Valentin Marie Rageot de la Touche
est né le 19 avril 1858 à Toulon (Var (83))
Valentin Rageot de La Touche naît le 8 avril 1858 au foyer de Charles Rageot de la Touche, lieutenant de vaisseau et de Marie Antoinette Mège à Toulon (Var). Il perd son père en 1870 alors qu’il n’a que 12 ans. Le vice-amiral Guépratte le prend alors sous sa protection.
Il va suivre la même voie qu'eux et commence sa carrière dans la Marine nationale en 1875 à Toulon. Nommé aspirant le 5 octobre 1878, il est affecté, le 1er janvier 1879, sur le cuirassé "Revanche" qui appartient à l’escadre d’évolution.
Enseigne de vaisseau le 5 octobre 1880, il prend part, à bord de ce bâtiment, à l’expédition de Tunisie qui marque l’implantation de la France dans ce pays.
En 1883, il est à bord du croiseur "Tourville" de la division des mers de Chine. Second de la compagnie de débarquement, il effectue plusieurs opérations au Tonkin, qui ont pour but de poursuivre l’expansion coloniale française en Asie du Sud Est et de mettre fin aux attaques chinoises. Le 1er janvier 1885 il est affecté sur le transport " Ariège " du service des transports et promu lieutenant de vaisseau.1886 le retrouve en Indochine sur le transport "Mytho" pour combattre au Tonkin. L’expédition va s’achever par la mise sous tutelle du gouvernement impérial annamite et le retrait des Chinois qui renoncent à leur suzeraineté sur l’Annam.
En 1888, il achève avec succès sa formation d’officier canonnier et cette même année épouse Marie Ernestine Aube née en 1867. L’année suivante, il se passionne pour les expériences d’aérostation sur le cuirassé "Saint Louis" et acquiert le brevet d’aérostier en 1892. L’année précédente ses mérites ont été reconnus et, à 33 ans, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. En janvier 1897 il est "en corvée" à la direction des mouvements du port de Toulon, puis officier canonnier sur le cuirassé "Formidable". Cette même année, il a la joie d’accueillir à son foyer, le 1er juillet, son premier fils, André, joie de courte durée car il perd son épouse quelques jours plus tard.
Mais sa carrière de marin continue, de 1898 à 1900 il commande l’aviso à roue "Jouffroy" en Guyane où il rend de grands services lors de la délimitation de la frontière de ce territoire avec le Brésil.
Il rentre en France en 1901 et embarque sur le croiseur "Chauzy" bâtiment de l’escadre de Méditerranée. Puis il reste à terre au port de Toulon durant deux années. Promu capitaine de frégate le 3 avril 1903, il épouse le même mois Henriette Bougarel, âgée de 28 ans, qui lui donne un second fils, Frédéric. La famille gagne Brest où Valentin Rageot de la Touche est second sur le navire-école "Borda" de l’École navale. Mais le malheur frappe de nouveau à sa porte, Il perd son épouse le 7 février 1904 à Brest.
En 1906 il rejoint Toulon où il commande un groupe de bâtiments en réserve. En 1907, pour la troisième fois, il retourne en Indochine comme commandant de l’aviso "Manche".En 1909 il rentre en France et commande le croiseur "Chasseloup-Laubat", il épouse la même année la jeune veuve d’un lieutenant de vaisseau, Jeanne Marnata. Par décret du 11 juillet, il est fait officier de la Légion d’Honneur et officier d’Académie. Capitaine de vaisseau depuis 1910, il est affecté au port de Toulon où il commande le croiseur "Bruix".
Il embarque sur le vieux "Bouvet" en 1912 sans se douter que ce sera son dernier commandement. En effet la Première guerre mondiale éclate le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie d’abord, puis à la France. Très allant, plein d’entrain, Valentin Rageot de la Touche accueille avec enthousiasme la nouvelle de la déclaration de guerre car « sous son allure de doux philosophe se cache un combattant acharné. » Sur mer, en Méditerranée, une escadre française commandée par l’Amiral Guépratte est envoyée en décembre 1914 vers les Dardanelles où elle se joint à l’escadre britannique pour bloquer l’Adriatique. Le vieux bâtiment en fait partie avec les cuirassés "Gaulois", "Charlemagne" et "Suffren". En effet dès novembre 1914 la Turquie s’est rangée aux côtés des Empires Centraux. Le 25 février 1915, les bâtiments alliés bombardent les défenses turques du cap Hèles à l’entrée des détroits avec un certain succès. Alors une opération conjointe des alliés commence le 19 mars par une partie de l’escadre franco-anglaise. Mais les Turcs ont pu organiser la défense des deux côtés du détroit et miner ses eaux. Après un dragage des lieux, s’engage une attaque générale des forteresses par les cuirassés français le 18 mars 1915. Les forts ennemis sont pratiquement réduits au silence et au moment où les bâtiments anglais s’avancent pour assurer la relève, sans qu’aucun bruit ne soit entendu, face à Tchanak, le malheureux "Bouvet" heurte une mine, s’incline à 90° sur tribord puis coule en moins d’une minute entrainant dans la mort 639 marins sous les yeux horrifiés de l’équipage du "Suffren" où se trouve l’Amiral Guépratte. Malgré la mise à l’eau de chaloupes de sauvetage, seuls soixante-six marins sont sauvés, les Turcs tirant sans relâche contre les secours.
Valentin Rageot de la Touche qui incite les marins qu’il croise à sauter à la mer disparaît au cours du naufrage. Il reçoit la citation suivante : "Après avoir soutenu un combat très vif avec les batteries des côtes ennemies, a conservé le plus grand sang-froid lorsque son bâtiment a été touché par une mine. Est resté à son poste où il a trouvé une mort glorieuse."
Le 29 mars 1915, en l’église Saint-Louis de Brest, un service funèbre présidé par monseigneur Duparc, évêque de Quimper, est célébré pour les héros des morts aux Dardanelles auquel assistent les autorités civiles et militaires.
- Légion d'Honneur (off.)
- Croix de Guerre 14-18 avec palme(s)
- Médaille commémorative de la Grande Guerre
- Citation à l'Ordre de l'Armée de Mer
"Espace tradition " de l'Ecole navale.
"Marins à la bataille - Méditerranée 1914-1918" Paul Chack
Bouvet
Le "Bouvet", cuirassé construit à Lorient en 1892, est intégré pendant la guerre 1914-1918 dans l'escadre de l'amiral Guépratte.
En 1914, le cuirassé d'escadre "Bouvet"faisait partie de la division de l'amiral Guépratte, qui comprenait également les cuirassés "Charlemagne", "Gaulois" et "Suffren