à Roubaix dirigée par des Jésuites. Ses parents déménagent ensuite à Nancy vers 1927-1928 et André entre à l'école Saint-Sigisbert à Nancy , où il réussit brillamment. Il rêve alors d'entrer à l'Ecole Navale et de devenir officier...
Mais alors qu'il n'a pas quatorze ans, son père est victime d'un accident de la route qui le laissera paralysé d'un côté. Toute la famille revient sur Roubaix fin 1932. Peu de temps après, pour subvenir aux soins de son mari et aux besoins de la famille, sa mère apprend la coiffure et ouvre un salon. André, lui, comprend qu'il va devoir renoncer à son rêve et occuper des emplois sans avenir chez Lepoutre à Roubaix et chez M.Delgrange drapier en gros, alors que se font encore sentir les effets de la crise économique de 1929. L'état de son père empire. Il meurt, alors que lui n'a que seize ans et demi. Le voilà soutien de famille. Mais il garde à l'esprit l'idée d'entrer dans la Marine. Il harcèle sa mère pour s'y engager jusqu'à ce que celle-ci accepte.
Dix mois après le décès de son père, le 7 février 1936 il est incorporé pour cinq années. Il rejoint d'abord "l'école des transmetteurs radiotélégraphistes" à Toulon, dont il sort matelot radio le 1er octobre 1936. Il navigue quelques mois à Cherbourg sur le sous-marin mouilleur de mines "Rubis". Le 6 juillet 1937, il embarque sur le croiseur "Lamotte-Picquet", navire amiral des Forces navales d'Extrême-Orient basé à Saigon. A son bord, il va visiter les grands ports d'Asie Le bâtiment reste plusieurs mois à Shanghai en 1937 pour protéger la concession internationale de l’invasion par le Japon.
Il revient pour sa première permission à Roubaix en août 1939. Mais la guerre contre l’Allemagne éclate le 1er septembre 1939. Dès le 3 il est mobilisé à Dunkerque. Il revient une dernière fois à Roubaix pour la communion de son frère Claude en mai 1940 puis on perd sa trace. Sa fiche matricule porte la mention vague "Angleterre". On présume qu'il a été rapatrié dans ce pays lors de l'évacuation de la poche de Dunkerque.
Il réapparaît à Oran le 1er septembre 1940, le 16 octobre il est affecté sur le sous-marin "Monge" et pour ce faire doit passer un certificat de navigation sous-marine. A cette époque, les Anglais craignent que la flotte française ne tombe aux mains des Allemands. Ils saisissent les navires français en mouillage dans les ports anglais, attaquent la flotte française à Mers el Kébir le 3 juillet 1940 puis à Dakar. Un accord est conclu entre la France et l'Allemagne qui permet de transférer le "Monge" à Saigon avec trois autres sous-marins. En octobre 1940, il part rejoindre son port d'affectation en passant par Casablanca, Dakar, Tamatave et Diégo Suarez (Madagascar) et arrive le 6 mars 1941 à son port d’attache. En février 1941 André se rengage pour trois années. Le 1er juillet 1941 il est promu quartier-maître chef.
D'octobre 1941 à mai 1942, le "Monge", basé à Diego-Suarez, effectue des missions d'escorte, de convois et de ravitaillements vers Djibouti et la Réunion alors sous blocus britannique dans des conditions très éprouvantes à cause de la chaleur et des tempêtes : au cours d'une de ces missions, les membres d'équipage perdent en moyenne 6 kg pendant une navigation de 55 jours. Le 2 février 1942, André adresse à sa mère une longue lettre dans laquelle il annonce qu'il a passé deux examens et espère passer prochainement second maître et que l'équipage du bâtiment a reçu la médaille du Mérite Noir. Le 5 mai 1942 alors que le "Monge" se trouve à la Réunion, le commandant du bâtiment, le lieutenant de vaisseau Delort reçoit l'ordre d'appareiller vers Madagascar pour défendre l'île contre l'attaque des Anglais qui craignent que le régime de Vichy, supposé proche du Japon ne contribue à les affaiblir eux et les Américains soumis aux attaques japonaises dans l'Océan Indien en les coupant de la route des Indes via le canal de Suez. Il lui est demandé de faire le "maximum de dégâts". Mais Le 7 mai les autorités locales françaises se sont rendues après de lourds combats .Le commandant du "Monge" n'a pu être informé car il observe un silence radio pour ne pas être repéré. Selon le rapport britannique, le 8 mai il tire à 7h55 une torpille vers le porte-avions "Indomitable" le manquant de peu. Il est immédiatement pris en chasse par les destroyers britanniques "HMS Active" et le "HMS Panther", grenadé une première fois à 8h06 et détruit à 8h18. André Fiévet, à 23 ans, fait partie des 69 disparus de l'équipage. Le sous-marin a vraisemblablement implosé et coulé, seuls une large flaque d'huile et quelques débris montent à la surface.
Les autorités de Vichy datent la disparition du bâtiment du 16 juin et la famille sera informée le 22 juillet par la presse bien avant que la marine nationale ne les avertisse officiellement. Le décès ne sera transcrit à l'état-civil qu'en 1945.
Le nom d'André Fiévet figure sur le monument national de Toulon érigé à la mémoire des sous-mariniers morts pour la France. Il est cité à l'ordre du régiment et titulaire de la croix de guerre en bronze.
Cette biographie est le résultat des recherches de la nièce et du neveu du marin, Dominique Boyer et Laurence Ducret née Boyer guidés par leur mère Marie Louise Boyer née Fiévet qui ont tenu à rendre hommage à leur frère et oncle.
- Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
- Citation à l'Ordre du Régiment
Monge 1942
Mis en service en 1932, le sous-marin "Monge" est déployé en Méditerranée, Tunisie puis Indochine. Rallié à la flotte de Vichy, il participe au ravitaillement de Djibouti de juin 1941 à mai 1942. Ce sous-marin est perdu corps et biens lors de l'opération "Ironclad", attaque contre Diégo-Suarez à Madagascar par les forces britanniques le 5 mai 1942.
Ci dessous un court extrait du livre de J....