Klein Familie - Palangrier
Klein Familie – palangrier - 2006 – Coulé par abordage dans le rail des Casquets le 5 janvier 2006 – 5 victimes
Le Klein Familie avait été construit en 1968 au chantier Daniel de Paimpol. Il avait été lancé sous le nom de Grain de Sel pour le compte d’Edouard et René Bourel. Immatriculé au quartier de Saint Brieuc (SB 221187), il mesurait 14,44 m de long, 5,10 m de large, avait un tirant d’eau de 1,80 m et jaugeait 22,10 tx. Armé pour le chalutage côtier et la coquille saint Jacques il possédait un moteur Baudouin DPM6 de 180 cv. Il passera ensuite au quartier de Paimpol pour devenir le Breiz Atao, et, en 1998 il sera racheté par Mme Ginette Goueslain. Rebaptisé Klein Familie, il sera repris par son fils Thierry en 2004, le patron au moment du naufrage. Basé à Tourlaville, près de Cherbourg, le Klein Familie pratiquait le métier des cordes comme on dit dans le Cotentin, c'est-à-dire la palangre de fond.
Le 05 janvier 2006, le Klein Familie, appareille de Cherbourg vers 04h15 du matin, avec ses six hommes d’équipage. Il fait une route à l’ouest-nord-ouest, qui coupe le rail montant des Casquets selon un angle de 30° environ.
Peu avant 08h00, le Klein Familie est heurté violemment. Il fait toujours nuit. Jean Michel Guéno le matelot rescapé racontera qu’il fut projeté de sa bannette, reçu des masses d’eau par le panneau et entendit un fatras de bruits métalliques. Il sortit du poste sans trop savoir comment. Il n’y avait plus que le toit de la timonerie visible, avec les antennes et le radeau de sauvetage. Il aperçut la masse d’un navire, probablement de couleur bleue, avec des tuyautages sur le pont. Il nagea vers la timonerie, sur laquelle était amarré le radeau de sauvetage, et tira une dizaine de mètres de la drisse de gonflage, mais dut abandonner, épuisé par le froid et le choc. Il vit le matelot qui était de surveillance sur le pont, agrippé à un ballon. Jean Michel Guéno essaya de s’en rapprocher à la nage, puis entendit le radeau percuter et se gonfler. Il nagea pour monter à son bord et dit à son camarade de le rejoindre. Ce dernier refusa par peur de couler, car il avait des bottes et pas de vêtement flottant. Le rescapé se remit à l’eau pour tenter de rejoindre son camarade à la nage, et finit par y renoncer, le ballon et le radeau dérivant en sens inverse. Il regagna le radeau à la nage et ne vit n’y entendit plus rien. Il récupéra une pagaie et une bouée couronne avec un feu à retournement. Le survivant rapporta qu’il y avait de la mer, avec une houle d’environ deux mètres. A 08h48, le navire de commerce Alblas signale un tir de fusée rouge; à 09h45, il récupère un naufragé dans un radeau de sauvetage, qui déclarera faire partie de l’équipage du Klein Familie. Aucun autre homme d’équipage ne sera retrouvé. L’épave du Klein Familie sera vite détectée par des fonds de 70 m environ et la visite de la coque par robot téléguidé ne laissera aucun doute sur les origines du naufrage, une collision avec un navire de fort tonnage étant certaine. Une exploration humaine de la coque ne permettra pas non plus de retrouver les corps des cinq marins disparus. Très vite les soupçons vont se porter sur un chimiquier battant pavillon maltais, le Sichem Pandora qui se trouvait dans le rail à cette heure. Il faudra plusieurs jours aux enquêteurs pour confirmer que la peinture verte détectée sur la coque du chimiquier est celle du Klein Familie.
Il va s’en suivre une bataille judiciaire où chaque partie va essayer de faire porter à l’autre la responsabilité de l’abordage. On mettra notamment en cause la faible signature radar du palangrier, et aussi sa route qui ne semblait pas assez perpendiculaire au rail. Mais ces éléments sont plutôt minimes par rapport au défaut de veille à la passerelle de l’abordeur et surtout ce qui s’apparente à un délit de fuite après la collision, délit qui classe ce navire dans la trop longue liste des voyous de la mer.
Ce drame a plongé dans la détresse cinq familles, faisant 4 veuves et 12 orphelins. L’équipage du Klein Familie était composé de: Thierry Goueslain (patron 36 ans), Olivier Brusa (mécanicien 34 ans), Franch Hérauville (34 ans) et son frère Ludovic, Frédéric Terpereau (18 ans).
Sources :
Sources : coupures de journaux : Le Télégramme de Brest. Ouest France – Le Marin
Rapport BEA Mer
bea-mer.developpement-durable.gouv.fr/
Photo : archives AFP