Jean MOAL

Né le 14 septembre 1923 à Plounéventer (Finistère (29))

CH-5 - Carentan

Carentan-ds-la-plume

La classe Chasseur 5 est le nom donné à une série de 17 petites unités de la marine nationale destinée à la lutte anti-sous-marine dite "chasseur de sous-marin", mise en chantier en 1938.

Le programme de 1937 avait prévu la construction d’un nouveau type de chasseurs de sous-marins à coque acier pour remplacer les vieux chasseurs américains de type C1...

CH-5 - Carentan

Jean Moal est né le 14 septembre 1923 à Plounéventer, dans le Finistère. C’est le fils de Jean Louis, cantonnier communal, et d’Anne Marie Perrot, couturière, son épouse. Avant le petit Jean sont nées deux filles, Yvonne, en 1920, et Stéphanie, en 1921. C’est « l’enfant du milieu » : en 1925 naîtra Madeleine, sa jeune sœur, à qui il manquera beaucoup par la suite, puis Guillaume Corentin, dit Corentin, en 1927.

Plounéventer, où vit la famille, se trouve en plein pays Léon, entre Brest et Morlaix, plus précisément à équidistance de Landerneau et Landivisiau.

C’est un gros bourg rural, dont le site est connu depuis la préhistoire, et qui se trouve à la convergence de voies gallo-romaines.

Elle abrite l’un des plus beaux manoirs du Léon, qui a provoqué la convoitise de bien des brigands, Yves du Liscouët à l’époque de la Ligue, et à peine restauré, celle de Guy Eder de La Fontenelle.

C’est jusqu’à la fin du 19ème siècle un centre important de la toile de lin, et cet artisanat entraînera la naissance d’une classe sociale aisée, les « Juloded », qui contribuera à financer les Enclos paroissiaux. Les toiles se vendaient en effet jusqu’au Mexique, grâce à la proximité du port de Morlaix, mais la concurrence des toiles hollandaises causera leur déclin.

La commune a vécu longtemps de ce commerce, et des activités en rapport. Le grand-père de Jean était d’ailleurs tailleur d’habits.

Comme ses sœurs, avec qui il vit en bonne entente, Jean sera scolarisé à l’école privée de la commune. C’est un enfant studieux, et aussi sensible au monde qui l’entoure. Il aime dessiner. Son trait est sûr, précis, le sujet bien centré. Ses dessins sont une passionnante représentation de la vie à la campagne à cette époque, alliant tradition et modernité, et montrent un intérêt certain pour la mécanique.

Pourtant, est-ce la grande piété de sa mère, sa pratique assidue de la religion qui l’influence? Jean décide d’entrer dans les ordres. Il n’ambitionne pas le séminaire, et, à l’appellation de Père, il préfère celle de Frère.

A l’issue de l’école élémentaire, il entre à l’école du Sacré Coeur à Saint-Brieuc. L’école, ouverte en 1928 par les frères Lasalliens, est un institut primaire supérieur doté d’un internat qui propose des cours professionnels pour le bois et le fer.

Jean y obtient son certificat d’études, et, à 14 ans, il s’inscrit au Likès, à Quimper, également tenu par des Lasalliens. L’établissement, qui a servi d’hôpital militaire durant la première guerre mondiale, a été équipé complètement à neuf, et bénéficie d’ateliers permettant différentes formations industrielles. Il a d’ailleurs le titre officiel d’établissement technique depuis 1936, un an, donc, avant l’inscription de Jean.

C’est aussi un internat, le pensionnat Sainte-Marie, qui gère au mieux les intérêts de l’établissement sans déroger à la gastronomie.

Le pensionnat Sainte-Marie a en effet élevé jusqu’aux années contemporaines des cochons nourris des restes de la cantine, avant d’être transformés en côtelettes et saucisses mises au menu des élèves.

Devenu novice, il doit renoncer à son identité, et choisit de s’appeler Divitien Hervé. Saint Divitien est le jeune neveu de Saint Sinice, venu avec son frère Saint Sixte évangéliser et instruire la Gaule, avec grand succès.

Sixte fut nommé évêque de Reims, et Sinice évêque de Soissons, plus modeste et plus docile à la parole divine. Au décès de Sixte, Sinice lui succède et sacre lui-même son neveu Divitien évêque. Une église lui est dédiée, à Saulgé, dans la Vienne.

Son second prénom, Hervé, est celui du second saint de Bretagne, après Saint Yves. Né aveugle, Hervé « apprit sur les genoux de sa mère le chant des psaumes et des hymnes. Guidé par un loup, il mena une vie d’ermite avant de se fixer à Plouvien ou à Lanhouarneau,  où il fonda un monastère afin de chanter les louanges de Dieu », pas si loin de Plounéventer, ou de l’abbaye de Kerbénéat.

En juillet 1939, en compagnie de 30 autres postulants, dont 17 du Likès, Jean quitte Quimper pour Saint-Malo, d’où il gagnera Guernesey. Les jeunes novices y sont accueillis au monastère de Vimiera où ils poursuivent leurs études. Propriété des frères lasalliens, rattachée aux districts de Nantes et Quimper, elle est un avant-poste catholique en terre anglicane, qu’il s’agit par le biais de l’instruction de ramener dans le giron de notre Sainte Mère l’Église romaine.

