Mémorial national des marins morts pour la France

Joseph fils de François, 22 ans maçon et de Marie Yvonne Lhotellier, 20 ans filandière, voit le jour au bourg de Ploumagouar canton de Guingamp.

Ainé d’une fratrie de 10 enfants qui comprend : Joseph (1880-1917), Philippe (1882-1915), Yves (1884-1927), Jean Marie (1887-1906), Emile (1889-1929), Francine (1892-1934), Louis (1895-1963), Joséphine (1897-1990), Maria (1900-1990), Ambroisine (1903-1958).

Il suit sa scolarité dans l’école communale et se tourne rapidement vers la mer comme inscrit maritime au quartier de Saint Brieuc, tout d’abord aux provisoires sous le numéro 309, puis le 30 janvier 1900 sous le N° 3265. Il navigue alors au long cours du 23 novembre 1899 au 3 août 1900 sur Le “Général de Boisdeffré“ comme matelot.

N° 119 au tirage au sort du canton de Guingamp, il appartient à la classe 1900 sous le matricule N° 549. Sans motif de dispense, il incorpore le 20 août 1900 la marine nationale à Brest au “2è dépôt des équipages de la flotte“. A l’issue de ses classes, breveté gabier, il rallie l'aviso transport “La Saône“ transformé en caserne dépôt des apprentis gabiers à Brest. Il y reste jusqu’au 24 avril 1901 puis embarque sur le torpilleur léger “Melpoméne“ jusqu’au 19 septembre 1901, jour où, il est récompensé par une promotion au grade de matelot de 2è classe. Après un passage au “2è Dépôt“ puis au “5è Dépôt“ de Toulon, le 6 novembre 1901, il rallie maintenant le cuirassé d’escadre “Jauréguiberry“ et il en débarque libre de toute occupation militaire le 10 mars 1904. Entre temps, il reçoit pour son excellent comportement le grade de matelot de 1^ère classe le 1^er avril 1903.

De retour dans la marine marchande, dès le 5 avril 1904 il rallie comme matelot le trois-mâts “Neuilly“ pour du cabotage puis du long cours jusqu’au 2 novembre 1905.

Le 29 novembre 1905 à Pabu, il prend pour épouse Jeanne Marie Guézennec, qui lui donnera quatre enfants : Albert, Emile, Emmanuel et Yvonne.

Mais après cette parenthèse, on le rappelle sur le vapeur “Alphonse Conseil“ pour du cabotage du 10 janvier 1906 au 14 mai 1906. Il enchaine ensuite sur le trois-mâts “Charles Gonard“ au long cours jusqu’au 12 juin 1907. Là il pose son sac pour 2 ans sur le “Général Négries“ de nouveau un trois-mâts, où il pratique du cabotage et du long cours jusqu’au 25 juin 1909.

Le temps de prendre quelques congés et de voir sa famille, il reprend la mer, au long cours, sur le “Eugène Pergoline“ du 1^er juillet 1909 au 18 mars 1910 mais cette fois comme novice.

Il enchaîne dans les mêmes conditions sur le “Rochambeau“ du 23 mai au 13 avril 1911 puis sur le “D.Courbet“.  Il y restera plus de quatre ans entre le 6 juin 1911 et le 20 novembre 1915 où il effectue du cabotage et du long cours en y exerçant les fonctions méritées de maître puis de 1^er maître. Son navire fait naufrage et Joseph en est rescapé.

Pas refroidi par cet événement et surtout passionné par son métier, il rallie le 10 novembre 1915, le “Breiz-Izel“ pour trois navigations au long cours et une en cabotage, dans le rôle de maître d’équipage, c’est-à-dire manœuvrier et en charge du personnel pont du navire.  Débarqué le 23 juillet 1917, Joseph profite enfin de sa famille.

Le 25 septembre 1917, Il met son sac sur le cargo vapeur “Longwy“, comme maître d’équipage, alors que des canons sont installés sur le steamer à Nantes dans le cadre “AMBC“ (Armement Militaire des Bâtiments Civils). Le “Longwy“ appareille le 17 octobre 1917, il effectue alors du cabotage international, transportant du minerai de manganèse entre le port de Bilbao en Espagne et celui de Glasgow en Ecosse.

Tout est calme à bord, la météo est clémente quand dans la nuit du 4 au 5 novembre, sort funeste deux ans après le naufrage de Joseph sur le “Courbet“, le “Longwy“ est torpillé par le U boot “UC 75“ dans le canal Saint Georges entre l’Ireland et l’Angleterre. Des 31 membres d’équipage, seuls les corps du capitaine Huet, celui du Mot Harré ainsi que celui du Mot Brajeul sont retrouvés. Ils sont inhumés au Donne cemetary de la paroisse de Girvan. Un 4éme marin fût trouvé le 8 décembre 1917, non identifié, il est inhumé dans le cimetière paroissial de Billantrae.

Joseph, marié, meurt à 37 ans alors qu’il a tout l’avenir devant lui. Il laisse une femme éplorée qui doit nourrir ses enfants en bas âge. Ce grand marin totalise 221 mois et 273 jours de navigation entre son service militaire et ses activités dans la marine marchande.

 Le sort s’acharne sur cette famille car son frère Philippe, affecté au “1^er Régiment d’infanterie coloniale“ est lui aussi MPLF, le 22 août 1915 à Souin (Belgique), son frère Louis, ayant participé au combat des “Dardanelles“ s’en sortira vivant, son frère Jean-Marie disparaît en mer (Terre-Neuve) en 1906 et son frère Yves est gazé et a perdu un œil.

Par jugement en date du 4 septembre 1918, le tribunal civil de La Rochelle a constaté le décès. Il a été transcrit sur les registres de l’état civil de La Rochelle le 14 octobre 1918.

Par arrêté du 4 janvier 1922. JO 12/01/22, Joseph est décoré de la croix de guerre 14-18 avec étoile de bronze.

Son nom figure sur le monument aux morts de Plouisy (22) et sur celui du Havre (76).

“Grâce à la ténacité des écossais Ritchie et Lorna Conaghan (de Girvan) et le soutien d’association comme le “Souvenir Français“ du Finistère, l’association mémorielle franco-britannique, la “Royal British Légion Scotland“ et le “ Girvan and district great war project“, une stèle rend hommage aux 31 marins français du “Longwy“, dans le petit cimetière de Girvan, depuis le mois d’octobre 2024.