Pluton - Mouilleur de mines
Le « Pluton » était un croiseur de 2e classe, mouilleur de mines. En plus de sa fonction de mouilleur de mines, il avait été conçu pour pouvoir être utilisé en tant que transport de troupes rapide, dans ce rôle il était capable d’embarquer un millier d’hommes.
Sa construction avait débuté à l’arsenal de Lorient en avril 1928. Mis à flot le 10 avril 1929, il est admis au service actif le 25 janvier 1932.
Ses caractéristiques principales étaient :
Dimensions : 152,5 m x 15,6 m x 6,7 m
Déplacement : 4800 t
La propulsion était assurée par 4 chaudières à tubes actionnant 2 turbines à réduction par engrenages Breguet lui procurant une puissance de 57 000 ch. Lors des essais le « Pluton » atteindra la vitesse record de 31,4 noeuds développant une puissance de 64 705 ch.
Une chaudière auxiliaire destinée à fournir de l’eau douce et à réguler la température de la soute à munitions, deux turbo-alternateurs de 200 kW et trois groupes électrogènes complètent l’installation énergie-propulsion.
Le rayon d’action théorique avait été calculé sur la base de 7770 nautiques (14 390 km) à 14 noeuds, mais il ne sera en fait que de 4510 nautiques (8350 km) car la consommation de ses machines auxiliaires avait été sous-estimée.
Le « Pluton » était doté de deux lignes d’arbres entraînant chacune une hélice en bronze de 4,08 m de diamètre lui assurant une vitesse de 30 nœuds (55 km/h).
Artillerie : à l’origine, le « Pluton » classé croiseur léger, devait recevoir une artillerie de 203 mm en deux tourelles simples, 4 canons anti-aériens de 75 mm et 4 autres canons de 37 mm.
Cependant lors de la construction, les plans furent modifiés pour installer quatre canons de 138 mm modèle 1924 sous masque et six canons de 37 mm anti-aériens.
Six mitrailleuses Hotchkiss modèle 1914 de 8 mm complètent le système d’artillerie, mais ces mitrailleuses déjà obsolètes à l’époque seront démontées en 1932.
Mines embarquées :
Le « Pluton » est conçu pour embarquer 220 mines Sauter-Harlé de 1500 kg mais il en embarquera jusqu’à 250. Les mines sont entreposées sur le 1er pont, dit pont des mines. Elles sont déplacées à l’aide de palans à chaîne en utilisant un système de rails le long des bordés du navire. Ces rails se terminent à l’arrière du bâtiment par quatre rampes inclinées à 30 degrés pour minimiser l’impact de la mine lors de son largage à la mer.
Il va sans dire que toutes ces opérations de manipulation des mines sont extrêmement dangereuses car ces dernières sont activées à bord du bateau avant largage et deviennent dès lors opérationnelles, un maximum de précautions et une sécurité de tous les instants devaient être observées par absolument tout l’équipage.
Navire-école :
Le « Pluton » entre en service le 25 janvier 1932, il est alors affecté à l’escadre de la méditerranée ; mais, dès sa mise en service il rencontre de nombreux problèmes de neuvage au niveau des machines.
Peu après, un nouveau rôle va lui être assigné, celui de navire d’instruction à l’artillerie, école de tir à la mer. Le 24 octobre 1932 il entre dans les formes de carénage de l’arsenal de Toulon pour y subir une série de modifications qui vont concerner les logements, l’artillerie qui sera profondément modifiée, les superstructures en aluminium qui ont eu à souffrir de la chaleur et des flammes lors des tirs d’artillerie, et la machine qui n’a jamais donné totale satisfaction. Entre 1933 et 1935, le « Pluton » sera en permanence en chantier pour être mis à niveau à quatre reprises.
Le « Pluton » rallie Lorient le 10 mai 1939 où il doit être incorporé dans la 5e escadre de la marine, pour servir d’annexe au croiseur-école « Jeanne d’Arc » il aurait dû, à cette occasion être rebaptisé « La Tour d’Auvergne », le nom de « Pluton » étant réservé aux bâtiments mouilleurs de mines.
Mais le monde bouge de façon inquiétante et la menace de guerre se faisant précise, l’Etat-major décide de reconfigurer le « Pluton » (qui a conservé son nom) en mouilleur de mines, il est transféré à Brest qui rend au bâtiment son rôle initial au moyen de profondes modifications, notamment dans le domaine de l’artillerie, le pont des mines est débarrassé de ses logements et retrouve son hangar de stockage et de mise en oeuvre des mines.
Sous le commandement du capitaine de vaisseau Dubois, le « Pluton » appareille de Brest à destination du Maroc, le 2 septembre 1939, veille de la déclaration de guerre, emportant avec lui 125 mines « Breguet ». Il arrive à Casablanca le 5 septembre d’où il doit ré-appareiller le 12 pour mouiller un champ de mines défensif dans la nuit du 12 au 13 septembre.
Dans la soirée du 12 l’ordre d’appareillage est annulé, mais les mines ayant déjà été amorcées, elles doivent être débarquées et désamorcées à terre, dans le dépôt de munitions de Bouskoura. Cette opération débute le 13 au matin. A 10h40 une première mine explose suivie d’une seconde quelques secondes après. Ces deux explosions vont entraîner une série d’explosions en chaîne de toutes les mines du bord. Un incendie meurtrier se propage alors aux 700 tonnes de mazout du bord entraînant la perte du navire et surtout coutant la vie à près de 200 hommes d’équipage et en blessant une centaine d’autres. Le « Pluton » comptait 391 hommes d’équipage, autant dire que la presque totalité de ses hommes furent touchés à des degrés divers.
L’explosion fut perçue dans un rayon de 100 km et des débris du bâtiment et des installations portuaires attenantes furent retrouvés jusqu’à 2 km à la ronde.
Quelques éléments, dont un canon et une partie du blindage furent récupérés, mais le « Pluton » restera coulé à l’état d’épave dans le port de Casablanca durant toute la guerre, il ne sera démoli qu’entre octobre 1952 et juillet 1953.
Cette catastrophe aurait-elle pu être évitée, ou en tous cas engendrer des conséquences moins terribles? Oui peut-être si l’on en croit le rapport du capitaine de vaisseau Puech, commandant du bâtiment au neuvage, rapport destiné à l’Amirauté qui dénonçait les changements incessants des missions du « Pluton » passant de mouilleur de mines à transport de troupes, puis revenant à son rôle premier. Ce rapport mettait en cause les transformations successives du bâtiment qui pénalisait fortement la capacité opérationnelle du mouilleur de mines, et pénalisait l’efficacité de l’équipage dans la mise en oeuvre des mines.
Hélas ce rapport ne fut pas pris en compte par l’Amirauté comme il aurait dû l’être.
A noter que suite à ce contre ordre, le « Pluton » aurait dû effectuer un mouillage fictif de mines devant Casablanca pour faire croire à l’existence d’un champs de mines, et ensuite être reconfiguré en transport de troupes, ce qui confirme les errances de nos décideurs de l’époque.
Sources :
Lire l'article complet ici


