Pierre Louis Dorléans
est né le 16 août 1891 à Pleslin (Côtes-d'Armor (22))
Pierre est le fils de Pierre Marie Honoré Dorléans et de Françoise Herisson, son épouse. Il passe son enfance au village de Le Vaugévier à Pleslin où ses parents exercent la profession de cultivateur. Il fait sa scolarité à l'école de Pleslin. Il apprend le métier de cultivateur avec son père à la ferme familiale.
A vingt ans, il s'engage dans la Marine nationale pour une durée de quatre ans. Il est incorporé le 27 décembre 1911 au "2e Dépôt des équipages de la flotte" à Brest, comme inscrit maritime avec le matricule n° 8465 du quartier maritime de Dinan. Après sa formation maritime acquise, il va suivre le cours de spécialité fusilier à Lorient, à "l'Ecole des fusiliers" qui est embarqué sur le bâtiment-ponton "Calédonien". Le 2 octobre 1912, il est nommé matelot breveté fusilier et embarque sur le cuirassé "Mirabeau" de la "1re Escadre de l'Armée navale" en Méditerranée.
Malade, Pierre est hospitalisé du 9 au 27 décembre 1914 sur le navire hôpital "Canada", qui est réservé à l’Armée navale en Méditerranée pour l'évacuation marins des blessés ou malades des unités prenant part à la bataille des Dardanelles.
En octobre 1915, Pierre est désigné pour servir à la "Brigade de fusiliers marins" qui combat depuis septembre 1914 en Belgique à la bataille de Dixmude puis à la bataille de l'Yser. La brigade est formée de deux régiments de marins et d'une compagnie de mitrailleuses. Il rejoint la compagnie de mitrailleuses le 6 octobre 1915 à Nieuport située à l'embouchure du canal de l'Yser. La brigade tient des positions le long du fleuve Yser entre Nieuport et Ypres, avec la mission de défendre ce secteur.
Avec le début de la guerre sous-marine, le besoin en hommes pour armer les bâtiments se fait de plus en plus pressant. Le 1er décembre 1915, la "Brigade de fusiliers marins" est dissoute. La dissolution de la brigade ne marque pas la fin de l'engagement des fusiliers marins dans les combats terrestres. La Marine nationale conserve sur le front, sous le commandement d’un capitaine de frégate, un "Bataillon de fusiliers marins", intégré au "1er Corps d’Armée". Le bataillon tient alors des positions dans le secteur de Nieuport de décembre 1915 à juin 1917.
En juillet et août 1917 le "1ercorps d’Armée" attaque en direction de l’Est la charnière de la ligne Hindenburg. Le bataillon prend part aux combats Langewaede qui se sont déroulés entre le 31 juillet et le 16 août 1917. Langewaede est le nom d'un hameau de Belgique sur la presqu'île de Poësele située à la confluence du canal de l’Yser et de celui du Martjevaart entre le pont de Drie-Grachten, et les villages de Merckem et de Draaibank.
Le 31 juillet et le 1er août 1917, le "Bataillon de fusiliers marins" a conquis brillamment plusieurs lignes de tranchées sur une longueur de 500 mètres et une profondeur d’un kilomètre. Le 16 août, il a atteint l’objectif final : la presqu’île de Poësele et la tête de pont de Drie-Grachten, soit toute l’organisation ennemie sur un front de 2,5 km et une profondeur de 800 mètres. Au cours de cette bataille les forces alliées ont fait de nombreux prisonniers et pris une grande quantité d’armes et de munitions. Pierre est blessé dans les combats du 4 août 1917. Le quartier-maître Dorléans Pierre est cité à l'ordre du régiment par Ordre du 10 octobre 1917, en ces termes : "Gradé très dévoué, a obtenu un excellent rendement de sa pièce contrebattant les mitrailleuses ennemies le 1er août 1917".
Le 22 novembre 1917 il subit une intoxication au gaz brûlants. Le quartier-maître Dorléans est cité à l'ordre du régiment par ordre du 7 novembre 1917 en ces termes : "Le 2 octobre 1917, tous les hommes étant momentanément hors de combat, a réussi, sous un très violent tir de barrage, à dégager le tireur et sauver sa pièce.".
Pierre est promu au grade de second maître fusilier à titre temporaire et pour la durée de la guerre par ordre du 25 novembre 1917 du capitaine de vaisseau, Commandant le Bataillon de fusiliers marins. Les combats se poursuivent dans le secteur de Bixschoote (Belgique) jusqu’à la fin de l’année 1917.
