Patron Jack Morisseau - Canot SNSM
Depuis la veille, une énorme tempête, faisait rage sur les côtes atlantiques en ce vendredi 7 juin 2019. Particulièrement violente sur les côtes vendéennes, charentaises et aquitaines, la tempête « Miguel » n’avait pas empêché un petit bateau de pêche des Sables d’Olonne, le Carrera de prendre la mer, avec un seul marin à bord, un patron pêcheur retraité qui pêchait la crevette aux abords du port des Sables. Très vite le Carrera va se trouver en difficulté et activer sa balise de détresse. L’alerte, par l’intermédiaire du CROSS Etel est donnée et le canot tous temps de la station des Sables d’Olonne, Patron Jack Morisseau prend aussitôt la mer et se porte au secours du Carrera qui a disparu à la vue. Le Patron Jack Morisseau était un canot tous temps, insubmersible et auto-redressable. Il avait été construit en 1986, au chantier Bernard de Locmiquelic (56). Ses caractéristiques étaient : longueur : 17,60 m – largeur : 4,44 m – tirant d’eau : 1,30 m – propulsion : 2 moteurs de 380 ch – vitesse max: 20 nœuds – autonomie 450 milles à 14 nds. La station des Sables d’Olonne venait d’être dotée d’un nouveau canot, le Jacques Joly, mais ce dernier était en arrêt technique ce vendredi 7 juin, il avait été remplacé par le vaillant Patron Jack Morisseau qui était tout à fait apte à assumer ce remplacement. L’équipage, en temps normal se compose de huit hommes : un patron, un sous-patron, un radio, un mécanicien, et quatre canotiers, ce jour-là ils sont partis à sept, pour hélas ne plus revenir pour trois d’entre-eux. Peu après la sortie du port, alors que le Patron Jack Morisseau manoeuvrait pour à la fois rechercher le Carrera et essayer malgré tout de se protéger de la fureur des éléments, une vague a défoncé les vitres de la passerelle, provoquant une entrée d’eau massive dans le poste de pilotage. Immédiatement les moteurs ont stoppé rendant le canot inopérant, une gîte importante s’est créée et le canot a chaviré, quatre des canotiers ont été littéralement éjectés du bord. Les trois autres canotiers se sont trouvés plaqués au plafond du poste de pilotage, leurs brassières de sauvetage s’étant gonflées automatiquement, ils n’ont pu s’échapper du canot. Par chance, si l’on peut dire, le canot se trouvait assez proche du rivage, ce qui a permis aux quatre canotiers projetés à la mer de se laisser porter vers la côte où ils ont été secourus par les gens accourus sur la plage. Le Patron Jack Morisseau, après avoir fait quelques tours sur lui-même finira par venir se fracasser à la côte.
Le bilan est lourd : 1 disparu, le patron du Carrera et 3 morts chez les sauveteurs de la SNSM : Yan Chagnolleau 54 ans, le patron, Alain Guibert 51 ans, le sous-patron et Dimitri Moulic 37 ans, le mécanicien. La station des Sables d’Olonne va se trouver pour très longtemps profondément meurtrie par ce drame, et avec elle tous les sauveteurs bénévoles de France qui vont se sentir, plus que jamais solidaires de leurs camarades sablais. Le naufrage du canot des Sables a fait ressurgir le drame de l’Aber Wrac’h en 1986 et une fois encore la ferveur nationale envers nos sauveteurs bénévoles va, très fortement se manifester. Souhaitons simplement que cette ferveur se traduise durablement, en haut lieu, par des actions concrètes au profit de la SNSM, ce serait le plus bel hommage à rendre à ces trois marins d’exception qui ont payé de leur vie leur courage et leur sens du devoir ce vendredi 7 juin 2019.
Le canot des Sables d’Olonne portait le nom d’un courageux sauveteur, Jack Morisseau, qui lui aussi avait donné sa vie le 23 décembre 1967 en se portant, avec un autre camarade sauveteur, au secours d’un bateau de pêche de Croix de Vie. Tragiques histoires pour la station des Sables d’Olonne, ces deux drames de 1967 et de 2019 sont aussi similaires dans leurs déroulements que malheureuses dans leurs dénouements.