Lutin - Sous-marin côtier
Durant les premières années du siècle dernier, ce sont les deux sous-marins frères, le Farfadet et le Lutin de la série des quatre petits sous-marins de 200 tonnes environ en plongée, construits par l’arsenal de Rochefort, qui couleront, l’un le Farfadet, le 6 juillet 1905 dans le lac de Bizerte (Tunisie), relié à la mer par un étroit goulet, l’autre le Lutin, à environ 2 milles au nord-est de Bizerte quelque 15 mois plus tard, le 15 octobre 1906, faisant respectivement 14 et 16 victimes. Seuls, le commandant du Farfadet et deux membres de son équipage furent recueillis par un bateau accompagnateur, avant que le sous-marin ne sombre, du fait d’une entrée d’eau par le panneau du kiosque. Bien que ces bâtiments aient été tous deux renfloués après des manœuvres difficiles et malheureusement beaucoup trop longues, il ne fût pas possible de sauver les marins prisonniers à l’intérieur.
Le sous-marin Lutin, sister-ship du sous-marin Farfadet, a été construit par les Chantiers navals de Rochefort/sur mer d’après des plans de Gabriel Maugas. Commandé le 26 septembre 1899, lancé le 12 février 1903, il sera mis en service le 17 septembre 1903. C’était un submersible pour la défense côtière à coque unique en acier.
Ces caractéristiques étaient :
Longueur : 41,49 m
Maître-bau (sa plus grande larguer) : 2,90 m
Tirant d’eau : 2,68 m
Tonnages : 84,97 tonnes en surface, et 202,47 tonnes en plongée
Puissance : 600 cv (électrique)
Propulsion : 2 moteurs électriques Sautter-Harlé de 300 cv- 2 hélices à pales orientables
Vitesse : 6,10 nœuds en surface – 4,20 nœuds en plongée
Immersion : 35 m
Armement : 4 tubes lance-torpilles de 450 mm de diamètre.
Équipage : de 14 à 16 membres.
Circonstances de l’accident
Le 16 octobre 1906, le Lutin appareille de Sidi-Abdallah pour une sortie d’exercice. Arrivé à environ 2 milles au nord-est de Bizerte, il sombre accidentellement par suite de l’éclatement d’un ballast. Le remorqueur qui l’accompagne donne l’alerte. Des remorqueurs venus de Toulon, des bâtiments britanniques et un navire de sauvetage danois et ses scaphandriers seront dépêchés sur les lieux, mais les conditions de la mer difficiles ne permettront pas le dragage de la zone du naufrage. Finalement une drague touchera l’épave qui sera ainsi localisée.
Le 23 octobre 1906, après 7 tentatives, l’épave du Lutin sera arrimée sous un dock flottant, comme le fut le Farfadet et sera transportée dans un bassin. Les cadavres des 16 membres de l’équipage seront alors extraits de la coque le 27 octobre 1906.
Le monument dédié aux victimes
Le monument édifié à la mémoire des marins décédés à bord du Farfadet et du Lutin, à Ferryville (aujourd’hui Menzel-Bourguiba, ville de Tunisie sur le lac de Bizerte), fut ramené en France en août 1962 et installé à la base sous-marine de Kéroman à Lorient. L’État Major de la Marine nationale donnait son accord en 1969 pour que ce monument soit implanté à Moureux, ville des Pyrénées Atlantiques, suite à la demande d’une association de cette ville regroupant des anciens marins et ouvriers de l’arsenal ayant servi à Bizerte.
Liste des victimes
- Olivier Charles Antoine, matelot torpilleur breveté
- Henri Bardane, quartier-maître mécanicien
- François Bellec, matelot torpilleur breveté
- François Bourges, second maître torpilleur
- Gustave Clairet, quartier-maître mécanicien
- Noël Donval, quartier-maître torpilleur
- Louis Dufau, matelot torpilleur breveté
- Oscar Fépoux, lieutenant de vaisseau
- Eugène Fortain, quartier-maître mécanicien
- Fortuné Guezel, quartier-maître mécanicien
- Eugène Maingault, quartier-maître torpilleur
- Jean-Baptiste Millot, enseigne de vaisseau
- Pierre Montsarrat, quartier-maître mécanicien
- Jean Yves Nicolas, second maître mécanicien
- Louis Ollivier, quartier-maître torpilleur
- Louis Sicher, quartier-maître mécanicien.
Sources :
Sources :
- ouvrage « Accidents des sous-marins français 1945/1983» de Georges Kévorkian, publié par Marines éditions en 2006.