Au printemps 1918, les forces allemandes lancent une offensive sur le Front Ouest, entre Arras (Pas-de-Calais) à Saint-Quentin (Aisne). L'offensive commence le 21 mars sur un front de 70 km de large. L'avance des Allemands est très rapide sur tout le front. Le 27 mars les Allemands sont à Montdidier (Somme), à 60 km de leur point de départ, menaçant Amiens (Somme). Mais les alliés jettent de nouvelles forces dans la bataille et parviennent à arrêter l'offensive allemande. Les armées françaises et alliées se reforment. La 29e Division d'infanterie, qui comprend les 3e Régiment d'infanterie, 141e RI, 165e RI, 14e Régiment d'infanterie territoriale, Génie, 49e et 55e Régiments d'artillerie de campagne, ainsi que le "Bataillon des fusiliers marins", vient le 29 mars remplacer une division anglaise dans le secteur de Hailles. Le "Bataillon des fusiliers marins" qui a quitté la Belgique, prend part aux combats dans le secteur du village de Hailles, situé près d'Amiens.
Le 4 avril, le "Bataillon des fusiliers marins" reçoit l'ordre de barrer le confluent de l'Avre et de la Luce. Le 9 avril, l'ennemi prend pied dans Hangard mais dans la nuit, le 165e RI et une compagnie du 141e RI reprennent tout le village. Les régiments d'infanterie subissent du 29 mars au 15 avril 1918 à Hailles, Domard, Hangard, Thennes des bombardements intenses, particulièrement violent, sans interruption, avec des obus de gros calibres, et gaz toxiques. Pendant cette période confuse, la "29e Division d'infanterie" a perdu 2822 hommes dont 212 marins tués, blessés, intoxiqués, ou disparus.
Par décision ministérielle du 5 juillet 1918, le second maître Dorléans est admis au cadre de maistrance
Le 25 août 1918 le "Bataillon de fusiliers marins", reçoit l’ordre de repartir au combat dans le secteur de Laffaux (Aisne). Le site du mont de Laffaux est constitué par un système de tranchées en excellent état d’entretien, et présente une position extrêmement forte, tenue par la 1re Division prussienne dont la consigne est de tenir à tout prix. Le 14 septembre 1918, le "Bataillon de fusiliers marins" qui est en première ligne depuis le 9 septembre, opérant avec la "29e Division d’infanterie", encadrée à droite par la "128e division" et à gauche par la "1re Division marocaine", reçoit l’ordre d’attaquer. Alors qu’il fait encore nuit, un passage est ouvert à travers les réseaux de défense. A 5 h 58, le bataillon, triomphant de la résistance ennemie, atteint le lieu-dit "Moulin de Laffaux", franchit les lignes de tranchées et, emporté par son élan, dépasse même son objectif. Les tranchées sont vidées de leurs occupants et un petit bois sur les pentes du "Ravin d’Allemant" est enlevé à la baïonnette et ses défenseurs faits prisonniers. L’ennemi réagira vigoureusement, le bataillon le poursuivra néanmoins, pas à pas, jusqu’aux "rives de l’Ailette", mais ne pourra le forcer à lui seul. C’est sous la pression du "1er Corps d’Armée" que les Allemands abandonneront enfin cette ligne. Les couleurs françaises flottent de nouveau sur Laon. Les pertes du bataillon au cours de ses combats de Laffaux sont très lourdes : 18 officiers, 430 officiers-mariniers, quartiers-maitres et marins mis hors combat, soit les trois-quarts de ses officiers et plus de la moitié de son effectif.
Pierre Louis Dorléans, second maître de la compagnie de mitrailleuses du "Bataillon de fusiliers marins" est tué le 29 septembre 1918, au lieu-dit Passage de l’Aillette en face de la forêt de Pinon (Aisne).
Pierre Louis Dorléans est inhumé à la nécropole de Vailly-sur-Aisne (Aisne), tombe individuelle n° 384.
Le second maître Dorléans Pierre a reçu les distinctions suivantes : médaille militaire à titre posthume, croix de guerre 1914-1918, avec étoiles, médaille des blessés, médaille commémorative de la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche.
- Citation à l'Ordre du Bataillon
- Médaille Militaire
- Croix de Guerre 14-18 avec palme(s)
- Médaille des blessés
Fusiliers marins 1914-1918-Moulin de Laffaux
Les combats au Moulin de Laffaux :
Au mois de novembre 1915, la brigade de fusiliers marins mise sous les ordres de l’amiral Ronarc’h,en manœuvre sur les frontières du nord de la France, est dissoute. Conservant aux Armées son drapeau à la fourragère, la décision est prise de garder sur le front, en décembre 1915, un bata...