Bison - Contre-torpilleur

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Arsenal de Lorient
Norvège large de Namsos
02 Mai 1940

Le Bison était un contre-torpilleur de la classe Guépard, 2eme d’une série de 6 unités (Guépard, Lion, Valmy, Verdun, Vauban).

Construit à l’arsenal de Lorient entre 1927 et 1930, il mesurait 128,50 m de long, 11,69 m de large et 4,70m de tirant d’eau pour un déplacement de 2700 t. Ces navires particulièrement fins et élégants, taillés pour la haute mer étaient parfaitement conçus pour leurs missions d’escorte, de protection et d’appui feu. D’une puissance de 64 000 cv, ces contre-torpilleurs étaient très rapides, le Bison avait atteint la vitesse record de 40 nœuds lors de ses essais.

Le Bison était doté d’une puissance de feu remarquable avec 5 pièces de 138 mm, 4 pièces anti-aériennes de 37 mm, 4 mitrailleuses de 20 mm (2x2), et 6 tubes lance-torpilles de 50 mm (3x2).

Le Bison est admis au service actif le 15 avril 1930 et affecté à Brest. Il sera tour à tour endivisionné à la 6e DCT (Division des Contre-Torpilleurs) en 1932, puis à la 4e DCT en 1933, à nouveau à la 6e DCT en 1934. En 1938 il effectue une croisière en Adriatique et au Moyen Orient.

Il semblerait, malgré toutes ses qualités que le Bison fût né sous une mauvaise étoile. En effet, lors de manœuvres dans le sud de Penmarc’h, dans la nuit du 7 au 8 février 1939, le croiseur léger Georges Leygues aborde brutalement le Bison sous un angle de 75° et à vitesse élevée. Le choc fut d’une violence extrême et le bilan tant humain que matériel très lourd. Sur le Bison on eut à déplorer la mort de 3 hommes d’équipage et la disparition de 15 autres, tandis que le navire se vit amputé sur une longueur de 30 m de l’étrave à l’aplomb de la passerelle. Il ne dût de rester à flot que grâce à la bonne tenue de la cloison étanche située au niveau de la passerelle. Ces manœuvres entre bâtiments de l’escadre bien que courantes étaient particulièrement dangereuses car exécutées à des vitesses élevées, et de surcroit cette fois ci, de nuit et dans une brume épaisse, autant dire que l’abordage était pratiquement inévitable.

A noter que cette tragique nuit du 7 février 1939, un jeune enseigne de vaisseau du Bison qui remplissait les fonctions de sous-chef d’Etat-Major de l’Amiral commandant la 6eme division de contre-torpilleurs, Honoré d’Estiennes d’Orves se distingua particulièrement en portant secours aux blessés jusque dans la partie avant du navire complètement anéantie, se blessant lui-même en écartant les tôles déchiquetées. L’EV d’Estiennes d’Orves allait devenir un peu plus tard un héros et martyr de la résistance française.

Le Bison fût néanmoins réparé - on peut même parler de reconstruction- en un temps record, par l’arsenal de Lorient du 25 février au 1er décembre 1939. Remis en service le Bison va reformer la 11e DCT avec le Milan et l’Epervier. A la fin de l’année 1939 il participe à des escortes de convois et est affecté à la force X à Dakar, fin décembre 1939 avec les croiseurs lourds Dupleix et Foch et les CT Milan et Cassard.

Au début avril 1940 le Bison était requis pour prendre part à la campagne de Norvège qui débutait.

L’expédition alliée, composée des forces anglaises, polonaises et françaises appelée « campagne de Norvège » se déroula du 9 avril au 10 juin 1940 et fut le 1er affrontement contre les troupes de l’Allemagne nazie. Cette opération d’envergure avait pour but de reprendre le contrôle, par les alliés, des principaux ports norvégiens par lesquels était acheminé le minerai de fer suédois à destination de l’Allemagne.

Le 12 avril 1940, la « force Z », placée sous le commandement de l’Amiral Derrien appareille de Brest dans un 1er temps pour rejoindre les ports du nord de l’Ecosse où elle doit faire la jonction avec les forces du Royaume Uni avant de cingler vers les côtes norvégiennes. Cette « force Z » est composée, principalement du croiseur Emile Bertin, qui sera relevé ensuite par le croiseur Montcalm, des contre-torpilleurs Bison, Tartu, Chevaler Paul, Maillé Brézé, Milan, Epervier, et des torpilleurs Brestois et Boulonnais. Plusieurs autres bâtiments sont affectés au transport des troupes françaises et polonaises et à l’acheminement du matériel.
Dans la nuit du 19 au 20 avril 1940 les troupes françaises débarquent à Namsos et s’emparent de la ville et de de ses alentours qui subissent alors un bombardement nourri et incessant par l’aviation allemande.
Mais la supériorité de la Lutwaffe, qui n’a pas d’opposition dans le ciel norvégien, oblige les troupes à rembarquer dès la fin avril, laissant Namsos en ruines et aux mains des allemands.

C’est au cours de ce repli, au large de Namsos, que le Bison est touché par une bombe de 300 kg qui traverse la passerelle, tuant sur le coup son commandant, le Capitaine de Vaisseau Bouan, et explose dans une soute à munitions, coupant le navire en deux. Le sort s’acharne donc une nouvelle fois sur le pauvre Bison qui bien que coupé en deux et en feu, continue à tirer sur l’ennemi, les hommes courageusement présents à leurs postes de combat. Mais l’incendie faisant rage, l’ordre est donné d’évacuer et les marins du Bison sont recueillis par les navires anglais dont le HMS Afridi, qui tragique ironie du sort sera coulé lui aussi par l’aviation ennemie. Certains marins du Bison seront donc naufragés pour la deuxième fois de la journée.

Le bilan humain est terrible : 130 marins du Bison manqueront à l’appel tandis que 60 autres seront blessés dont 10 grièvement sur un total de 264 hommes.

A noter que parmi ces doubles naufragés se trouvait un jeune enseigne de vaisseau du nom de Jean-René Lannuzel qui commençait une carrière mouvementée mais brillante car elle allait le conduire au poste suprême de chef d’Etat-Major de la marine avec le grade d’Amiral 5 étoiles.

L’Amiral Lannuzel est décédé en 1997 à Brest, sa ville natale
Le dernier survivant de ces doubles naufrages était Jacques Tilly qui nous a quittés en 2014. Les obsèques célébrées le 8 avril 2014 à Auterive (Haute Garonne) furent honorées de la présence de Mr le consul de Norvège à Toulouse, marquant ainsi la reconnaissance du royaume de Norvège envers les marins du Bison.

En 1983 le nom de Bouan est donné à un aviso de type A69, le  Commandant Bouan  qui est encore en activité à ce jour.

Robert Giraud qui était le commandant en second du Bison a aussi donné son nom à un aviso hydrographique qui a navigué de 1946 à 1977.

Et enfin le glorieux nom de Bison fût repris par un remorqueur côtier type Voith-Schneider de 2600 cv, basé à Toulon entre 1981 et 2023

Sources :

Dictionnaire des bâtiùents de la flotte 1870-2006
Jean-Michel Roche

Archives Ouest Eclair

Wikipedia

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