Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France

Jean-Marie Henri Cornudet

est né le 08 septembre 1920 à Paris 15ème (Paris (75))

C'est au sein d'une atmosphère de tendresse, d'amour et de bonheur, dans un appartement parisien agréable et coquet, rue Armand Moisan à Paris 15e, que naquit Jean-Marie Henri. Ses parents Édouard Marie Bernard, médecin de profession, sa mère Cécile Marie Laure Leroy, sont tous deux natifs de Paris. Avec cette naissance ils réalisent leur vœu le plus cher. Sa grand-mère maternelle se joint à eux, elle a enfin un petit-fils qui porte le nom de Cornudet. Cet enfant est entouré de tendresse et de gâteries. Quatorze mois après lui, naît sa sœur Monique, avec qui il sera très complice.

La famille quitte Paris en 1922 pour Cherbourg, Jean-Marie n'a pas encore 2 ans. C'est dans cette ville exposée aux durs assauts des tempêtes, baignée par les vagues de l'océan qu'il va vivre toute son enfance et son adolescence. Deux autres sœurs viendront agrandir la famille : Nicole en 1928 et Jacqueline en 1933. C'est au 12 rue Dujardin à Cherbourg qu'il acquiert cette passion pour les choses de la mer, où sa vocation va démarrer. Il reste très attaché à ce coin de Normandie, ce port militaire dont il connaît le moindre détail.

A l'âge de neuf ans Jean-Marie va poursuivre ses études comme externe au collège Saint Paul tout proche de son domicile. Il aime les études, l'histoire, la lecture, la géographie et travaille bien. Il dévore les livres avec passion, surtout ceux sur la mer. Il sort très peu et quand il va au cinéma c'est pour regarder les films sur la mer.

Le 3 octobre 1935 il entre en classe de seconde dans un collège de bonne renommée, Saint Charles à Saint Brieuc (22). Il ne rentre à la maison qu'aux vacances scolaires. Les fins de semaines il les passe chez ses deux camarades Raymond et Yves Laurent (qui, l'un et l'autre, trouveront la mort avant lui : Raymond le 20 juin 1944 et Yves le 11 novembre 1943 dans l'atroce guerre qui allait éclater bientôt, aussi glorieuse que tragique, ils porteront tous deux la mention "Mort pour la France") Il trouve dans cette famille le doux confort d'un foyer familial. Il travaille assidûment, il veut réussir. L'année scolaire 1936-1937 il entre en maths-elem et philo, pour préparer ses deux baccalauréats, malgré les réserves de ses professeurs qui lui trouvent trop de choses à étudier en même temps.

En 1938, un cours de marine s'étant ouvert à Cherbourg, il est décidé qu'il y reviendrait pour continuer la préparation aux concours. Il a 18 ans. En septembre 1939 arrive la déclaration de la guerre, ses parents avec ses sœurs quittent Cherbourg, son père étant mobilisé dans un hôpital du Calvados. Jean-Marie continue ses études à Cherbourg, sous les bombardements. Le 10 juin le concours est suspendu, le 11 juin 1940 toute la famille part pour Aurillac. Jean-Marie continue ses études malgré les conditions défavorables. En juillet 1941, les épreuves écrites du concours ont lieu sur place dans des caves au milieu de toute cette agitation guerrière et d'inquiétude des esprits. Il n’est pas admissible, c'était son dernier concours, pourtant il avait dit "je serai officier de Marine".

En octobre la famille quitte Cherbourg. Le 4 novembre 1941, il signe son engagement pour 3 ans au bureau de la "B.M.E " de Paris, comme matelot timonier. Il est attendu au "5e Dépôt" à Toulon. Le 22 novembre de cette même année, il embarque à Toulon sur le cuirassé "Condorcet", navire-école de radio, électricien et timonier. Sur ce navire il retrouve certains camarades avec qui il avait préparé les concours. Le métier de timonier consiste à assurer la réception et la transmission de tous les signaux optiques sur la passerelle à côté de l'officier de quart. Il obtient avec succès son brevet élémentaire (BE) le 1er juillet 1942, ce qui lui donne le droit de choisir son affectation, il choisit l'Afrique du Nord.

Le 9 juillet 1942 il embarque sur le paquebot "Maréchal Lyautey" de la Compagnie de Navigation Paquet, un des plus beaux paquebots des lignes de l'Afrique du Nord. Il dort dans la cale, mais a le droit dans la journée de se promener sur la passerelle. Il arrive à Oran (Algérie) le 12 au matin il part en direction de Casablanca (Maroc) accompagné de 3 cargos escortés par un chalutier armé. Il arrive 3 jours plus tard au "Dépôt de Casablanca".

Jean-Marie est nommé le 1er août 1942 sur le dragueur de mines "Sentinelle" pour effectuer la défense du littoral. Ce navire, ancien chalutier, est transformé pour la Marine nationale, en un petit bateau de 60 hommes sur lequel il est employé comme matelot timonier. Pendant ce temps il en profite pour prendre des cours particuliers afin de monter en grade.

Le 8 novembre les Alliés s'emparent de l'Afrique du Nord, les Allemands envahissent la totalité de notre territoire

Au printemps 1943, il embarque sur le cuirassé "Condorcet" pour recevoir la formation de chef de quart. En décembre 1943 il est quartier-maître timonier chef de quart.

