Jean Alexandre Le Gall
est né le 26 avril 1911 à Sizun (Finistère (29))
Jean Alexandre Le Gall est le fils de Jean Pierre et de Perrine André, cultivateurs à Sizun. Durant l'enfance de Jean, la famille réside à la ferme de Roch Kléguer en Sizun Jusqu'en 1927, puis à Ty Toul en Sizun.
Jean est le 4e enfant d'une fratrie de 6 frères et sœurs: Victorine(1903) ; Célestine(1907) ; Aline(1909) ; Francis(1913) et Laurent(1915). Dans sa prime jeunesse il est scolarisé à l'école publique de Sizun.
A l'issue de sa scolarité, Jean aide au travail de la ferme familiale, mais le travail de paysan semble peu l'intéresser. A ses retours de permission il donne quand même volontiers un coup de main à la ferme selon les saisons.
A l'âge de 17 ans, le 27 mars 1929, jean s'engage pour 5 ans dans la marine nationale au "Bureau Maritime de Recrutement" de Brest.
Après sa formation militaire et maritime initiale à Brest, Jean embarque le 9 avril 1929 sur le croiseur cuirassé "Ernest Renan" comme matelot de 2e classe sans spécialité.
Le 1er janvier1930 il est nommé matelot B.E. canonnier de 2e classe.
Le 24 janvier 1930 il embarque sur le sous- marin "Gustave Zédé" de la "2e escadrille de sous-marins" jusqu'en Avril 1932.Lors de cet embarquement, le 1er juillet 1930 il est promu quartier-maître de 2e classe.
D'avril 1932 à mai 1934, il est successivement affecté à la "2e escadrille de sous-marins", à la "1re escadrille de sous-marins", au "Centre sous-marins de Brest", à la "3e escadrille de sous-marins", puis à la "Flottille de sous-marins de la 3e région".
Durand cette même période il est promu quartier-maître de 1re classe le 1er octobre 1932.
Le 23 juin 1934 à Sizun, Jean se marie avec Marie Floch. La famille s'établit à Sizun puis à Brest dans le quartier de st Marc et va bientôt s'agrandir avec la naissance d'Annick le 30 mai 1935.
De juillet 1934 à juillet 1939, Jean embarque successivement sur le cuirassé "Provence", sur l'aviso colonial "D'Iberville" puis sur le contre-torpilleur "Aigle".
Il fait partager à sa famille la vie de marin lors des escales, ses moments de cafard, de lassitude et de joie. A travers ses lettres, entre 1930 et 1940, la famille voyage entre Brest, Toulon, Lorient, Casablanca, Oran, Dakar, Cherbourg. Une" vraie vie de marin" comme il dit avec son franc parler et son humour. Dans cette période, après des permissions passées à Elléouet en Sizun, où la famille Le Gall est installée depuis la Saint Michel 1936, il semble vouloir changer de vie. Il fait part à la famille de ses projets avec Marie, de quitter la marine au bout de 15ans, pour s’installer à Brest, entrer à l’arsenal, pour avoir une vraie vie de famille et être plus présent pour Annick qui réclame beaucoup d’attention suite à sa polio.
Le 1er juillet 1939, Jean est promu second maître canonnier. A cette époque la petite famille Le Gall réside à Toulon.
Le 3 septembre 1939 c’est la déclaration de guerre. Les marins à Toulon sont très confiants et sereins, ils sont nombreux à penser que le détroit de Gibraltar est infranchissable par les navires allemands. Jean s’inquiète cependant pour ses frères qui sont au font pour tenter d'entraver l'avancée des troupes allemandes. L'un des frères de Jean, Francis, fait prisonnier au début de la guerre passera 5 ans dans un stalag en Allemagne.
Marie est rentrée à Elléouet en Sizun, mais ne s’y plait guère. Elle n’a pas été habituée à ce genre de travail. Elle aspire peut-être à plus de tranquillité avec sa fille.
Jean se sent de plus en plus seul à Toulon et réclame du courrier. Il en reçoit déjà énormément, de Francis, Laurent ses frères, Guillou Floc’h, François Louis Manac’h, Francis Inizan, ses beaux-frères et anciens voisins.
Le 10 octobre 1939, Jean embarque sur le cuirassé "Bretagne".