Très sociable, Jean s’entend bien avec les autres novices, même si sa famille lui manque. Mais bientôt les Allemands s’installent à Guernesey, et les scolastiques, les jeunes étudiants en théologie et philosophie, regroupés au scolasticat, une maison annexe du couvent qui a ses propres règles, trouvent refuge à Londres, à Beulah Hill, au collège Saint-Joseph.

Cet établissement, qui est aujourd’hui un collège public, prépare à l’époque aux brevets élémentaire et supérieur, puis au baccalauréat, ainsi que des cursus commerciaux destinés aux enfants d’ambassadeurs ou autres carrières internationales. Pas question bien sûr de négliger les sports (on est en Angleterre!) ni la pratique de la langue anglaise.

Pendant la guerre, Beulah Hill accueille également des postulants venus de l’Europe centrale et de Malte, ou des réfugiés du Blitz et deviendra un pôle de ralliement.

Que sait Jean de la situation en France ? D’Angleterre, il est difficile de communiquer directement avec les familles. Une adresse a été transmise aux siens, qui implique un transit par le Portugal.

Ce qui est certain, c’est qu’à Londres il a connaissance des bombardements incessants, du blitz.

Le 17 juillet 1942, il quitte le collège Saint-Joseph et rallie les Forces françaises navales libres. Il signe son engagement 3 jours plus tard, et rejoint la base de Bir Hacheim, à Londres, comme apprenti-marin.

Le 25 juillet, il part pour Portsmouth afin d’y être formé.

Lorsqu’il quitte Portsmouth le 9 décembre 1942, il est matelot breveté canonnier.

On le retrouve alors sur l’île de Wight, à la base de Cowes, celle des Chasseurs, navires rapides, récents, mais très légers, 100t environ. Ils ont pour mission d’accompagner et de protéger les différents bâtiments, qu’ils défendent entre autres contre les attaques des avions allemands, parcourant Manche et Atlantique du nord au sud. L’un d’eux, le Chasseur 10 "Bayonne", sera d’ailleurs en première ligne lors du Débarquement du 6 mai 1944.

Du 9 décembre 1942 au 1er juin 1943, Jean fera partie de l’équipage du "Chasseur 14", avant d’embarquer à bord du Chasseur 5 "Carentan". Ce navire de 1939 a participé à l’évacuation de la « poche de Dunkerque » en juillet 1940, pour se diriger ensuite vers l’Angleterre où il a été saisi par les Anglais. En mars 1943, le chasseur est restitué aux FNFL.

En bon Breton, Jean se sent bien sur le pont du navire. Gai, amical, il remplit parfaitement sa tâche de canonnier anti-aérien à la grande satisfaction de tous.

« D’ailleurs », dira deux ans plus tard un survivant à son frère, avec beaucoup d’émotion, « sur le Chasseur, c’était la vie de famille. Tout le monde s’entraidait, tout le monde s’aimait, tout le monde était animé d’un même idéal, servir la France. Et Jean était le bon copain, toujours en forme », sur qui on pouvait compter.

Le 20 décembre 1943, le Chasseur "Carentan" est missionné pour accompagner le sous-marin "Rorqual", un mouilleur de mines de 2000t environ, qui vient d’arriver à Falmouth, et doit se rendre à Portsmouth en naviguant en surface, devenant ainsi vulnérable aux avions allemands. Le 21 décembre, tôt le matin, navire et sous-marin quittent ensemble Portland

pour Portsmouth. Mais la mer, déjà forte, se déchaîne lorsqu’ils arrivent près de Swanage.

Le chasseur navigue au plus près de la côte, mais embarque mer par l’arrière, chavire,

se retourne. Il est 10.20.

Jean le canonnier, debout sur le pont, disparaît dans les flots.

Il venait d’avoir 20 ans.

Il n’y aura que 6 survivants.

Les siens le pensaient en sécurité au couvent, et découvrent le drame lorsqu’une dépêche leur annonce sa disparition. Effondrés, ils cherchent à savoir si c’est bien de leur enfant et frère que l’on parle. Lorsque leur parvient la réponse, il ne s’agit plus de disparition, mais de décès.

Jean était le benjamin de l’équipage.

Il était Matelot de 2e classe.
Son unité : CH-5 - Carentan
  • Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s)
  • Médaille de la Résistance
  • Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer
Décédé le 21 décembre 1943. Il est mort pour la France à l'âge de 20 ans.
Porté disparu
Son décès est inscrit à la commune de Plounéventer (Finistère)
Document portant la mention MPLF : Acte de décès

Moal Jean - Documents annexes

Moal JeanMoal JeanMoal JeanMoal Jean
198586
MOAL
Plounéventer
Finistère (29)
1923-09-14
1923-09-14
1943-12-21
14 Septembre 1923
GG
NULL
Il a été décoré : Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer,Croix de Guerre 39-45 avec étoile (s),Médaille de la Résistance
Acte de naissance
E 10x13
1943-12-21
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