Le 1er décembre 1943 il se dirige vers le "Dépôt de Casablanca" pour 3 mois. Il trouve cette période à terre très longue. Le 1er mars 1944 il est nommé sur le "Chasseur 85" nouvellement livré par les Américains. Sa mission est de surveiller l'entrée du chenal au large de Casablanca et d'escorter les convois qui l'empruntent. De temps en temps il va sur Agadir. Son travail consiste surtout à faire des exercices presque journaliers avec des avions de bombardement. Il peut aller en ville, mais préfère rester à bord travailler ses maths et son anglais. Dès qu'il réunit 6 mois de navigation son commandant le propose pour le grade d'aspirant. Il débarque avec regret car il est appelé à la "D.L de Casablanca" pour sa formation. Il en sort officier de réserve avec le grade d'aspirant de marine le 1er juin 1944. Jean-Marie attend avec impatience son prochain embarquement, il se plaît à naviguer.

Le 15 août Il est nommé sur le dragueur de mines "D 202" pour compléter son entraînement comme subsistant. C'est avec joie que Jean-Marie embarque car ce bâtiment a reçu l'ordre de partir pour la France. Le 8 septembre 1944 les dragueurs attendent l'ordre de partir. Il est heureux de revoir la France. Depuis 25 mois il était sur les côtes africaines. Le navire appareille, Jean-Marie est fier, il n'est plus simple matelot au fond d'une cale de paquebot quand il traverse le Détroit de Gibraltar mais sur la passerelle d'un navire de guerre revêtu de la tenue d'officier. Son navire fait escale à Oran puis le 14 septembre il mouille en rade du Golfe Juan. Nous imaginons la joie de ce jeune aspirant. Le hasard veut que son premier contact avec le sol de sa patrie soit à quelques kilomètres de Vallauris où demeure son grand-père maternel. Profitant d'un court repos après dragage du golfe, Jean-Marie se fait un plaisir d'aller le voir, et d'avoir avec lui des nouvelles de ses parents qui demeurent à Bourges.

C'est le dernier membre de la famille qui le verra, ce sera son dernier contact avec la terre. Son navire gagne Sète puis se dirige vers Marseille par une grosse mer et une mauvaise visibilité. Au large le navire touche une mine et sombre.

Jean-Marie fait partie des disparus, il devait incessamment embarquer comme second sur un chasseur. Il aimait ce métier de marin, il pensait demander une affectation pour 2 ans dans le Pacifique, pour augmenter le nombre de ses galons.

Ces commandants lui rendent hommage en ces termes :

"Ses professeurs l'aimaient pour sa droiture, sa simplicité, son humilité et le grand caractère qu'il avait. Comme presque toujours, la guerre en le prenant à l'affection des siens, a pris un des meilleurs. Mais ceux qui l'on connut ne l'oublieront pas (lettre du commandant De La Boulaie, commandant du navire "Sentinelle", à son père le 23 janvier 1945)

Sur le" chasseur 85": "Dans ses fonctions d'officier de quart à la mer et de garde au mouillage, je n'ai eu qu'à me louer de ses services. Par ailleurs sa conduite et sa tenue sont irréprochables". Lettre de l'enseigne de vaisseau De Moulliens, adressée à son père le 12-12-1944.

Il était célibataire et n'avait que 24 ans.

Un service funèbre à l'intention des disparus est célébré à Casablanca, à Sète et à Marseille. Sur la côte même devant le lieu tragique de l'accident, un aumônier vient bénir l'immensité, sépulture des marins entrés dans l'éternel repos, pendant que la population des villages voisins vient se recueillir devant les flots et jeter à la mer de simples fleurs des champs. Pieux hommage rendu par la France libérée à ses enfants qui sont morts pour elle.

Son nom est inscrit sur la plaque commémorative 1939-1945 du Collège Saint Charles de Saint Brieuc (22).

L'Aspirant CORNUDET est cité à l'ordre du Corps d'Armée en ces termes:

"Embarqué sur le Dragueur D 202, a disparu le 25 octobre 1944 avec son bâtiment, coulé par une mine au cours d'opérations de dragage des champs de mines ennemies sur les côtes sud de la France".

Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec étoile d'argent.

Il était Aspirant.
Son unité : D 202
  • Médaille Militaire
  • Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
  • Citation à l'Ordre du Corps d'Armée
Il est décédé le 25 octobre 1944.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Bourges (18)
Document portant la mention MPLF : Transcription de décès

D 202

D202-dragueur

Construit pour le compte de l’US Navy, le YMS-77 fut mis en chantier le 2 mai 1942, et mis à flot par les chantiers stadium Yacht Basin à Cleveland (USA), le 11 octobre 1941. Mis en service le 6 mars 1944, il sera cédé à la marine française à Casablanca. Sans doute à cause de sa perte prématurée le D202 ne sera jamais baptisé d’un nom de fleur comme les autres bâtiments de la série des YMS américains (31 bâtiments).

Ca...

D 202
184480
Cornudet
Paris 15ème
Paris (75)
08 septembre 1920
HE
NULL
Il a été décoré : Citation à l'Ordre du Corps d'Armée,Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s),Médaille Militaire
Transcription de décès 1946/766
D 11x15
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