Le 31 juillet 1940, l'opération "Catapult" menée à Mers el Kébir par la flotte britannique contre les navires français, fait de très nombreuses victimes sur le cuirassé "Bretagne".
Ce tragique épisode laisse Marie et la fratrie dans le doute insupportable. Marie revient à Elléouet quelque temps. Moments certainement très difficiles à vivre pour elle, entre le mince espoir de voir Jean revenir (certains marins rescapés du Bretagne, ont rejoint l’Angleterre), et la vie au quotidien avec sa belle-famille, la promiscuité, les conseils de ses belles sœurs célibataires. On peut très bien comprendre, que certains jours, elle aurait préféré crier seule son chagrin, plutôt que de supporter la présence de tiers qui se voulaient certainement bienveillants.
Marie restera quand même très attachée à la famille, de même que Annick, qui était un peu la fille d’Elléouet. Célestine, Victorine et Marie feront toutes trois des démarches dans toutes les directions, Croix Rouge à Genève, particuliers, anciens marins du "Bretagne", radiesthésistes, pour essayer d’avoir des nouvelles de Jean.
Le 15 décembre 1940, Célestine écrit : " je crois que s’il était mort, on aurait été prévenu pour maintenant. La semaine dernière, on a encore reçu une lettre de la Croix Rouge de Paris, où nous n’avons jamais écrit, disant qu’une de nos lettres était transmise à l’intendance maritime de Toulon afin qu’ils fassent des recherches pour retrouver Jean Le Gall. Je pense qu’il est peut-être au Canada comme Henri Meur qui vient de rentrer." (Confusion entre Canada et navire-hôpital "Canada"). Le 21 décembre 1941 : courrier officiel, pas de Jean Le Gall sur ce navire-hôpital. Moments d’espoir, vite effacés.
Le 8 juillet 1942, Célestine rencontre un homme de Lanmeur, dont le frère Jean Yves Meston était également second-maître canonnier sur le "Bretagne". Porté disparu après le naufrage, il a écrit à sa famille après 4 mois. Célestine écrit à sa femme. L’espoir renaît.
Le 25 septembre 1942, Célestine écrit à son cousin Désiré Le Gall qui travaille au secrétariat du ministère de l’air, pour lui demander d’intervenir afin d’obtenir des aides pour Marie. Une dame du ministère de la marine intervient pour enquêter chez Marie. Des aides lui sont allouées pour les opérations subies par Annick, des remboursements du paquetage de Jean.
Malgré cela il existe encore une lueur d’espoir. Le curé contacté pour un service funèbre va dans leur sens et leur demande d’attendre.
Le 9 janvier 1943, nouvelles par le propriétaire de la ferme, d’un marin de Bodilis rescapé du "Bretagne", actuellement en Angleterre, qui vient de contacter sa famille.
Il faudra attendre 2 ans et demi avant la triste nouvelle officielle. Et ce n’est que 15 ans plus tard que Marie recevra l’alliance de Jean portant les initiales "GF" et la date du mariage, retrouvée dans l'épave du "Bretagne" par les scaphandriers de l'unité marine d'Oran.
Marie habitera à Sizun dans le quartier de la gare. Elle travaillera successivement à la poste comme factrice, puis sera aide-maternelle à l’école publique jusque sa retraite. Parallèlement, elle travaille le week-end à la boucherie charcuterie Abgrall.
Elle ira habiter à Brest dans un appartement voisin de la maison de ses enfants et petits-enfants, puis elle rejoindra la résidence de personnes âgées à Sizun. Elle y décède en 1996.
Annick la fille de Jean sera pupille de la nation et travaillera plus tard à l'arsenal de Brest.
La famille durement éprouvée par ces évènements tragiques perpétue encore aujourd'hui la mémoire de son valeureux marin.
- Médaille Militaire
Bretagne (cuirassé)
Bretagne : cuirassé construit à Brest en 1916. Après la capitulation signée par le maréchal Pétain, pour éviter qu'elle ne tombe entre les mains des Allemands, Churchill décide de détruire la flotte française qui stationne à Mers-el-kébir (6 km d'Oran) : opération Catapult. Les négociations entre les amiraux Somerville (anglais) et Gensoul (Français) échouent...